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UN GENERAL TIRE SUR BOUTEFLIKA
L'Ancien Ministre de la Défense porte de Graves Accusations contre le Chef de l'Etat
Publié dans Liberté le 11 - 10 - 2003

Le Général a la Retraite Critique Violemment le Président
Nezzar tire sur Bouteflika
L'ancien ministre de la Défense a été abondant en révélations.
Graves accusations contre le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, virulentes attaques contre le président de la République, intrigantes révélations sur Saïd Bouteflika, sérieux sentiment sur l'état d'esprit des chefs militaires.
Le général à la retraite Khaled Nezzar, dans un entretien paru, hier, dans Le Soir d'Algérie, a-t-il parlé au nom de ses “anciens compagnons” ou bien simplement à titre individuel ? Dans les deux cas, son influente personnalité et l'importance de ses fonctions passées donnent incontestablement du poids à ses déclarations. Dont celles contenues dans cet entretien de trois pages. Synthèse.
À l'encontre de Abdelaziz Belkhadem, l'ancien ministre de la Défense et membre du Haut comité d'Etat (HCE) lance des accusations dont la gravité ne peut avoir d'égale qu'une défense à la fois rapide, vigoureuse et sans failles.
Le chef de la diplomatie algérienne serait coupable de trahison, voire, indirectement, de complicité de meurtre.
Le chef de la direction Asie au ministère des Affaires étrangères aurait été “exécuté (…) quelques jours” après avoir fait “un rapport à sa hiérarchie qui met en cause Abdelaziz Belkhadem” concernant des “conversations”, censées être tenues secrètes, qu'avaient eues ce dernier et “Abdelhamid Mehri avec les membres du HCE”. Selon Nezzar, Belkhadem, “hôte de l'ambassade d'Iran — que les “fonctionnaires” iraniens avaient transformée en un poste de commandement à partir duquel étaient ordonnées et coordonnées les actions terroristes de Gousmi et consorts —, fera un compte-rendu fidèle au diplomate iranien de la teneur des conversations.” Le responsable de la direction Asie était présent.
On peut légitimement s'interroger sur l'opportunité de cette accusation, considérant le fragile mode de désignation des hautes responsabilités au sein de l'Etat, l'essentiel étant cependant que ce poste de souveraineté qu'offrent les A. E. puisse, puisqu'il le doit désormais, se hisser à la hauteur de cette souveraineté. Khaled Nezzar qualifie la démarche de M. Abdelaziz Bouteflika de logique et de psychopathologique. Il dit prouver, “par des faits et des arguments irréfutables, qu'il mène l'Algérie vers la catastrophe. (…) Il règne en sultan comme si l'Algérie lui appartenait de droit divin. (…) Il fait de l'administration un instrument partisan au service de son ambition, il ridiculise la justice (…) et court, sans raison diplomatique valable, d'un coin à l'autre de la planète, il dilapide l'argent du pays. (…) Il donne un second souffle au terrorisme”.
Nezzar, qui dément vouloir “régler des comptes personnels”, ajoute : “Les fumigènes actuels tendent à opacifier l'approche pour bénéficier de l'effet de surprise. Cet homme, patient, rusé et sans scrupule, n'est jamais autant dangereux qu'au moment où il multiplie les bonnes paroles et les caresses”. Il reproche à la famille Bouteflika ses aspirations “à devenir une dynastie” et au chef de l'Etat sa tendance à céder “à (son) cadet et à (ses) copains de grands pans du pouvoir.” Le général à la retraite fait aussi des révélations sur Saïd Bouteflika, conseiller du Président. “Nous savions, dit-il, depuis plusieurs semaines, que le “grand” stratège Saïd Bouteflika cherchait à déclencher des zizanies tribales dans les Aurès et des émeutes à Batna afin de réduire la dimension de (Ali) Benflis à un trublion régionaliste.”
Remarquons que le général dit “nous”. Il cite également le ministre de l'Intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni, lequel “prouve tous les jours qu'il a fait de l'institution (le ministère de l'Intérieur, ndlr) un corps de bataille au service de son ami Abdelaziz Bouteflika”.
Et le wali d'Alger, Abdelmalek Nourani, “à qui, dans la même journée, on fait signer une chose et son contraire”. Il commente : “Lorsqu'on accepte d'être humilié de la sorte, on ne doit pas s'étonner d'être traité d'opportuniste et de marionnette.” Il met en garde après, citant “quelqu'un” qu'il “engage les apprentis sorciers à prendre au sérieux” : “Ceux qui prétendaient nous faire revenir à l'avant-Janvier-1992 nous trouveront toujours devant eux !” Khaled Nezzar souligne, enfin, que la “réserve que s'est imposée l'ANP dans toutes ces affaires de désinformation n'est la conséquence ni d'un sentiment de culpabilité, ni d'une incapacité à communiquer, ni d'une habitude paralysante héritée du temps où le culte du secret était une véritable paranoïa ; elle provient du légalisme de l'institution ciblée qui ne voulait pas sortir de son cadre et de ses prérogatives pour mener une contre-offensive médiatique.” La confusion actuelle ?
