Comme il fallait s'y attendre, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), victime d'un lynchage médiatique sans commune mesure, ces derniers mois, a décliné l'offre qui lui a été faite par l'ENTV pour participer à l'émission politique diffusée en différé le mercredi. Raisons invoquées : le rôle de propagande, de manipulation, de mensonge, de stérilisation culturelle et de désinformation dont l'Unique est devenue le principal instrument. “Ce ne sont pas les images truquées, les propos diffamatoires ou les émissions différées, préalablement filtrées par les officines du service de l'ombre, qui réconcilieront nos concitoyens avec leur télévision. Vous conviendrez qu'en attendant de voir la télévision nationale restituée au peuple, le devoir de tout Algérien est de ne pas servir d'alibi ou de proie à la désinformation, en boycottant les médias réduits à des structures de propagande”, a affirmé, hier, le RCD dans une lettre adressée au ministre de la Communication. Victime souvent d'attaques, lorsque ce n'est pas de la manipulation, le RCD a depuis longtemps décidé de tourner le dos à l'Unique en raison des partis pris dans les couvertures médiatiques. Les derniers “faits d'arme” de l'ENTV : lors de la marche du 12 février dernier, elle avait annoncé la participation de 250 manifestants, avant d'annoncer le même jour la libération de… 300 interpellés. Dans les semaines suivantes, elle a présenté au JT de 20 heures, selon le RCD, des interviews de personnalités de l'opposition dont le président du RCD, alors qu'elles n'ont pas accordé le moindre entretien à l'ENTV. “Cette institution est l'instrument majeur de la politique de stérilisation culturelle et artistique et de la désinformation de la vie publique”, écrit le RCD, ajoutant que “malgré le tsunami politique et social qui secoue l'Algérie et notre région, la télévision, inébranlable, n'a rien entendu et rien appris ; le traitement réservé aux mouvements sociaux ou aux manifestations politiques ne déroge en rien aux traditionnelles manipulations qui exaspèrent le peuple algérien depuis toujours”. “Pis, la télévision semble, par certains aspects, redoubler de cynisme en ajoutant la provocation au mensonge”, soutient-il encore. Le RCD, qui a salué le “sursaut de dignité” des journalistes des médias publics, rappelle l'impératif de l'instauration d'une instance indépendante de surveillance et de régulation des médias, seule garante d'un service public de qualité. “Il s'agit de restaurer la télévision dans son rôle de service public et de lui garantir l'impartialité dans le traitement de l'information”. Par ailleurs, il a réitéré la nécessité de l'ouverture de l'audiovisuel, un chantier que le pouvoir se refuse toujours, à ce jour, d'ouvrir. “Soyez cependant assuré, M. le ministre, que la libération des médias audiovisuels publics est un objectif fondamental de notre combat et qu'à ce titre, si vous êtes encore en poste, nous aurons sûrement l'occasion de nous retrouver dans un débat vital pour la dignité, la cohésion et de le développement de notre pays”, conclut la missive. Karim Kebir