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“Nous avons peur de retomber dans la dictature”
Me Fethi Mouldi (juriste) à Liberté
Publié dans Liberté le 02 - 02 - 2011

Me Fethi Mouldi est un avocat tunisien qui enseigne à l'université de droit et des sciences politiques de Tunis. Connu pour ses nombreuses émissions télévisées et ses écrits dans la presse, il a été proposé, à plusieurs reprises, pour occuper un portefeuille ministériel, mais lui a préféré se consacrer à ses amours de toujours : ses étudiants, ses téléspectateurs et les barreaux.
Il nous reçoit dans son bureau à Tunis et dissèque la Révolution du 14 janvier, tout comme il livre sa vision des enjeux en cours pour décider du devenir de la Tunisie.
Liberté : Me Mouldi, quelle lecture faites-vous de la révolte du peuple tunisien ?
Me Fethi Mouldi : La Révolution du peuple tunisien était inattendue. C'était une surprise pour toutes les élites politiques. Une surprise à l'intérieur et à l'étranger. On ne pouvait pas s'attendre à ce que la colère du peuple tunisien puisse aller jusqu'à destituer le président de la République. Certes, il y avait des signes précurseurs du mécontentement populaire, surtout dans le Sud d'où est partie la Révolution. Il y avait un déséquilibre régional flagrant. Il y avait des régions où il faisait bon vivre et d'autres complètement exclues. Il y avait un sentiment d'injustice, d'exclusion, d'oubli. Mais même dans les régions aisées, les gens commençaient à sentir le vol, l'appropriation des biens publics et particuliers. C'était incroyable à quel point le phénomène avait dépassé toutes les limites de l'entendement. Donc, tous ceux qui se sentaient opprimés, qui en avaient gros sur le cœur, avaient un seul mot d'ordre : pour la chute du dictateur et de la dictature.
Mais la révolution échappe aux chapelles politiques, en apparence. Comment expliquez-vous cela ?
Le peuple tunisien découvre la démocratie, la liberté, la divergence des points de vue. C'est vrai, on assiste, présentement, à des règlements de comptes étroits, pour des raisons politiciennes, comme si les élites tunisiennes étaient nées le 14 janvier. Chacun a oublié son rôle dans le passé. C'est ce que j'appelle : “Silence par omission, ou par commission.” Tout le monde veut se refaire une virginité. Tous sont devenus des héros. Mais le peuple tunisien n'est pas dupe et il refuse cela. Il refuse une dictature avec un nouvel habit. Le peuple veut une rupture avec les symboles du passé. C'est pourquoi il réclame le départ des membres du gouvernement qui faisaient partie de l'ancien régime. Le peuple demande des technocrates. Les partis, eux, doivent se préparer pour les élections présidentielle et législatives. Mais il ne faut pas tomber dans la démagogie de ceux qui réclament que les manifestants soient au gouvernement. La gestion d'un gouvernement exige des gens ayant des compétences et la connaissance des rouages de l'Etat. J'estime que toutes les positions contradictoires émises ces derniers jours sont bénéfiques au peuple tunisien qui découvre ce que veut dire la liberté. Cependant, il ne faut pas tomber dans l'anarchie. Il faut un minimum de raison. Après la passion, place à la raison. Il faut permettre au gouvernement provisoire d'entamer son travail pour que l'économie se remette en marche.
Le mandat d'amener lancé contre le président Ben Ali comporte des chefs d'accusation qui ne risquent pas de lui poser de gros problèmes, dans la mesure où il risque, à tout casser, deux ans de prison. Pourquoi a-t-on choisi le seul motif de détournement à votre avis ?
