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Mezaïr : «Madjer me détestait»
Publié dans Le Buteur le 30 - 03 - 2010

« Il se prenait la tête et nous considérait comme des joueurs de la catégorie des minimes, ce que je ne pouvais pas accepter.»
Avec une rare franchise, l'excellent gardien de but Hicham Mezaïr nous révèle, pour la première fois, plein de secrets qui ont jalonné son long parcours. Il nous parle de ses multiples expériences, à commencer par l'école de son quartier Beria à Tlemcen, en passant par le WAT, l'USMA, le CRB, l'ESS, l'USMAn et le MCO, sans oublier son parcours avec l'Equipe nationale où il a laissé son empreinte. Le Buteur s'est déplacé chez lui pour lui arracher des déclarations qu'il étale pour la première fois dans la presse. Appréciez.
* Permettez-nous d'abord de vous remercier de nous accueillir chez vous et vous demander si vous êtes prêts à parler avec franchise sur votre long parcours en football ?
Je dois d'abord préciser que je n'ai pas encore mis un terme à mon parcours de footballeur. Je peux jouer des années encore. Mais je suis prêt à vous parler en toute franchise de tout. Vous connaissez bien mon franc-parler et vous savez que je n'hésite jamais à dire la vérité.
* Commençons par votre enfance, quels souvenirs en gardez-vous ?
Je suis issu d'une famille de quatre sœurs, toutes mariées, et deux frères, Abdelkader, plus âgé que moi et qui était un excellent meneur de jeu, aurait pu être l'un des meilleurs à son poste en Algérie. Ni Ammour ni quelqu'un d'autre n'auraient rivalisé avec lui. Mon petit frère Mohamed, lui, était gardien de but, mais a été contraint d'arrêter à cause de problèmes de santé. Il souffrait d'un problème cardiaque, on avait peur pour lui et il n'avait d'autre choix que d'arrêter le foot.
* Quelle était la situation sociale de votre famille à cette époque ?
J'étais orphelin. Mon père est décédé, alors que je n'avais pas encore dix ans. C'est ma mère qui a dû s'occupre de nous. C'était pénible, mais elle s'est battue pour nous. Cela, je ne l'oublierai jamais. Je lui dois beaucoup vous savez et c'est ce qui explique ce lien fort qui nous lie.
* Vous rappelez-vous du jour où vous avez perdu votre père ?
C'est un jour inoubliable. Je me souviens qu'on s'est déplacés avec l'équipe de notre école pour jouer un match, avant d'apprendre la mauvaise nouvelle. Le ciel m'était tombé sur la tête. Je pleurais tout au long du chemin du retour à la maison. Ce qui m'a fait le plus mal, c'est que mon père nous a quittés de manière brusque. Il a rejoint son lieu de travail où il a été victime d'un malaise cardiaque. Evacué en urgence à l'hôpital, il rendra l'âme.
* Comment avez-vous vécu à l'époque ?
C'était des jours difficiles. Mon père était le seul à subvenir aux besoins de la famille qui était pauvre. Je n'ai pas honte à le dire, j'ai vécu une enfance difficile, j'étais contraint de travailler à un âge précoce. Des ennuis administratifs nous ont même privés de la retraite de mon père, après sa mort. Je n'avais d'autre choix que d'aller travailler pour subvenir aux besoins de ma famille. J'ai travaillé comme porteur dans le marché le plus près de chez nous. J'ai travaillé dans le bâtiment, j'ai porté les briques, des barres de fer et des pierres contre un pécule modeste dont la plus grande partie revenait pour ma mère. C'était épouvantable pour un enfant de mon âge, mais j'ai bravé toutes ces difficultés avec beaucoup de courage.
* Maintenant comment prenez-vous la vie avec la réussite que vous avez connue ?
Lorsque je me souviens de la misère qui a marqué mon enfance, je remercie Dieu de m'avoir permis d'être ce que je suis devenu aujourd'hui. Je dois dire que malgré ma célébrité, je suis resté toujours le même.
* Est-ce votre situation qui vous a empêché d'aller loin dans votre scolarité ?
Absolument. Entre 10 et 15 ans, je passais mon temps à travailler qu'à étudier. Je ne pouvais pas me concentrer sur les études. Je ne dirai pas que j'étais un excellent élève, mais lorsque je vois mes sœurs qui ont réussi et fréquenté l'université, je me dis que j'aurais été capable de faire comme elles, que ce certificat de première année secondaire. Malheureusement, on était obligés mon frère et moi de travailler pour subvenir aux besoins de notre famille. Je me souviens qu'une fois au lycée, je songeais à arrêter définitivement. Je n'ai assisté à aucune séance depuis le début de l'année. On a convoqué ma mère qui a réussi toutefois à justifier mes absences et convaincre le directeur de me laisser réintégrer ma classe. Mais c'était peine perdue, car j'avais pris la décision de ne plus retourner au lycée.
* Regrettez-vous cette décision ?
Non, pas du tout. Cette décision m'a permis de me concentrer sur mon métier de footballeur. Et puis, chez nous, vous ne pouvez rien à faire avec les études. J'ai plein d'amis titulaires de diplômes et de licences qui vendent du tabac et n'ont même pas de quoi se payer un café.
* Vous étiez donc persuadé à l'avance que le football était la seule issue qui vous puisse vous permettre d'améliorer votre situation et celle de votre famille ?
Non, je ne raisonnais pas de cette façon. Je pensais plutôt aux moyens de gagner de l'argent, en travaillant. Je ne voyais pas le football comme une issue pour améliorer ma situation, la preuve, j'ai même arrêté le football alors que j'étais déjà au Widad (WAT). Houti, qui travaille actuellement dans l'encadrement technique, se souvient bien de l'époque où je fuyais mes dirigeants qui venaient jusque chez moi pour supplier ma mère de me convaincre de reprendre. Ils lui disaient notamment : «Votre fils a un très bel avenir, il ne faut pas qu'il le gâche comme ça». Je ne vous cache pas que je leur demandais de l'argent, alors que j'étais encore minime, comme c'était le cas la veille de notre déplacement à Oran. Dieu merci, mes efforts ont été récompensés par la suite.
* Chez nous, le poste de gardien de but est cédé aux moins doués parmi les joueurs de champ. Est-ce le cas pour vous ou avez-vous choisi d'être gardien ?
C'était mon choix. C'est mon poste de prédilection depuis tout petit. J'étais toujours gardien lors des matchs de quartier, mais j'ai joué aussi défenseur axial dans l'équipe de l'école. Mais je n'y étais pas à l'aise. Un jour, un de mes voisins, qui a décelé en moi des qualités de gardien de but, a insisté auprès de mon entraîneur à l'école pour qu'il me fasse jouer à ce poste. Et c'est ce qui s'est passé.
* Quelle était votre idole à cette époque ?
Nacer Eddine Drid ! J'étais émerveillé par tout ce qu'il faisait, surtout lors du Mondial au Mexique en 1986. J'ai toujours essayé de l'imiter. Par la suite, Peter Schmeichel a pris le relais.
* C'est à l'école du WAT que vous avez débuté votre carrière ?
Non, j'ai commencé à jouer dans l'équipe de l'école «Mahmoud Abadji» dans mon quartier à Beria. C'était d'ailleurs la meilleure équipe au niveau des écoles de Tlemcen. Aucune autre équipe ne pouvait rivaliser avec nous. Je me souviens qu'on était arrivés en finale et avions affronté une équipe de Maghnia au nouveau stade de Birouana en présence des responsables du WAT. C'était un événement grandiose pour moi de jouer pour la première fois dans un stade aussi grand et sur une pelouse gazonnée. C'était lors de la saison 89/90. Et à la fin du match, les dirigeants du Widad se sont approchés de moi et m'ont remis un document que je devais remplir pour rejoindre leur équipe. Le lendemain, je leur ai remis le document et j'ai reçu en contrepartie une paire de chaussures neuves de marque Puma. C'est dire l'intérêt qu'on portait à l'époque pour les catégories jeunes.
