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C'est la guerre contre les hors-la-loi
Avec les GGF des postes avancés aux frontières Est
Publié dans Liberté le 16 - 05 - 2010

À deux kilomètres de la sortie ouest de Tébessa, nous entamons la route vers Al-Aouinet, à 80 km de la capitale de la contrebande de l'extrême Est algérien. Tout saute aux yeux dès que nous dépassons Morsott. La chaîne montagneuse des Aurès Nemamcha nous entoure, nous accompagne et nous guide droit vers Djebel Tabla, la table irlandaise surplombant les postes avancés des gardes-frontières depuis les hameaux de Tunisie. Ici, la terre est dédiée au cheptel. Point de culture spécifique, les propriétaires préfèrent l'exode vers les villes, d'autres s'investissent dans le trafic du carburant et de toutes sortes de produits “exportables”. À gauche, la première ligne ferroviaire électrifiée en Algérie depuis plus de 50 ans, à droite les plaines steppiques, ces terres sont “peuplées” de dizaines de milliers de cheptels. À peine après les Grands Moulins de Tébessa, récemment remis en activité après des années d'inertie, nous butons sur un BSR (brigade de sécurité routière), un point de fouille improvisé comme d'autres points d'observation invisibles. À l'horizon, un épais nuage trompeur qui n'annonce pas d'orage, mais qui plante un autre décor derrière un pic semblable au Hoggar du Tassili. Nous bifurquons sur Ouenza, un semblant de ville où tout est délocalisé à cause de sa proximité avec le chemin de fer. Nous arrivons au 14e groupement des gardes-frontières où nous accédons aux zones souveraines.
Forte de deux groupements de GGF, Tébessa est entourée de tous les rapaces. Tout se passe la nuit. Calme, à première vue, un silence éphémère, remarque-t-on, cette zone frontalière connaît une énorme pression dès que les trafiquants s'agglutinent pour développer des profils atypiques qui pèsent sur la composante des populations frontalières. Nous foulons Aïn Chania gare, où le train ne siffle pas depuis la grève des cheminots, nous dépassons un camion-citerne qui vient approvisionner deux stations-service de Ouenza. Situées à un jet de pierre l'une de l'autre, ces stations attendent le carburant, les automobilistes aussi, pour la majorité des trafiquants. Mais qui pourrait le prouver ? Ici, on joue au chat et à la souris, accompagnés du 142e escadron du GGF, tous équipés de matériel du maintien de l'ordre pour faire face à la résistance des contrebandiers qui n'obtempèrent guère aux sommations des sentinelles. Du coup, le facteur anticipation prend le dessus pour également parer aux routes barrées, aux jets de pierres, des méthodes agressives qui relèvent du chantage des populations attenantes aux bandes frontalières pour libérer le fraudeur, même si ce dernier est étranger à la région. Et c'est là que l'audace et l'insolite s'associent pour donner lieu à un mélange contre nature au vu des dangereux profils des émeutiers et des hors-la-loi. “Il suffit d'une simple saisie et d'un simple contact téléphonique pour que l'émeute se déclenche”, nous explique-t-on. L'opérateur Tunisiana, annonce la bienvenue en Tunisie, nous tombons nez à nez avec un contrebandier, un halaba, à bord d'une Renault 25. Pris de panique, il fait demi-tour et détale comme un lapin, sur la route menant vers Al-Merahma et Sidi Salah. Sur les anciennes pistes, récemment revêtues dans le cadre d'un plan national entrepris par les travaux publics pour désenclaver les villages situés aux frontières, les GGF, invisibles, guettent tout mouvement suspect de par et d'autre des postes-frontières algéro-tunisiens. Seul Oued Alayeg sépare ces populations qui partagent une complicité sous-entendue, au regard des forces de l'ordre, mais directe à la tombée de la nuit. Sur cette zone sensible à bien des égards, des patrouilles héliportées s'effectuent inopinément et, dans le cas échéant, les hélicoptères interviennent pour appuyer les troupes en opération pour débusquer les caches et les circuits caillouteux et impénétrables pédestrement ou par moyen de locomotion. La densité des populations augmente au fur et à mesure que nous avançons sur la piste qui sépare les deux pays. Le commun des mortels s'interrogerait de quoi se nourrissent les âmes qui hantent ces zones où seuls les valeureux GGF maîtrisent la double notion d'espace et de temps. Mais surtout de quoi sont faites les longues journées des bambins qui ne vont pas à l'école, car sacrifiés par la bêtise humaine qui s'investit dans le gain facile ? Des images qui suggèrent dans quelles conditions opèrent les GGF pour traquer les fraudeurs.
