Tout comme Ben Ali, il a fait des concessions allant jusqu'à démissionner de la tête du Parti national démocrate (PND), le parti au pouvoir et retirer son projet de se faire remplacer par son rejeton à la tête de l'Egypte. Trop tard et les Egyptiens sont allés jusqu'au bout de leur revendication. Lui qui s'était pensé le dernier pharaon, achève sa vie dans la poubelle de l'histoire. Rapide portait du dictateur d'une civilisation vieille de 7 000 ans. Hosni Moubarak est la caricature même des dictatures contemporaines arabes soutenues et alimentées par les puissances occidentales. En contrepartie de soi-disant lutte contre les intégrismes, ces présidents ont cadenassé leur société selon des méthodes qui relèvent de la Cour pénale internationale, et mis à sac leur pays. Lâché par son armée, Moubarak qui croyait pouvoir compter sur ses militaires, dont les gradés sont les privilégiés de la République, est tombé lui aussi comme un fruit mûr. Mohammed Hosni Moubarak est né le 4 mai 1928 dans une localité du delta du Nil à Kafr El-Meselha et toute sa vie se confond avec l'armée à qui il doit son règne de 30 années. En 1950, il entame sa carrière de militaire au sein de l'Académie militaire du Caire où il se liera avec Anouar Sadate qui succédera à Nasser, le père du coup d'Etat des “jeunes officiers” en 1952. Moubarak est général de l'armée de terre, il joue un rôle dans la guerre d'Octobre 1973 (guerre du Kippour). Fait d'armes dont il s'est paré tout au long de ses 18 journées de bras de fer avec les manifestants de la place Tahrir. Auparavant, à en croire des historiens, il aurait participé aux côtés des Algériens contre l'invasion marocaine en 1963 (la guerre des sables entre le Maroc et l'Algérie) il aurait été capturé par les Marocains à la suite de la chute de son avion militaire dans le désert marocain. Et puis, c'est la voie lactée pour lui : après 1973, il fut ministre des Affaires militaires, deux années plus tard, vice-président de la République et, en 1978, il est choisi comme vice-président du Parti national démocratique (PND). Sadate l'aurait désigné à ses côtés parce que, disait-on, il n'était pas le plus brillant parmi ses pairs militaires. Lorsque Sadate est assassiné par des islamistes qui lui ont reproché sa trahison en signant la paix avec Israël à Camp David (Etats-Unis), Moubarak, son dauphin désigné, prend sa place. Il se présente à l'élection présidentielle, la remporte en tant que candidat unique en octobre 1981 et prend la tête du Parti national démocratique qu'il transforme en sa machine à voter. Moubarak, réélu successivement en 1987, 1993 et 1999, remporte la première élection pluraliste le vendredi 9 septembre 2005. La validité de cette dernière élection a été discutable, sachant qu'aucun autre concurrent ne s'est présenté, de peur de représailles. Les élections à la mode Moubarak n'avaient pour fonction que d'entériner le régime de parti unique, la dictature. Bien que la popularité de Moubarak ait augmenté avec le temps et que son rôle de leader du monde arabe se soit solidifié dans les années 1980 et 1990, il perdait graduellement le soutien populaire égyptien à partir du milieu des années 1990, lorsqu'il s'était mis à réprimer à tour de bras, sous prétexte qu'il était le garant de la stabilité et le rempart contre l'extrémisme islamiste. Les assistances américaine et européenne lui ont permis de tenir le coup jusqu'au 25 janvier dernier. Moubarak était devenu la pièce stratégique dans le puzzle américain dans la région, l'intercesseur de la politique israélienne auprès de la Ligue arabe et des Palestiniens. En fait, depuis 2005, la baraka de Moubarak n'opérait plus au sein des populations égyptiennes dont il a encouragé la réislamisation par le bas dans l'espoir de garder son prestige. Son nouveau gouvernement, rajeuni sous le conseil de son fils Gamal, n'est pas perçu positivement et les conditions économiques du pays ne s'améliorent pas. Sa politique largement impopulaire et de surcroît répressive lui attire, outre la condamnation de milieux religieux, musulmans et coptes, celles des classes populaires puis des classes moyennes lassées par la corruption systématique de son régime et ses ambitions de fonder une république dynastique en préparant son fils à lui succéder. Sa chute de popularité s'accélère avec la mise en lumière de la corruption de son fils Alaâ, lors d'affaires de marchés publics et de privatisations. Un quotidien britannique révèle en janvier 2011 que la fortune des Moubarak s'élève à plus de 50 milliards de dollars ! Mais le festin se termine toujours en queue de poisson, comme on en a eu la preuve ces derniers temps. À qui le tour ?