* Etait-ce un rêve de rejoindre le Widad à cette époque ?
Franchement non. J'étais plutôt content pour la paire de chaussures Puma, car je ne connaissais pas encore le WAT à cette époque et je n'étais supporter d'aucune équipe. Ce n'est qu'après avoir signé un contrat avec cette équipe qui était en deuxième division que j'ai commencé à m'y intéresser. On suivait alors tous les matchs, du moment qu'on faisait de nous des ramasseurs de balles.
* Quel était le match qui a retenu le plus votre attention et que vous avez suivi en tant que ramasseur de balle ?
Je n'aimais pas trop faire le ramasseur de balles. Ça s'est poursuivi même avec l'Equipe nationale qui venait jouer à Tlemcen en 1992 et 1993. J'étais cadet et je le prenais très mal, c'était comme un manque de respect. Mais j'ai accepté juste pour recevoir un nouvel équipement qui nous était destiné. Je me rappelle que face au Ghana ou la Côte d'Ivoire, une fois le match commencé, je suis monté dans la tribune.
* Avez-vous pensé à cette époque qu'il viendra le jour où vous serez l'un des joueurs importants de l'Equipe nationale ?
Sachez que même à cet âge, je me suis entraîné avec l'Equipe nationale. Ce sont les responsables du WAT qui ont demandé à l'entraîneur des gardiens à l'époque, Mehdi Cerbah, de me superviser, alors que j'étais encore cadet. Il m'a demandé de venir et je me suis retrouvé avec les trois gardiens internationaux de l'époque, à savoir Acimi, Hanniched et Aït Zeggagh. Je me suis entraîné avec eux et Cerbah avait dit que j'allais être le futur gardien de but de l'Equipe nationale.
* Qui le premier avait prédit que vous alliez avoir un tel parcours et devenir l'un des meilleurs gardiens en Algérie ?
Croyez-moi que j'avais confiance en moi dès mon jeune âge. Je me disais toujours que j'étais un gardien excellent et qu'il viendra le moment où je serai parmi les meilleurs en Algérie. J'étais vraiment doué et je réalisais de grands matchs avec les cadets. A Oran contre le MCO, je les ai battus tout seul. A Mascara, l'entraîneur de l'équipe première n'a pas hésité à demander à ses responsables de me signer un contrat avec les seniors, alors que j'étais encore cadet.
* Dites-nous à qui vous devez cette réussite ?
Il y a mon entraîneur chez les cadets, Boumedini, qui n'a ménagé aucun effort pour m'aider et me prodiguer de précieux conseils. Je n'oublierai pas Bahmane, à qui je souhaite un prompt rétablissement, et Benyelles qui m'ont beaucoup aidé.
* Quand avez-vous reçu la première convocation pour rejoindre l'équipe A du WAT ?
C'était à la fin d'une grande saison que j'avais réalisée avec la catégorie des juniors. Un jour que j'étais à la maison, le chauffeur du club m'a demandé de l'attendre le lendemain pour m'emmener au nouveau stade pour smentraîner avec l'équipe A. J'ai refusé d'y aller. L'après-midi, Amrani, qui était l'adjoint de Mehdaoui, est venu me dire que je faisais partie désormais partie des seniors et que je devais rejoindre le groupe. Mehdaoui m'a fait subir des tests et a accepté de me garder dans le groupe, après l'avoir convaincu. Ce n'était pas un événement pour moi. C'était une chose banale, même si je me suis retrouvé du jour au lendemain parmi de grands noms comme Benyahi et Mansouri. Je me suis vite adapté au groupe et tout le monde m'a souhaité la bienvenue.
* Le WAT avait comme gardien l'international Acimi, avez-vous pensé que vos chances de jouer étaient minimes ?
Acimi n'était pas seul, il y avait même Saoula avec lui. Mais je ne raisonnais pas de la sorte. J'ai relevé le défi et je me suis dit que seuls le travail et le sérieux me permettront de gagner ma place même en présence des gardiens dont vous avez cité les noms. Je ne ménageais aucun effort à l'entraînement. En me voyant travailler de la sorte, Acimi m'avait dit un jour : «Tu es venu prendre ma place ou quoi ?» Allez demander à Abdouni, mon ex-coéquipier à l'USMA, qui disait : «Quand je vois Mezaïr aux entraînements je suis démoralisé». C'est dire à quel point j'étais sérieux dans le travail depuis le début de ma carrière.
* D'où puisez-vous toute cette volonté et ce sérieux aux entraînements ?
Des jours de misère et de pauvreté que j'ai vécus dans mon enfance. Cela me poussait à travailler toujours plus.
* Vous étiez sûrement fou de joie après avoir touché la première prime en seniors, n'est-ce pas ?
Ma première prime de signature avec le WAT était de trois millions de centimes que j'ai reçue en trois parties et un salaire de 2 000 dinars. On a décidé de me donner cet argent, après savoir su que j'étais orphelin et sans autres ressources. Cela s'est passé lors de la saison 95/96 avec les seniors, j'étais vraiment content de pouvoir aider ma mère qui avait plusieurs bouches à nourrir. La troisième saison, ma prime a grimpé jusqu'à 7 millions alors que j'ai empoché 25 millions de centimes à l'occasion de ma 4e prime.
* Vous souvenez-vous de la première rencontre jouée avec le WAT ?
Ce qui m'a encouragé au WAT, c'est de me retrouver dans la liste des 18 pour seconder Acimi, juste après ma promotion. C'était la veille de notre déplacement à Chlef pour affronter l'ASO. Nous avons gagné 2 à 1 grâce à un deuxième but de Benzerga. Il y avait de grands noms à Chlef comme Bensahnoune et Benali. Ma première titularisation, c'était contre l'USM Blida à Brakni contre les Hammouche, Chambit et Kaci-Saïd. J'ai réalisé un bon match, en dépit de la courte défaite 1 à 0. A la fin de la rencontre, l'un de nos dirigeants, Slimane, s'est approché de moi pour me dire : «Nous avons perdu le match, mais nous avons gagné un excellent gardien.»
* Quelle est la rencontre qui vous a révélé au grand public ?
Ce n'était pas évident avec la présence de Acimi, mais j'ai quand même participé à 15 rencontres lors des deux premières saisons au WAT. Acimi a quitté le club et a été remplacé par Bentalâa. J'ai profité de l'occasion pour m'imposer. Mon match référence, c'était contre le NAHD au stade Zioui qui était en tuf, en 96/97. J'ai sorti un grand match. On a mené au score et le NAHD n'a pas cessé de nous presser. J'ai arrêté plusieurs tentatives et même un penalty de Meghraoui. Le rentrant Djalti a marqué un deuxième but libérateur sur une contre-attaque rapide. A la fin de la rencontre, j'ai été interviewé par la télévision. Lorsqu'on m'a parlé du penalty arrêté, j'ai répondu que j'étais spécialiste depuis mon jeune âge.
* Quant a commencé votre aventure avec l'Equipe nationale ?
Avec les juniors et Keddou comme entraîneur.
* Vous étiez aux anges certainement, après la première convocation, n'est-ce pas ?
En premier oui, mais je ne voulais plus revenir en sélection. Sans l'intervention de mes dirigeants du WAT, je ne serais jamais revenu. Ils m'ont convaincu que si je ne répondais pas à la convocation de l'Equipe nationale, cela me coûterait une sanction à moi et au club.
* Et pourquoi avoir refusé la sélection ?
A cause de Keddou qui n'a pas été juste avec tous les joueurs. J'étais avec le gardien du Mouloudia Bensalem et Salah Eddine du NAHD. Et Keddou avait un penchant pour ces deux gardiens, parce qu'ils étaient de la capitale comme lui. Et même si j'étais meilleur qu'eux, Keddou me marginalisait et refusait de m'accorder la moindre chance. C'est le régionalisme qui caractérisait cette sélection, la plupart des joueurs étaient du Centre, ceux de l'Est ou de l'Ouest n'avaient aucune chance. Résultats des courses, on a concédé une défaite sur notre terrain contre la Guinée. Bensalem avait encaissé un but sur un ciseau, alors que je n'étais même pas remplaçant. Je ne pouvais pas oublier tout ça et je l'ai fait savoir à Keddou, lorsque j'ai rejoint l'USMA.
