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Abderrahmane Laghouati
PORTRAIT…
Publié dans Liberté le 09 - 05 - 2010

Il est mort seul. Avec son chat. Et le chat n'était vraiment pas content de ce tête-à-tête avec un maître grabataire se nourrissant, malgré lui, de solitude. Le chat ne comprenait pas cette ingratitude. Quoi, dans l'Algérie d'aujourd'hui, on peut mourir comme un chat ? Oui, ses enfants vivants à l'étranger, Abderrahmane Laghouati est mort sans famille. Sans amis. Même pour le lavage mortuaire, on ne trouva personne. C'était jour de finale de la Coupe d'Algérie et tout le monde avait la tête au football. Il n'y avait pas de place pour la mort aux dents pourries, ni pour les morts. Tant pis pour eux. Il n'avait qu'à ne pas mourir ce jour, Abderrahmane Laghouati. C'est Abdou, son voisin, qui avait le culte de la fidélité et du respect des vrais héros qui apprit le premier son décès. Il ameuta tout le monde. Lui aussi se heurta à la finale. Tous les téléphones sonnaient dans le vide quand ils n'étaient pas fermés. Il s'indigna au point qu'il crut son heure venue. Il ne comprenait pas comment un homme de l'envergure d'Abderrahmane Laghouati meurt seul dans l'indifférence générale. Au faite de sa gloire, Laghouati était un homme très entouré. Très recherché. Ses courtisans étaient si nombreux qu'ils auraient rempli le cimetière El-Alia où il a été enterré en catimini. On lui refusa le Carré des martyrs. Ses compagnons haussèrent le ton pour qu'on permette au défunt de reposer aux côtés de ses amis les autres martyrs qui connaissent, eux, sa valeur, son apport à la Révolution. Il n'y avait que 5 personnes, pas un de plus, qui ont accompagné sa dépouille. Dont 3 ministres, ex-compagnons au MALG. Les autres, ceux qui se bousculaient pour le voir naguère ? Disparus, depuis longtemps, volatilisés ces obligés ; ils l'ont oublié dès son départ en retraite. Celui qui fut l'adjoint du redouté Boussouf, patron du redoutable MALG, cet homme de l'ombre donc, est mort dans l'ombre. La vraie, celle qu'on ne cherche pas et qui nous relègue loin des feux chatoyants du pouvoir. Militant de la première heure, premier patron de la Radio-Télévision algérienne (RTA) qu'il a su façonner de ses mains d'ingénieur pour qu'elle ne coule pas après le départ des techniciens et fonctionnaires français, Laghouati avait le sens du détail et de la rigueur. Il réussit l'exploit d'effectuer le premier enregistrement sonore de l'hymne national, Kassamane. Ceux qui le connaissent ont été étonnés de le voir si ému qu'il n'a pu retenir ses larmes. Ils le pensaient, comme tous les anciens combattants, fait de fer et de feu donc impassibles et insensibles. Erreur. Ne savent-ils pas que les vrais durs sont les plus sensibles. Ils ferment l'armure. Voilà tout. Les anciens du MALG, voyez-vous, sont de grands sentimentaux dont le cœur n'est plein que d'un seul amour : celui du pays. Laghouati avait une belle villa à El-Biar. Une villa vide. Donc pas belle. Elle n'était remplie que des miaulements de son chat. Et c'est ce chat qui fut le dernier témoin d'un homme discret, silencieux n'aimant rien moins que l'ombre. Finalement Laghouati a eu la mort qu'il souhaitait peut être : mourir comme il a vécu : loin des tumultes de la foule, des pleureuses. Abdou son voisin, n'en revient toujours pas : “Comment peut-on mourir seul alors qu'on connaît tant de personnes ?” Abdou ne sait pas que, quoi qu'on dise, On naît seul, on vit seul et on meurt seul. Certains sont visibles. D'autres pas. Voilà la seule différence. Tout le reste n'est qu'écume.
H. G.
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