Le “roue à roue”, Internet,
les GGF et Al-Haras Etounsi
Ici, la notion de “frontières passoires” n'a pas droit de cité. Et tous les palliatifs auxquels recourent les halabas et autres trafiquants sont diagnostiqués par les GGF, dont notamment l'usage des bêtes de somme, le transbordement des marchandises et les caches. Là-aussi, on nous révèle que les contrebandiers, y compris les illettrés recourent à Internet pour entrer en contact avec leurs “partenaires”. Il y a même des trafiquants qui s'équipent de micro-ordinateurs portables et de clés Internet pour surfer dans la discrétion. Autrement dit, autant la lutte contre le crime transfrontalier se modernise, autant les criminels recourent, eux aussi, aux nouvelles technologies. La fin justifie les moyens, on prépare le jour pour sévir la nuit. Le tout est synchronisé par des réseaux organisés, selon un zonage propre à chaque gang. Chacun sa rive, les gardes-frontières algériens et Al-Haras Etounsi se “juxtaposent”. Opposés par un bornage, les postes avancés se confondent, mais séparés par Oued Al-Alayeg. À Hanchir Zeroual, un petit douar frontalier situé à 100 mètres de la Tunisie et à 2 km de la RN82, les villageois scrutent le mouvement des GGF. Aux côtés d'une école au taux d'occupation loin de répondre aux normes nationales, se greffent des habitations de fortune, mais aussi des bicoques bâties en terre, à l'ancienne. Au poste avancé de Souifir, nous tombons sur une saisie de carburant acheminé à bord d'une Peugeot 505-STI, un véhicule sans numéro de châssis et sans plaque d'immatriculation. Et ce sont 180 litres d'essence abandonnés par les contrebandiers à la vue des gendarmes et 20 jerrycans vides, envoyés depuis la Tunisie pour les besoins d'approvisionnement. C'est dans ces sévères reliefs que les GGF veillent au grain, de jour comme de nuit, et pourchassent les trafiquants des deux rives, notamment ceux qui excellent dans l'acheminement quotidien du carburant. À peine éloignés de la bande frontalière, et à quelques encablures de la RN82, une station-service affiche une “mine sèche”. Nous sommes à Al-Meridj, plus exactement au 144e escadron des GGF. Dans cette zone hautement surveillée, les contrebandiers venaient d'abandonner 147 000 sachets d'emballage de tabac à priser et contrefaits dans une fabrique en Tunisie. Près de 80 000 sachets portent l'effigie de la SNTA et le reste la marque d'une société privée. Dernière image avant de quitter Al-Aouinet, une pompe à essence ancienne, renouvelée, érigée à même le trottoir. Comme quoi, le trafic de carburant recèle des secrets que seuls les cerveaux des halabas peuvent en expliquer les desseins.
Des saisies astronomiques et croissantes
Le 14e GGF déploie ses troupes et s'attelle davantage à occuper le terrain, foncièrement hostile, au vu des données sans cesse en évolution. De janvier à fin avril dernier, ce sont 130 opérations qui ont été menées avec succès. Avec un taux de plus de 1 040 embuscades, 1 939 patrouilles et 43 barrages, les sentinelles de l'extrême est de Tébessa ont exécuté 3 006 missions à travers les postes avancés où une guerre frontale est quotidiennement menée contre les trafiquants qui usent de stratagèmes brutaux pour arriver à leur fin. Une augmentation de 300% de l'activité, notamment le renseignement et les opérations. Et si les arrestations sont infinitésimales, c'est par- ce que le procédé veut que les fraudeurs abandonnent tout pour prendre la fuite, car ils encourent des peines d'emprisonnement lourdes. Autrefois, ils payaient des amendes forfaitaires sans être inquiétés. La loi durcie, les contrebandiers ne prennent plus de risques, préférant s'éclipser et le cas échéant s'opposer par l'affrontement et l'émeute pour se faire libérer. Du reste, les saisies sont astronomiques durant la même période: près de 30 000 litres de carburant, 18 véhicules, 147 000 sachets d'emballages pour le tabac à priser, 960 kg de pâtes alimentaires, soit une croissance vertigineuse de 2 000%, mais aussi de quantités importantes de laine et de cheptels. Sur les axes routiers de Sefsaf, Nefadh Al-Hanouf et d'autres pistes limitrophes aux frontières, les saisies opérées ont connu une augmentation sensible, notamment due au travail de terrain du 14e GGF qui fait de la lutte contre la contrebande un axe prioritaire au quotidien. C'est que des moyens modernes, déployés par le commandement de la Gendarmerie nationale, ont tous été mis à contribution pour aller de l'avant. Pour preuve, les saisies ont connu un taux de croissance de 1 000 à 2 000% sur cette bande où plusieurs nouveaux postes sont installés pour assurer un maillage sécuritaire maximal. “Il faut savoir que le phénomène de la contrebande prend une tout autre tendance. Des produits autrefois épargnés par les réseaux criminels sont de plus en plus touchés. Les produits de niche, notamment ceux soutenus par l'Etat, comme les produits alimentaires, sont convoités par les contrebandiers. On remarquera, en revanche et parallèlement à ce qui précède, une nette croissance dans les saisies. Cet objectif n'a pas été le fruit du hasard. Nous avons multiplié les moyens et augmenté les effectifs formés”, nous dit-on encore comme pour mettre en exergue la nouvelle approche de cette lutte. Lieu de pression par excellence, la bande frontalière constitue un enjeu majeur pour les uns, les contrebandiers, et une zone souveraine pour les autres, les GGF, ces hommes aguerris aux méandres des montagnes des Aurès des Nemamcha. On aura tout vu, même les traces des halabas qui laissent, malgré eux, leurs empreintes sur ces sentiers hostiles. Et même senti l'odeur du mazout et de l'essence, deux “carburants” pour lesquels les fraudeurs exposent leurs vies, mais aussi exposent l'économie locale et nationale au chaos.


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