* Vous avez participé avec les Espoirs aux Jeux méditerranéens de Bari (Italie) en 1997. Voulez-vous nous racontez quelques anecdotes sachant, qu'il y avait un joueur comme Merrakchi avec vous ?
On n'était pas mal lors de ce tournoi. On a fait match nul (2-2) contre la Turquie, qui a joué la demi-finale de la Coupe du monde 2002. On a fait aussi match nul contre la Slovénie, la Libye et je n'ai pas participé à la dernière rencontre. Je me souviens qu'on avait quitté notre lieu d'hébergement à Bari en escaladant un mur. J'étais avec Merrakchi, Saoula et Azizane. Aksouh nous appelait à l'époque «les quatre pirates». Lorsque la police nous a aperçus, on nous a pris pour des voleurs et on n'avait pas d'autre choix que de fuir. On a été suivis jusqu'à la ville et on est revenus à l'hôtel en escaladant une nouvelle fois le mur. Je suis rentré à la chambre comme si de rien n'était.
* Et c'est à partir de là que vous avez lié une amitié avec Merrakchi ?
Non, je connaissais Merrakchi depuis les petites catégories, lorsqu'on affrontait son équipe de Témouchent. On était ensemble dans la sélection de l'Ouest en jeunes. C'est une vieille connaissance. Je ne dirai pas qu'on a la même mentalité, mais on a beaucoup vécu ensemble.
* Dans votre album photos, il y en a une sur laquelle on voit une bagarre entre les joueurs du WAT et ceux du MCO lors du dernier match dont le résultat nul avait privé le MCO du titre. Pourquoi cette sensibilité entre les deux clubs et qu'est-ce qui vous a poussé à jouer avec cette détermination, alors que vous n'aviez rien à perdre ?
Pour moi, c'était un match normal comme tous les autres. Mais la veille, les dirigeants du club nous ont dit qu'il s'agissait d'un match décisif qu'il faudra gagner, afin de prendre une revanche sur le MCO qu remonte à des années. Ils nous ont dit à l'hôtel que le Mouloudia avait refusé d'aider le WAT pour lui éviter la relégation en 1988 aux dépens de l'équipe de Collo. Si ma mémoire est bonne, nos dirigeants nous ont appris que leurs homologues du MCO leur ont dit : «Ramenez-nous tous les bijoux des femmes de Tlemcen pour vous aider à vous maintenir.» C'est ce qui a provoqué notre colère et nous a poussés à prendre notre revanche sur nos aînés.
* Et vous avez privé le MCO du titre...
C'était une erreur. Et si c'était à refaire, j'aurais laissé le ballon passer et permettre au MCO de gagner le titre. On nous a trahis. Les dirigeants du WAT ont fait tout cela juste parce qu'ils ont reçu de l'argent de la part du CSC, le concurrent du MCO pour le titre. Certains joueurs comme Dahleb et Bettadj ont reçu aussi de l'argent à notre insu. Alors que moi, j'ai joué à fond, et j'ai même reçu un carton rouge à la fin du match. Si j'avais su ce qui se tramait, j'aurais laissé les joueurs du MCO marquer et gagner. Je préfère que le MCO, qui est notre voisin, gagne ce titre que de voir une équipe de l'Est, l'emporter.
* Qui vous a raconté cela ?
L'un des joueurs me l'a appris plus tard. On a profité de ma naïveté pour me pousser à m'accrocher avec les joueurs du MCO jusqu'à ce que je reçoive le carton rouge, après une altercation avec Osmane. Le pire, c'est que même des joueurs du MCO ont touché de l'argent pour ne pas gagner ce match.
* Avez-vous des noms ?
Le premier est le gardien Benabdellah qui a reçu de l'argent des dirigeants du CSC. Le but de Dahleb qu'il a encaissé en est la meilleure preuve. Je reproche aussi à ce mendiant de Kacem Belimam de ne pas avoir motivé ses propres joueurs en leur octroyant leur dû. Malgré tout et au risque de me répéter, si j'étais au courant de ce qui s'était préparé, je n'aurais pas hésité à aider le Mouloudia.
* Mais vous les avez privés aussi de la Coupe d'Algérie en les battant en finale…
J'ai réalisé un grand match ce jour- là. En témoigne l'accolade de Amrani en fin de match. Ma tête était réclamée à Oran à l'époque. J'étais «Wanted» comme Zaoui aujourd'hui. Mais ça a changé depuis. Ma relation avec les supporters du MCO est plus que bonne. Tout le monde m'estime là-bas, surtout après avoir contribué au retour du club parmi l'élite.
* Avez-vous participé à un match arrangé ou avez-vous reçu une motivation pour faciliter la tâche à une autre équipe ?
Non, je n'ai jamais participé à un match arrangé. Par contre, j'ai reçu une somme d'argent de la part d'une équipe en course pour le titre. Cela s'est passé lors de la saison 2006/2007 lorsque j'étais au MCO. Serrar nous a motivés pour battre la JSK chez nous lors du dernier match. Ce que nous avons réalisé grâce à un but de Boukessassa. Il y a même eu des proches de la JSK qui nous avaient demandé de leu faciliter la tâche pour gagner e titre, mais j'ai aussi refusé. Je dois préciser que nous avons empoché plus de mille euros de la part de Serrar.
* La victoire du Widad en Coupe arabe en 1999 est l'un des exploits importants dans votre carrière. Quels sont les souvenir que vous gardez de cette participation ?
Je crois que l'un des facteurs qui nous ont permis de gagner le titre, c'est que tout le monde ne donnait pas cher de notre peau. On pensait que nous allions rentrer au pays à l'issue du premier tour. Nous avons répondu sur le terrain. On a commencé par un nul contre Al Chabab d'Arabie Saoudite puis une victoire contre le Club Africain de Rezki Amrouche, grâce à un but de Kendouci. On a gagné aussi contre le représentant du Bahreïn. En demi-finale, on a battu Al Wasl des Emirats 2 à 1, un match durant lequel j'ai arrêté un penalty. On a retrouvé à nouveau Al Chabab en finale que nous avons battu par 3 à 0. On a offert à l'Algérie le premier titre de la Coupe arabe. Pour moi, Cette Coupe arabe est l'un des plus importants titres de ma carrière, d'autant plus que j'ai été élu meilleur gardien de but du tournoi.
* Pourquoi avoir choisi l'USMA, sachant que le MCA et le CRB vous voulaient aussi ?
C'est une question de destin. Le Mouloudia est le premier club avec lequel j'ai négocié. J'ai tout réglé avec Bencheikh, mais mon transfert ne s'est pas matérialisé, à cause d'un différend entre Djouad et Bencheikh. Ce dernier m'a envoyé le billet d'avion, et une fois arrivé à Alger, je suis allé voir Djouad dans son bureau. Ce dernier m'a alors fait savoir qu'il avait déjà recruté le gardien de Annaba Abdenouri et qu'il ne pouvait donc pas s'attacher les services d'un autre gardien de même niveau. Je lui ai dit que cela ne me posait pas de problème, du moment que le meilleur jouera. Mais il s'en est excusé et je suis retourné à l'hôtel Dar Diaf, en attendant de regagner dans la soirée Tlemcen. Mais voilà que l'USMA était en mise au vert dans le même hôtel. L'entraîneur Heddane m'a aperçu et fait savoir que le président Allik me voulait dans son équipe. Après négociations, j'ai signé mon contrat avec l'USMA, en contrepartie d'une certaine somme d'argent.
* Vous êtes arrivé avec votre coéquipier Farès Laouni. Contrairement à vous, lui il n'a pas connu de réussite dans ce club, pourquoi à votre avis ?
