Motus et bouche cousue m'a conseillé, gentiment, un correspondant anonyme qui n'aurait pas du tout apprécié mon parti pris favorable à la JSK. J'ai beau lui expliquer que j'étais un fan du Mouloudia d'Alger autant qu'irascible enfant de la Casbah éternelle, mais rien n'y fit. Je ne pouvais quand même pas passer sous silence un jeu de massacre qui n'était pas sans me rappeler une triste période. Comment expliquer, lui dis-je, le fait que le grand club kabyle et le Mouloudia de tous les espoirs se retrouvent victimes, malgré eux, de situations à tout le moins anachroniques ? En guise de réponse, il m'apprit que le club cher à Moh-Chérif Hannachi autant que celui cher à l'Emir Khaled n'avaient fait que payer le prix de la tentation. Il s'en lavait même les mains puisque, de son point de vue, c'est le vent qui apporta la violence verbale, comme dans Finyé, le film du cinéaste malien Souleïmane Cissé. Que la barque se brise, que la jonque s'entrouvre, me dis-je en mon for intérieur, croyant plus en les anges du bonheur qu'en des apprentis sorciers qui prennent leur revanche le temps d'une gestion dogmatique et sclérosée du football national. Heureusement que ma voyante préférée de Fès est arrivée à temps pour me donner le courage de raccrocher au nez du quidam, tout en lui balançant un ciao pantin, lourd de sens… Belle et zen, elle était là, confortablement assise, et rêvant déjà à d'hypothétiques liaisons dangereuses. Je ne peux que la comprendre, car il faut vraiment qu'elle couve un amour pas comme les autres pour se permettre le luxe de snober le roi du Maroc Mohammed VI et son annonce mercredi soir d'une réforme de la Constitution devant renforcer l'indépendance de la justice, le rôle des partis politiques et la “régionalisation”. À ma place mon ami Anouar Benmalek aurait été comblé. Bien qu'elle ne fasse pas partie des Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, ma voyante préférée de Fès était, le 20 février dernier, parmi des milliers de Marocains à être descendus dans les rues pour réclamer des réformes politiques. Viens chez moi, je suis descendue chez une copine, me susurra-t-elle ! Ma réponse fut des plus fulgurantes : la famille c'est sacré ! J'aurais aimé que ma moitié m'entende à ce moment précis. J'étais aussi cassant que les enfants de la télé à la suite, vous l'aviez deviné, d'une proposition bien loin d'être innocente. Et, croyez-moi, ce n'est pas la nuit des chauves-souris qui va porter conseil. Surtout dans un pays où le Bush à oreille risque de vous faire tomber, à l'image des Frenchs Doctors, dans le piège afghan. Non pas que je sois, quelque part, celui qui n'apprécie pas certains mariages… d'idées, mais je trouve inadmissible que l'on continue à ignorer royalement les aspirations à la paix et à la justice sociale de certains peuples. Question ouverte, mes amis, même si Obama, le successeur attitré de Buffalo Bush veut rassurer, pour encore plus de cinéma hollywoodien, son monde en apprenant aux masses arabes, qu'à la veille de l'alerte rouge, il était particulièrement favorable à la création d'un Etat palestinien. Le pays de l'Oncle Sam ne le serait-il plus désormais depuis la criminelle forfaiture du 11 septembre ? Les frappes imposées à certains pays musulmans ne visaient-elles pas aussi la résistance palestinienne à l'effet de servir d'appoint au génocide mené par les sionistes contre un peuple qui n'aspire qu'à la paix ? Avant de m'endormir, je tiens à suggérer sinon une mort à petites doses aux lieu et place de bombardements aveugles, du moins de dépêcher un Envoyé spécial au pavillon de ces fous qui pensent régenter le monde. Ou leurs pays, à l'image de ces roitelets arabes que mon ami Anouar Benmalek pourfend, à juste titre, dans un message électronique qu'il m'a adressé ce jeudi : “Ce que viennent de nous apprendre les héroïques manifestants tunisiens et égyptiens tient en une simple constatation, le roi est nu ! Tous les rois et despotes arabes sont nus ! Ils peuvent encore faire beaucoup de mal, mais ils sont nus !” Bien qu'ils s'accrochent désespérément au pouvoir et ce depuis plusieurs décennies, se moquant des Constitutions de leurs nations respectives, au point de prétendre transmettre leurs prérogatives de prédation à leurs enfants, comme c'est le cas en Egypte ou en Libye, ils ne peuvent rien contre l'inexorable horloge du destin… A. M. [email protected]