C'est une procédure incontournable. La justice doit bouger pour protéger les acquis du pays et restituer ce qui a été détourné. C'est la seule procédure judiciaire possible. Le peuple tunisien le veut. Cela atténuera sa colère. Le clan Ben Ali-Trabelsi est poursuivi pour quatre crimes : complot contre la sécurité de l'Etat. C'est le cas de Seriati et son groupe de la Garde présidentielle, pris en flagrant délit. Ce sont sept personnes au total qui ont été arrêtées dans cette affaire. C'est vrai, le peuple aurait aimé que Ben Ali soit poursuivi pour le même chef d'inculpation. Or, du jugement de Seriati et son groupe dépendra la suite. Si Seriati et son groupe affirment qu'ils avaient agi sur ordre de Ben Ali, ce dernier sera poursuivi pour crime contre la sécurité de l'Etat. S'ils disent qu'il était au courant, il sera poursuivi pour complicité. Donc, pour le moment, ce sont des chefs d'inculpation préliminaires.
Pensez-vous que la justice tunisienne soit débarrassée des vieux réflexes ? Qu'elle soit en mesure de juger les anciens dirigeants du pays ?
Parmi les acquis de la Révolution, la réinstallation de l'association tunisienne des magistrats. Une institution élue et composée de juges indépendants. Elle était exclue par l'ancien régime. Donc, la justice a repris son indépendance. Les juges veulent assainir leur profession. Certains juges connus pour avoir été des exécutants de l'ancien régime ont été exclus. Tous les regards sont braqués les juges en ce moment. Je ne pense pas, un seul instant, que cet acquis soit remis en cause. Je suis convaincu que la justice est devenue indépendante et va gérer ces dossiers avec indépendance et professionnalisme, surtout qu'elle était l'une des sources de l'injustice endurée par le peuple tunisien.
Parlons de l'avenir de la Tunisie de l'après-Ben Ali, comment le voyez-vous ?
Il y a six lois qui sont prioritaires. La commission de réforme politique va proposer un projet d'avenir du système politique en Tunisie. Plusieurs lois seront révisées, à commencer par la Constitution, la loi électorale, la loi sur les partis, la loi sur les associations… C'est aux partis politiques d'en décider. C'est un grand chantier. C'est pourquoi on ne respecte pas les délais constitutionnels de 60 jours. Ira-t-on vers un régime présidentiel, ou un régime parlementaire ? Il faut trouver le bon équilibre, ne plus retomber dans la dictature d'un seul président ; nous avons peur de retomber dans la dictature. Il y a l'idée d'un référendum pour la révision constitutionnelle. Mais cela risque d'ouvrir la porte à l'inconnu. Le peuple tunisien n'est pas assez mûr. La loi la plus urgente à réformer est la loi électorale, pour permettre l'élection d'un nouveau président et d'un nouveau Parlement. Ces derniers vont proposer une nouvelle Constitution et de nouvelles lois. C'est la voie la plus sage.
Mais quel modèle vous semble proche du cas tunisien ? Est-ce que vous pensez au modèle turc ?
Ce qui est sûr, c'est que nous ne retomberons plus dans la dictature. Il n'y aura plus de démocratie de façade. Ce sera plus proche du modèle turc. Mais, au fond de moi, j'espère que ce sera un modèle tunisien, unique dans le monde arabe. Ce qui se passe en Tunisie ne s'est jamais passé : chute d'un dictateur sans armes. Ce n'est pas une rébellion, mais une révolte populaire soutenue par l'armée. Je souhaite que cette Intifadha accouche d'un système politique unique, démocratique, regroupant toutes les sensibilités.
Qui voyez-vous comme probable futur président de la Tunisie ?
Aujourd'hui, je ne vois personne. On n'avait pas de vie politique. Le peuple découvre de nouvelles têtes. Ce sera selon les programmes des candidats. La personnalisation a été catastrophique pour la Tunisie. Ceux qui ont annoncé leur candidature dès les trois premiers jours de la révolte ont manqué de respect au peuple tunisien qui n'avait pas encore pansé ses blessures. Evidemment, il y a un grand brouillard qui enveloppe la situation politique en Tunisie actuellement. Notre rêve est que ce brouillard se dissipe rapidement. Je ne peux pas prédire de quoi sera fait demain, je rêve que le peuple tunisien, qui a attendu plus de 50 ans, fasse preuve d'un peu de patience, pour parvenir à l'issue rêvée. Que la contestation cesse.


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