Exact, Farès a signé à l'USMA avant moi, mais ça ne s'est pas passé comme il le souhaitait. Je ne sais pas pourquoi. D'ailleurs, Farès n'a pu s'imposer dans un autre club que le WAT.
* Avez-vous rencontré des difficultés d'adaptation à l'USMA ?
Pas du tout. Même si je n'ai pas participé au stage de préparation qui s'est déroulé au Maroc à cause de mes engagements avec l'EN, je n'ai pas rencontré de problèmes. Je me souviens que l'équipe était rentrée mercredi et moi, j'ai été titularisé le vendredi d'après, à l'occasion du premier match contre Aïn M'lila.
* C'était l'époque faste de l'USMA, n'est-ce pas ?
Absolument, on avait le meilleur effectif en Algérie. Je crois que cela ne se reproduira plus. Ni le CRB, ni le Mouloudia ni l'Entente n'ont atteint le niveau de l'USMA à cette époque, surtout la saison du doublé avec la présence de joueurs comme Hadj Adlène, Meftah, Dziri et les autres. En plus du grand travail que le président accomplissait, on ne manquait de rien avec lui. Je dois vous faire savoir qu'il n'y a que Lefkir, Menadi et Allik qui ne m'ont jamais lésé. On était comme une famille à l'USMA, on s'amusait beaucoup lors de nos déplacements en Afrique. C'est d'ailleurs avec beaucoup de plaisir que je me rappelle de nos aventures en Afrique.
* Mais l'USMA n'a pas pu s'imposer sur le continent ; qu'est-ce qui vous a manqué en fait ?
Je crois que Allik n'a pas suffisamment motivé les joueurs lors de la demi-finale contre Enyimba. Il n'a pas su comment s'y prendre. Il avait commis l'erreur de dire qu'il avait atteint son objectif en arrivant aux demi-finales de la Ligue des champions africaine. Cela, sans oublier la complicité de l'arbitre qui a rajouté huit minutes de temps additionnel, ce qui a permis à l'adversaire de marquer le but de la victoire, alors qu'on se dirigeait droit vers la séance des tirs au but. Malheureusement, cela s'est reproduit avec le WAC en finale. Après avoir réalisé un nul à Casablanca, on a été tenus en échec à Rouiba dans un match lors duquel Abdouni a pris place dans les bois.
* Comment avez-vous vécu la concurrence avec Abdouni justement à l'USMA ?
Abdouni est un frère pour moi. Il était venu d'El Harrach avec beaucoup d'ambitions et il a dit qu'il allait m'envoyer à la retraite. Mais au fil des jours, il s'était rendu compte de la difficulté de la mission et avait reconnu qu'il était incapable de me concurrencer. Mais Abdouni m'a poussé à redoubler d'efforts pour conserver ma place. Franchement, il était le seul véritable concurrent de toute ma carrière.
* Votre départ de l'USMA avait-il un lien avec la sanction que vous avez écopée avec l'Equipe nationale ?
Tout à fait. Allik est un président au sens propre du terme, il m'a toujours octroyé mon argent, mais il ne m'a pas soutenu dans cette affaire de sanction. Il n'a rien fait pour lever la sanction ou à la limite demander une révision à la baisse. C'est la raison qui m'a poussé à quitter le club.
* Revenons à l'Equipe nationale, vous souvenez-vous de la première convocation en Equipe A ?
C'était en 1998. J'avais la réaction de n'importe quel joueur qui aime son pays, fier de porter les couleurs nationales. Ighil avait pris l'équipe en main et le premier match, on l'a disputé en Libye qu'on a d'ailleurs gagné. Des joueurs de la trempe de Saïb, Tasfaout et Amrouche ont rejoint l'équipe la veille de la rencontre importante contre la Tunisie que nous avons perdue au stade du 5-Juillet.
* Etes-vous satisfait de votre parcours avec les Verts ?
J'estime que je n'ai rien fait pour la sélection, du moment que je n'ai même pas eu l'honneur de disputer une phase finale d'une CAN. En 2000, je n'ai pas pu être du voyage, à cause du Service national. En 2002, je n'y ai pas pris part, à cause d'un différend avec Madjer. Mais ce que je regrette le plus, c'est l'édition de 2004 en Tunisie. On m'a privé injustement de cette CAN, alors que j'étais en super forme.
* Parlons de la rencontre amicale contre l'Equipe de France en 2001 qui a vu l'Algérie concéder une lourde défaite. Ce jour-là, vous étiez dans un jour sans, c'est comme si vous aviez peur d'affronter les stars de l'Equipe de France. Est-il vrai que vous n'aimez pas parler de cette rencontre ?
Non, pas du tout. Au contraire, j'étais très honoré d'affronter les champions du monde et d'Europe et toutes les stars. Je ne suis pas meilleur que Vitor Baia et le Portugal avec toutes ses stars, à l'instar de Figo, et qui ont été battus par quatre buts au Stade de France.
* Avez-vous passé une nuit tranquille la veille du match ou avez-vous pensez surtout à Henry, Peres, Zidane et les autres ?
J'avais bien dormi cette nuit-là, mais je ne vous cache pas que je n'ai pas cessé de penser à l'idée d'affronter toutes ces stars. Ils ont battu le Brésil en inscrivant trois buts.
* Avez-vous pensé à prendre des photos avec Zidane, avoir un autographe ou son maillot comme Meftah ?
Non, pas du tout. Je n'ai pas pensé à ça. Même la photo avec Zidane que j'ai reçue, je ne l'ai pas demandée. Mais je reconnais avoir pris le maillot du gardien français Barthez à la fin du match que je garde comme souvenir.
* Vous avez été mauvais lors de cette rencontre au cours de laquelle vous n'avez fait aucun arrêt…
Je n'étais pas à mon meilleur niveau. Je crois que ma meilleure période, c'était de 1997 à 2000 puis de 2002 jusqu'en 2005.
* Les joueurs français n'ont trouvé aucune difficulté à vous marquer plusieurs buts…
Je n'étais pas responsable de ces buts. C'était plutôt à cause du schéma tactique de Madjer. Comment pouvez-vous contrer les champions du monde avec un seul stoppeur et un libéro ? Ce qui m'a intrigué le plus, c'est qu'il a choisi Berradja et Meniri, alors que Meftah et Zeghdoud ont été laissés sur le banc. Le match d'après, Madjer a utilisé trois défenseurs contre le Ghana. Est-ce raisonnable de jouer avec trois défenseurs dans l'axe contre le Ghana et n'utiliser que deux contre la France championne du monde et d'Europe ? Je me demandais ce que faisait Madjer. Lorsque je me suis retrouvé avec une défense composée de Raho, Haddou, Berradja et Meniri, je m'étais rendu compte que ma mission n'allait pas être facile.
* L'envahissement du terrain vous a certainement sauvés, car le score aurait pu être plus lourd, n'est-ce pas ?
Non, je souhaitais que le match aille jusqu'à son terme. Notre équipe a perdu et perd toujours sur des scores de trois voire quatre buts. Nous au moins on a perdu contre les champions du monde.
* Vous avez vécu beaucoup de problèmes avec Madjer, c'est ce qui a provoqué votre mise à l'écart de l'EN, à l'instar de Bourahli ; que s'est-il passé au juste ?
Cela s'est passé la veille de notre déplacement au Sénégal pour y jouer un match amical. J'étais à Tlemcen où j'ai été victime d'un accident de la circulation qui a failli me coûter la vie. J'ai été blessé et c'est ce qui m'avait empêché de prendre part au regroupement de l'EN. Je me suis déplacé tout de même à Alger pour demander à Madjer de me dispenser de ce match. Il a refusé et m'a dit : «Maâlabalich bik». Sa réponse m'a fait perdre mon self-control d'autant que j'ai pris la peine de me déplacer, en dépit de mes blessures dues justement à l'accident dont je vous ai parlé. Je lui ai alors répondu : «Hata ana manich samaâ bik». J'ai pris mon cabas et quitté le stage. Dziri, Tasfaout et les autres ont essayé de me convaincre de rester, mais j'ai refusé. Bourahli m'avait dit qu'il voulait lui aussi quitter le stage. Je ne savais pas pour quelle raison, mais j'ai su par la suite qu'il a eu une dispute avec Madjer. Ce dernier ne nous portait pas dans son cœur.
* Pourquoi pensez-vous qu'il ne vous portait pas dans son cœur ?
A cause de son comportement envers nous. Il nous regardait de haut. Moi personnellement, je ne le portais pas dans mon cœur. En réalité, on dit qu'il a une mentalité difficile. Il se prenait la tête et nous considérait comme des joueurs de la catégorie des minimes, ce que je ne pouvais pas accepter.
* Il avait d'abord écarté Mezouar…
Il l'a écarté à cause du téléphone portable qu'il nous a interdits d'utiliser, sauf dans nos chambres. Même dans le hall de l'hôtel, c'était interdit. Une fois qu'on était dans le bus pour aller à l'entraînement, le téléphone de Mezouar a sonné. Madjer avait alors demandé à qui appartenait ce téléphone. Personne n'a répondu. Mais une fois sur le terrain d'entraînement, il a remis ça. Mezouar lui dira que c'était son téléphone qui avait sonné. Madjer a alors demandé à Boutadjine de raccompagner Mezouar à l'hôtel pour qu'il prenne ses affaires et quitte le stage illico. Il nous a fait de la peine, car il n'avait pas commis de crime pour qu'il soit écarté de cette façon.
* Parlons maintenant de la CAN 2004. Vous étiez le gardien numéro 1 la veille même du match contre le Cameroun, mais vous avez été remplacé par Gaouaoui. Beaucoup de choses ont été dites à l'époque, soi-disant que vous avez consommé de la drogue, des produits dopants... nous voulons connaître la vérité.
Pourquoi avoir recours au dopage, du moment que je suis un gardien de but, non pas un joueur de champ ? Je n'ai pas besoin de trop courir pour me doper. Tout a commencé un mois et demi avant la phase finale de la CAN. J'étais invité à un anniversaire à Alger. La veille d'un stage avec l'Equipe nationale, je reconnais que j'avais pris une substance prohibée. Le lendemain, j'ai rejoint le groupe et j'ai été surpris par le médecin de l'équipe qui nous a tous fait subir des analyses de sang et d'urine et ce, à un mois et demi du début de la CAN. Les résultats ont révélé que j'avais consommé un produit prohibé. Mais cela s'est passé un mois et demi avant la CAN, non pas la veille de la rencontre contre le Cameroun.
* Que s'est-il passé la veille de ce match alors ?
J'étais le gardien numéro 1 jusqu'à la veille de ce match. D'ailleurs, Saâdane disait que seul Mezaïr avait assuré une place de titulaire avant le début de la CAN. J'étais en train de me préparer pour participer à cette rencontre, avant l'arrivée de Raouraoua et du médecin Zerguini et ce, une demi-heure avant notre déplacement au stade. Ils m'ont alors appris que je n'étais pas concerné par le match. Ils me l'avaient dit sur un ton coléreux, sous prétexte que les résultats des analyses ont révélé une substance prohibée. Comment admettre que les résultats des analyses ne soient parvenus qu'après un mois et demi et à une heure du coup d'envoi du match contre le Cameroun ? Il me semble que ce coup était prémédité.
* Quelle a été la position de Saâdane dans cette histoire ?
Saâdane voulait me faire jouer et affirmait que tout ce qui s'était passé remontait à un mois et demi, donc sans aucune importance. C'est dire que les résultats dudit contrôle n'étaient pas fiables. car je n'ai plus rien pris depuis cet anniversaire. Je tiens à dire que Saâdane avait décidé de m'aligner lors de la rencontre contre le Maroc en quart de finale. Il m'a demandé de me tenir prêt pour jouer ce match, mais Raouraoua s'y était opposé pour permettre à Gaouaoui d'être aligné.
* Vous confirmez que votre participation n'aurait eu aucune incidence sur l'EN et vous vous demandez pourquoi Dr Zerguini avait pris tout son temps pour rendre compte des résultats des analyses. Comment expliquez-vous donc la position de Raouraoua envers vous ?
Je n'ai rien compris, mais je sentais une certaine hogra. Raouraoua m'a lésé à deux reprises : il m'a privé d'une participation à une phase finale de la CAN et m'a infligé une suspension de six mois.
* On dit que vous avez été victime d'une diarrhée sévère, car vous aviez peur de disputer ce match…
C'est ce qu'on m'avait demandé de dire, au cas où les journalistes m'interrogeaient. C'est ce qu'ils ont fait avec Lemmouchia lors de la dernière CAN. Mais moi j'avais refusé, car je sentais qu'on m'avait lésé ce jour-là.
* Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre suspension pour six mois ?
Après mon retour de Tunisie, j'ai réalisé une belle performance. Suite à quoi les journalistes se sont demandés sur les véritables raisons qui m'ont privé d'une participation à la CAN, au moment où la sélection avait besoin de mes services. Lorsque j'ai demandé des explications, on m'a répondu que c'était la FIFA qui avait pris cette décision. Mais sur quelle base la FIFA pouvait-elle me sanctionner, alors que je n'avais pas joué la moindre minute ? J'avais alors compris que Raouraoua avait inventé toute cette histoire pour faire taire ceux qui s'interrogeaient sur mon absence à la CAN de Tunisie.
* Et vous avez demandé l'aide de Allik, c'est ça ?
Oui, mais il m'a déçu. Je l'ai cherché et ils m'ont dit qu'il était en France. Mais il a refusé de m'aider par la suite. Je suis sûr que si c'était Hannachi, les choses ne se seraient pas passées de la sorte. Je n'aurais jamais écopé d'une telle suspension et j'aurais même pris part à la CAN. C'était une période difficile que j'ai dû surmonter seul. Heureusement que Lefkir m'a aidé en m'accueillant au CRB.
* Mais vous avez eu des difficultés à récupérer votre lettre de libération de l'USMA ?
Effectivement. Lefkir m'avait fait savoir qu'il a été contraint de faire intervenir de hauts fonctionnaires de l'Etat et des généraux pour faire pression sur Allik afin d'avoir ma lettre de libération.
* Lefkir, comment le considérez-vous ?
Comme une personnalité influente, mais bizarre, surtout après ce que j'ai vu lors de la réception organisée par le président de la République en l'honneur des joueurs du CRB, à l'issue de la finale de la Coupe d'Algérie. Il avait bombardé Raouraoua d'injures et d'insultes devant tout le monde. En le côtoyant, j'ai découvert en lui un homme qui a des principes. C'est une personnalité respectable. Je regrette son départ en plein milieu de la saison, après ce qui s'est passé lors du match de l'USM Blida en présence de son fils. Même si j'ai joué pour le maintien du club au CRB, je garde toujours de bons souvenirs de cette équipe qui m'a permis de retrouver l'EN, après que Fergani m'eut convoqué. Mais j'ai quitté le Chabab à l'issue de la saison, à cause d'un désaccord entre les responsables du CRB et de l'USMA.
* Comment ça ?
Avez-vous oublié que le sort du Chabab en première division était tributaire du résultat de la rencontre entre l'USMA et l'OMR ? Allik a exigé ma lettre de libération pour battre l'OMR, et c'est ce qui s'est passé. Zeghdoud m'a appris la nouvelle et Badji m'a confirmé que j'avais été transféré à l'USMA. Mais j'ai refusé catégoriquement de retourner à l'USMA, à cause de la position de Allik par rapport à ma sanction. J'ai opté pour l'ESS où j'ai passé la pire partie de ma carrière.
* Pourtant l'Entente n'a tiré aucun profit de votre transfert, en dépit de tout l'argent dépensé par ce club pour vous avoir ?
C'est à l'ESS que mon expérience avec l'EN s'est arrêtée. Question finances, je reconnais que j'ai coûté cher à l'Entente, car Serrar a dû racheter ma lettre de libération de l'USMA pour 450 millions de centimes selon lui. Si je l'avais su, je ne l'aurais pas accepté. J'ai signé une seule saison, c'est une erreur que Serrar a commise. Il a dit que j'étais le seul joueur qui l'avait eu. A la fin de la saison, j'ai demandé le reste de mon dû et Serrar a commencé à me créer des problèmes, car il croyait que j'allais quitter le club. Lors de la rencontre du NAHD au stade 20-Août. Maïza, qui a été l'auteur d'une agression, a été expulsé. Et lorsque j'ai demandé des explications, j'ai écopé d'un carton rouge qui m'a coûté cinq matchs de suspension. En fait, Serrar et l'arbitre Mansouri, qui est suspendu actuellement, ont comploté pour justement que je sois suspendu.
* Quel intérêt avait Serrar, alors que l'ESS devait affronter le MCA en match de coupe ?
C'est pour me priver de la deuxième tranche de la prime de signature. C'est Belhout qui me l'avait dit, vous n'avez qu'à le lui demander. Serrar n'a pas accepté que j'empoche toute cette somme d'argent pour une seule saison.
* Et vous avez rejoint le MCO…
Oui, j'ai rejoint le Mouloudia et je me suis dit que j'y resterai jusqu'à la retraite. Mais des problèmes avec Djebbari ont précipité mon départ. Je suis allé par la suite à Annaba. Djebbari a regretté mon départ, après que le Mouloudia eut été relégué en deuxième division.
* A Annaba comme à Sétif, votre expérience a été un échec et n'a pas trop duré, pourquoi ?
Amrani en est la cause principale. C'est lui qui m'a poussé vers la porte de sortie avant même la fin de la saison. Après le match de Béjaïa, il m'a autorisé à rentrer à Tlemcen, mais à mon retour à la date prévue, il m'a surpris par sa décision de me traduire en conseil de discipline où on m'a infligé une sanction de 100 millions. Même s'il a contribué à ma promotion en équipe première, Amrani n'était pas correct avec moi. C'est là que j'ai décidé de quitter Annaba et de profiter de l'occasion pour me marier.
* Mais votre niveau était juste moyen lors de cette saison avec Annaba...
C'est tout à fait logique, vu la pression terrible que l'équipe subissait. Voyant les grands noms recrutés par leur club, les supporters ne parlaient que du doublé. Il y avait 50 000 supporters au stade à l'entraînement qui nous réclamaient le titre sans arrêt.
* Vous étiez la cible privilégiée des supporters avec Bouacida, pourquoi à votre avis ?
C'est exact. C'est à cause de ce dénommé Houamed qui, depuis mon arrivée à Annaba, ne cessait de monter les supporters contre moi. C'est ce qu'il faisait avec tous les autres gardiens qui sont allés à Annaba. Moi puis Gaouaoui et viendra le tour de Ouaddah. C'est difficile à Annaba, les gens ne sont pas comme à Alger par exemple. Dès qu'ils entendent une rumeur ou n'importe quelle nouvelle vous les trouvez devant vous. On a souffert Bouacida et moi de cela. Je me souviens qu'après un nul chez nous contre le CRB, c'était l'émeute lors de la séance d'après. Personnellement j'étais choqué au point où je croyais qu'on allait mourir. Les supporters de l'USMAn sont fanatiques et ne comprennent pas grand-chose au football. En fait, ils n'acceptent pas la défaite, ce qu'ils ne veulent pas accepter. Avec cette mentalité, Annaba n'ira pas loin.
* Et comment était votre relation avec Menadi ?
Il s'est comporté en homme avec moi. Il me respectait et me considérait parmi les meilleurs gardiens de but en Algérie. jJai fait de mon mieux pour être à la hauteur de la confiance qu'il plaçait en moi. Malheureusement, la pression du public n'était pas pour arranger les choses. Mais je n'oublierai pas son soutien et celui des joueurs comme Bouacida, Bouder, Boudaoud, Dellalou et Sebihi qui nous ont ouvert les portes de leur domicile au mois de Ramadhan. Notre relation est restée toujours intacte. Je rencontre régulièrement par exemple Dellalou qui est à Saïda. C'est vraiment regrettable, car si les supporters d'Annaba avaient su faire preuve de patience, personne n'aurait pu arrêter notre équipe.
* Comment expliquer que ça n'a pas encore marché pour vous à Oran avec le MCO ?
Je suis retourné au MCO avec l'intention d'y rester jusqu'à la retraite. Ce n'était pas possible, à cause de ce président que je qualifie de «mendiant». Elimam, pour ne pas le nommer, n'a jamais respecté ses engagements envers nous. Il nous a promis une prime d'accession que nous n'avons pas touchée. Le reste de notre argent, nous l'avons empoché au début de cette saison. Le plus étonnant, c'est qu'il ne nous assurait même pas le minimum. Je faisais quotidiennement la navette (300 km) Tlemcen-Oran. Je lui ai demandé un logement pour que je puisse ramener ma famille, mais je n'ai rien eu. Il ne pouvait même pas assurer le déjeuner. J'ai réclamé mes droits, mais je n'ai rien vu venir. J'ai alors décidé d'arrêter définitivement. Actuellement je m'entraîne seul, en attendant la saison prochaine.
* Peut-être qu'Elimam ne peut pas vous octroyer votre argent à cause de la crise financière qui secoue son club actuellement ?
J'étais prêt à faire des sacrifices, si c'était vraiment le cas. Mais il n'a pas fait preuve de correction envers nous. Et moi, je ne lui fais plus confiance. Certains supporters du club qui travaillent au Trésor m'ont assuré que les caisses du club ont été renflouées. Mais lorsque vous en parlez à Elimam, il nie tout en bloc. Est-il raisonnable qu'un seul club représentant la ville d'Oran puisse souffrir de crise financière ? Ce n'est pas possible.
* Et pourquoi vous êtes le premier à réclamer et boycotter le club, alors que les autres prennent leur mal en patience ?
Je n'étais pas le seul, même Daoud Bouabdallah a boudé le club pendant un bon un moment. Il ne veut pas me régulariser. Je me disais qu'il fallait mieux rester à la maison que de parcourir 300 km pour rien.
* Et pourquoi vous n'avez pas fait comme Ouasti qui a dit qu'il être revenu pour les supporters ?
Ouasti et moi, ce n'est pas la même chose. Les supporters savent distinguer entre le joueur sérieux qui se donne à fond sur le terrain et un tricheur. Chacun connaît ses qualités. De plus, Ouasti habite à Oran et il n'a donc pas à effectuer tous ces va-et-vient entre Tlemcen et Oran comme moi.
* Benhamou a saisi l'occasion et vous a remplacé directement. On disait qu'Elimam l'avait recruté pour vous écarter, qu'en pensez-vous ?
C'était clair. C'est ce qu'il a dit lorsqu'il a ramené Benhamou et il est allé plus loin en affirmant qu'une fois le maintien assuré, il me pousserait vers la sortie dès que je réclamerai mon dû.
* Il aurait été donc plus judicieux qu'Elimam vous régularise, au lieu de recruter un autre gardien et dépenser plus d'argent, n'est-ce pas ?
Il avait envie d'entendre Benhamou lui dire merci de l'avoir engagé à un moment où aucun club en Algérie ne voulait de lui.
* Benhamou reste malgré tout un gardien international et il était signataire au Paris Saint-Germain…
Et quel vent l'a amené en Algérie alors ? Quand on joue au PSG on ne vient pas en Algérie. Et s'il était bon, le Mouloudia ne l'aurait pas lâché pour le remplacer par Zemmamouche. En Equipe nationale, il était troisième gardien et tout le monde sait par quelle manœuvre il arrivait à la sélection, je préfère ne pas rentrer dans les détails.
* On ne peut pas reprocher à Benhamou le fait de vous avoir remplacé, puisque vous avez boycotté le club avant de décider de revenir dès qu'il a été qualifié pour jouer…
Ce n'est pas la même chose. J'ai boycotté le club pour réclamer un logement et en finir avec cette navette de tous les jours. Je n'avais même pas où me reposer quelques moments. C'est là qu'on a ramené Benhamou. Ça a coïncidé avec le match de la JSK où on m'a titularisé avec l'espoir de voir l'équipe subir une lourde défaite et saisir l'occasion pour m'écarter du club. Mais j'ai réalisé un bon match et ramené le nul. Je me suis blessé lors de la rencontre d'après contre Annaba. Benhamou m'a remplacé et l'équipe a subi une défaite à domicile.
* Il a décidé de quitter lui aussi le club…
Oui, il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas me concurrencer. Mais il est revenu en courant après mon départ. S'il était vraiment un bon gardien comme il le prétend, il serait resté en acceptant la concurrence et non pas fuir pour revenir une fois que je n'étais pas là.
* Ne lui avez-vous pas causé des problèmes dans l'équipe et avec les supporters ?
Pas du tout. Le MCO n'est pas ma propriété et je n'ai monté personne contre lui. Bien au contraire, je lui ai souhaité la bienvenue et je lui ai dit que le meilleur jouera. Ce n'est pas ma faute si les supporters l'ont refusé au premier jour de son arrivée. Je suis même intervenu personnellement auprès des supporters qui ne voulaient pas de lui. «On n'a pas besoin de Benhamou, nous avons Mezaïr», c'est ce qu'ils disaient.
* Pourquoi Mezaïr n'a pas décroché de contrat professionnel ?
Croyez-moi, j'avais l'occasion de jouer en Europe. J'avais plusieurs offres, la plus sérieuse m'était parvenue du FC Nantes lors de ma première saison à l'USMA, mais Allik n'était pas chaud à l'idée de me laisser partir et il m'a convaincu de rester.
* Que pensez-vous de la sélection actuelle ?
C'est une équipe qui nous a procuré de la joie avec cette qualification au Mondial. C'est un exploit qui n'est pas facile à réaliser. Plusieurs générations ne l'ont pas fait, même si on peut dire que la génération de 90 a souffert à cause de la décennie noire. Il faut aussi louer les qualités de Saâdane à qui on souhaite beaucoup de réussite au Mondial.
* Etes-vous sorti dans la rue pour fêter avec les supporters cette qualification au Mondial ?
Evidemment, le 18 novembre est un jour historique dans ma vie. D'abord parce que c'est le jour de la qualification et de la revanche sur l'Egypte, et aussi parce que c'est le jour de la naissance de ma fille «Chiraz Ferdaous ». C'était une double joie pour moi.
* Vous étiez présent lors des premiers pas de Ziani, Bougherra et Belhadj entre autres en Equipe nationale, vous attendiez-vous à ce qu'ils arrivent à réaliser un tel exploit ?
Ce qu'ils ont fait dépassent toutes les prévisions. Je me souviens de leur arrivée à la sélection, il y avait aussi Cherrad et Beloufa. J'entretenais de bonnes relations avec tous ces joueurs. Mais il faut dire qu'ils ont bénéficié des moyens que la fédération a mises à leur disposition. Des primes, des privilèges et des moyens de travail de haut niveau. Des choses qui n'existaient pas à l'époque où j'étais avec la sélection. A notre époque, on se regroupait dans la brousse en Afrique et on se déplaçait dans les avions militaires.
* Etes-vous pour ou contre la présence en force des joueurs émigrés en Equipe nationale ?
Ceux que je connaissais sont des patriotes. Harchache était toujours présent et défendait les couleurs de l'Algérie comme s'il était plus Algérien que les autres. Belbey aussi ne ménageait aucun effort pour défendre les couleurs nationales. Il s'est même blessé gravement en sélection. On ne sentait pas que ces joueurs étaient nés et avaient grandi en France. Idem pour Belloufa, Cherrad, Ziani et les autres. Je ne peux pas juger les autres que je ne connais pas, je ne peux deviner leurs intentions.
* Vous avez parlé de la décennie noire et son impact sur le football national, avez-vous connu des problèmes lors de cette période ?
Absolument. Y a-t-il quelqu'un qui n'ait pas souffert de cette période ? On a vécu la peur et la terreur. Personnellement, un jour je suis tombé sur un faux barrage et ce, à deux reprises. La première fois, c'était sur la route de Mascara, alors que j'étais un jeune joueur à Tlemcen. Et la deuxième, qui m'a fait très peur, c'était à Oued Djer, lors de ma première saison à l'USMA. Je voulais rentrer par route à Tlemcen. La nuit était tombée. Une fois arrivé à Oued Djer, je suis tombé sur un groupe de barbus avec des kalachnikovs. Une voiture de marque 504 s'était arrêtée à côté de moi et on m'a demandé si «les toghat» n'étaient pas passés par là. J'avais répondu par la négative.
* On ne vous a pas reconnu ?
Justement, j'estime que j'ai eu la vie sauve parce qu'on ne m'avait pas reconnu. Je me rappelle que je roulais très lentement, en deuxième, et je me tenais prêt à foncer, au cas où…. Je préfèrerais mourir par balles que d'être égorgé.
On est arrivés à la partie la plus délicate de l'interview, à savoir votre vie privée.
* Tout le monde est unanime à dire que vous êtes passé à côté d'un parcours meilleur que celui que vous avez réalisé, à cause de votre comportement. On dit que vous êtes comme Abdouni.
(Il nous coupe) Vous faites allusion aux soirées et à la consommation de l'alcool. (Il parle avec colère) Je reconnais les faits, mais je ne comprends pas pourquoi on évoque certains joueurs et pas d'autres. Je ne suis pas le seul qui veillait en consommant de l'alcool. Il y a plusieurs joueurs qui le font, à l'instar des joueurs internationaux. Je tiens à vous faire savoir que plusieurs joueurs de la sélection nationale actuelle veillent toujours et boivent. (Il nous révèle l'une des stars de l'EN qui évolue dans le championnat allemand, et un autre joueur qui n'est plus chez les Verts et joue au Portugal). Certains parmi eux osent dire qu'ils ont un comportement exemplaire, alors que c'est tout le contraire de l'image qu'ils semblent vouloir donner de leur personne. Il y a par exemple le gardien de l'Equipe nationale qui se prend pour un gars sérieux, alors que je l'ai vu dans une boîte de nuit à Oran. Tout le monde me connaît et sait que j'ai souffert dans mon enfance. En dépit de tout ce qui se dit sur moi au même titre que Abdouni concernant notre vie privée, tout le monde nous reconnaît notre talent et qu'on est de grands gardiens de but.
* Vous rejoignez donc Merakchi qui nous a déclaré qu'il refusait qu'on lui demande des comptes sur sa vie en dehors des terrains de foot ?
Oui, il a bien raison. Je suis prêt à rendre des comptes sur mes performances sur le terrain, non pas ce qui touche à ma vie privée. Je suis libre de faire ce que je veux. Si l'on me marque des buts des 40 m, alors j'accepterai qu'on vienne me demander des explications sur mes soirées. Mais cela ne s'est jamais produit. Je suis toujours à mon meilleur niveau et il me reste encore des années à jouer dans le haut niveau.
* Quelle est la période durant laquelle vous avez passé des soirées bien arrosées ?
Celui qui pense que je veille trop se trompe. Je l'ai fait lors de la période où j'étais à l'arrêt, à cause de ma suspension. Je n'avais pas le moral, surtout après tout ce qui j'avais dû endurer lors de la CAN 2004 et la décision injuste de me sanctionner. J'étais donc à l'arrêt et je n'avais aucune obligation. Lorsque je joue j'arrête tout.
* Vous voulez dire que vous ne consommez plus d'alcool ?
Absolument. Je n'ai plus bu depuis l'époque de l'USMA. Tout le monde sait maintenant que je suis sérieux.
* Mais on a trouvé plein de bouteilles d'alcool vides dans votre appartement à Annaba…
C'est faux. J'étais logé dans le même appartement que Zidane, Ouasti et Ghenaïa. Comment voulez-vous que je me saoule devant tout ce beau monde ? Ce ne sont que des rumeurs. Je n'ai plus veillé depuis mon expérience avec l'USMA. Même si je refuse qu'on s'immisce dans ma vie privée. Mais pourquoi parle-t-on de Mezaïr seulement ? Qu'on demande des comptes aux autres joueurs aussi.
* Votre nom a été lié également dans une affaire de mœurs à Sétif. Vous étiez accusé de viol contre une fille mineur…
(Il nous coupe) C'est une histoire montée de toutes pièces par Serrar. En fait, il n'a jamais digéré le fait que je joue pour une saison seulement en contrepartie d'une fortune. Il a été derrière l'affaire de la suspension qu'on m'a infligée avec la complicité de l'arbitre Mansouri. Et comme cela ne suffisait pas, il a inventé cette histoire de fille également. Je n'étais en relation avec aucune fille à Sétif. Est-il raisonnable que je sois libre actuellement, si vraiment j'avais violé une fille mineure ? Une affaire comme celle-là vous envoie directement en prison.
* Qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous êtes marié ?
Je me suis stabilisé. Ma femme, je l'ai choisie moi-même, elle est d'origine kabyle, alors que moi je suis originaire d'Alger. Je mène une vie tranquille, même si j'ai été choqué par la mort de mon premier fils qui n'a pas vécu longtemps. J'ai une fille âgée de 4 mois que j'ai prénommée Ferdaous.
* Qui est votre ami le plus proche dans le monde du football ?
J'en ai beaucoup, mais Kamel Maouche est le plus proche. Je suis toujours en contact avec lui, même s'il a quitté le pays.
* Quel était l'attaquant que vous craignez le plus ?
Je ne craignais personne. Je ne suis pas en train d'exagérer, mais je crains le défenseur qui joue devant moi, pas l'attaquant qui m'affronte.
* Quel était donc le défenseur qui vous inspirait le plus confiance ?
Zeghdoud sans aucun doute. Avec Hemdani, c'était la meilleure charnière centrale avec laquelle j'ai joué. Je préfère jouer avec eux, en dépit de leur âge, que de jouer avec les défenseurs de la génération actuelle.
* Quel est le meilleur arrêt que vous avez réalisé ?
Plusieurs, mais je préfère les arrêts que j'ai réalisés avec l'USMA contre le CRB, au stade du 20-Août. Le premier, c'était un coup de tête de Ali Moussa qui allait se loger dans la lucarne. Le deuxième, c'était un coup franc de Mezouar qui est passé au-dessus du mur, mais j'étais en bonne position.
* Quel était le but gag que vous avez encaissé ?
C'était avec l'Equipe nationale lors d'un match au stade du 5-Juillet contre le Maroc. C'était un tir lointain, je croyais que la balle n'était pas cadrée, mais je l'ai ramassée du fond des filets.
* Quel est le joueur que vous pensez être passé à côté d'une grande carrière ?
Merrakchi, sans hésitation. L'Algérie n'a plus enfanté des attaquants de sa trempe. Il aurait pu aller très loin, même s'il a joué en Turquie, ce qui n'est pas rien.
* Quel est celui, selon vous, qui a été marginalisé ?
Tarek Bettadj. Un grand joueur qui a beaucoup donné au WAT et porté les couleurs nationales. Il vit difficilement actuellement au point où il fait du «taxi clandestin». C'est une honte, pas pour lui, mais pour les responsables du WAT et la sélection qui l'ont délaissé.
* Et si l'on vous demandait de désigner le meilleur joueur du championnat ?
Ce sera Djabou. Ce qu'il fait à El Harrach ne me surprend pas, car je le connaissais à Sétif. J'avais dit à cette époque qu'il méritait d'être le meneur de jeu de l'Entente. Si cela revenait à moi, je l'aurais fait jouer en numéro 10 à la place de Hadj Aïssa. Mais ce dernier avait un nom, comparativement à Djabou.
* Qui est le meilleur gardien en Algérie actuellement ?
Chaouchi est le meilleur actuellement. Il a beaucoup de qualités, mais il doit s'assagir.
* Quels sont les trois gardiens qui méritent d'aller au Mondial ?
Je suis d'accord avec Hannachi lorsqu'il a dit que Chaouchi et Abdouni sont les meilleurs en Algérie. Abdouni est revenu en force, il a besoin de plus de considération.
* Que ressentez-vous lorsque vous êtes la cible des supporters des équipes adverses ?
Je sais que je suis ciblé, parce que je suis le maillon fort de l'équipe. Les insultes m'affectent, certes, mais j'en fais abstraction.
* Quel est l'objectif qu'il vous reste à atteindre à 33 ans ?
Il me reste beaucoup de choses à faire. Je reste ambitieux, je veux avoir plus de titres et, pourquoi pas, revenir en Equipe nationale.
* Quelle est votre prochaine destination ?
Je suis proche de la JSK.
* Comment ça ?
Sans entrer dans les détails, je suis très proche de la JSK. Ce sera un honneur pour moi de porter les couleurs de ce grand club et avoir affaire à son respectable président Mohand Cherif Hannachi. Je promets de relever le défi.
* Avez-vous négocié avec la JSK ?
Je suis proche de ce club je pourrais terminer ma carrière, je n'en dirai pas plus.
* Si on vous demande d'appeler Madjer et que vous tombiez sur le répondre, quel est le message que vous lui laisseriez ?
Je lui dirai : «Je ne suis pas rancunier, ce qui s'est passé est oublié, que Dieu vous pardonne et bonne chance».
* Que diriez-vous à Lefkir ?
Ammi Mohamed, vous êtes un homme au sens propre du terme. Si vous étiez resté au CRB, je ne l'aurais jamais quitté.
* Et à Allik ?
J'ai passé de bons moments avec lui, mais il ne m'a pas soutenu quand j'ai été sanctionné. Mais je sais que c'est venu d'en haut. J'ai été fier d'être passé par l'USMA. Allik restera l'un des meilleurs présidents en Algérie.
* Et Serrar ?
C'est un rusé M. Serrar, et personne n'est éternel. Et malgré ce qui s'est passé, je lui souhaite bonne chance avec son club l'Entente.
* Et Raouraoua ?
En dépit de ce qu'il m'a fait en Tunisie, on ne doit pas oublier son rôle dans la qualification de l'Algérie en Coupe du monde. Je lui souhaite plus de réussite avec les Verts auxquels j'espère un très bon parcours au Mondial sud-africain.
* Saâdane ?
Il est le meilleur entraîneur en Algérie, les résultats plaident pour lui. L'Algérie s'est qualifiée trois fois avec lui au Mondial. C'est un porte-bonheur du football algérien, on reste optimistes pour le prochain Mondial.
* A qui voulez-vous adresser un message ?
Je veux saluer à travers votre journal mes anciens coéquipiers à l'USMA, Zeghdoud, Hemdani, Dziri et au Chabab comme Mounir Dob.
* Un dernier mot
Je demande aux Hamraoua de se révolter contre le «virus» Elimam et le chasser, lui qui est en train de mener le club vers la catastrophe. Le Mouloudia a besoin d'un président fort, Elimam ne peut même pas récupérer votre permis de conduire, en cas de retrait. Je crois que Djebbari reste le président idéal pour le MCO.
Raouraoua précise
Suite à l'attaque dont il a fait l'objet de la part de Mezaïr, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, a tenu à nous apporter une précision de taille au sujet de l'éviction de Mezaïr avant la CAN 2004. «Si Mezaïr a été écarté, c'est tout simplement parce que les résultats des tests antidopage qui nous ont été retournés par la FIFA ont révélé que Mezaïr a été contrôlé positif. J'ai donc fait préserver l'intérêt national en écartant Mezaïr, je n'ai jamais été injuste avec lui», dira le patron de la FAF.


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