La guerre ouverte autour du FLN ? La présidentielle ? “L'institution concernée au premier chef par la stabilité du pays est plus que jamais vigilante.”
LyÈs Bendaoud
L'homme à la Canne, Militaire à Vie
“(…) J'étais plus que réticent en 1999, mais je me suis rallié au consensus.” Khaled Nezzar, figure de proue de l'Armée algérienne, sans doute un des symboles du régime, n'est plus en proie au doute. Pour lui, Abdelaziz Bouteflika est un danger pour le pays. L'enfant des Aurès avait, en 1999 précisément, traité le chef de l'Etat, alors candidat à l'élection présidentielle anticipée, de “vieux canasson.” Mais il s'est ravisé, quelques jours plus tard, vantant même les qualités de “Si Abdelkader”. Quatre ans après, juge-t-il, ce dernier n'a rien compris aux enjeux vitaux du pays.
Les propos de Nezzar peuvent-ils être pris comme de vulgaires états d'âme ? Pas sûr. Pas sûr du tout. L'homme a pris de l'envergure, devenant justement un homme de décision ou, à défaut, d'influence.
Chef d'état-major adjoint des armées en 1984, commandant des Forces terrestres en 1986, chef d'état-major en 1988, il demeure le seul ministre de la Défense algérien à avoir exercé la fonction sans avoir été président de la République. Son rôle, en 1992, dans le choix de Mohamed Boudiaf à la tête du Haut comité d'Etat (HCE), dont il était membre, a été prépondérant.
Il est resté ministre de la Défense jusqu'en juillet 1993, léguant sa place à Liamine Zeroual, désigné candidat — du régime — à l'élection présidentielle de 1995. Ses déclarations ont souvent suscité l'intérêt et l'analyse. Cette fois encore, il semble curieusement s'exprimer à la place d'une institution acculée au silence par le poids des accusations, parfois des préjugés.
Car, même à la retraite, un général reste militaire jusqu'au bout. Nezzar a révélé, accusé et mis en garde. L'homme de décision et d'influence a certainement calculé son coup. Sinon, il n'aurait rien dit.
L. B.
Assassinat de Sallah Fellah le 7 décembre 1992
Belkhadem impliqué ?
C'est un véritable pavé dans la mare que le général à la retraite, Khaled Nezzar, a jeté hier, dans l'entretien qu'il a accordé au quotidien Le Soir d'Algérie. Il dira, en parlant de l'actuel ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem : “Le personnage a fait parler de lui au moment où certains fonctionnaires iraniens avaient transformé l'ambassade de leur pays en un poste de commandement, à partir duquel étaient coordonnées les actions terroristes de Gousmi (chef des GIA, ndlr) et consorts.” Les accusations de Khaled Nezzar en direction du chef de la diplomatie algérienne, président de l'APN, à l'époque, sont graves.
En rappelant que Belkhadem, “hôte de l'ambassade d'Iran, en même temps que le responsable de la direction générale Asie et Océanie des Affaires étrangères, fera un compte-rendu fidèle au diplomate iranien de la teneur des conversations que lui-même (Belkhadem) et Abdelhamid Mehri avaient eues avec les membres du Haut comité de l'Etat (HCE)”.
Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères de Bouteflika n'est pas seulement accusé d'intelligence avec le régime des mollahs dans la stratégie d'exporter leur “révolution, leur république islamique” en Algérie, mais de plus grave que cela.
Si Khaled Nezzar ne lui impute pas directement l'assassinat du fonctionnaire qui l'accompagnait et qui avait rendu compte du complot qui se tramait contre le pays à sa hiérarchie quelques jours après, le général à la retraite soulignera, toutefois, que “le chef de la direction Asie, le regretté F… fera, bien sûr, un rapport à ses supérieurs, qui met en cause Abdelaziz Belkhadem. Quelques jours plus tard, ce fonctionnaire algérien sera exécuté”. Le lien entre les activités de l'ancien président de l'APN et l'assassinat du responsable au département des Affaires étrangères est clair, l'accusation aussi.
En fait, selon nos informations, le fonctionnaire qu'évoque l'ancien ministre de la Défense est Sallah Fellah, tué par des terroristes, au moment où il sortait de son domicile à Saoula (à l'ouest du littoral algérois) le 7 décembre 1992. La photo de ce fonctionnaire, qui serrait la main au diplomate iranien, a été publiée dans la presse algérienne quelques jours avant son assassinat.
Hier, nous avons tenté vainement de prendre contact avec Abdelaziz Belkhadem pour avoir sa réaction à la déclaration de Khaled Nezzar qui l'accable de graves accusations.
Saïd Rabia
Saïd Bey écorche la concorde civile de Bouteflika
“Nous avons capturé les terroristes”
Les terroristes “ne se sont pas rendus, ils ne se sont pas repentis, nous les avons capturés.” Parole d'un général…
Le général major Saïd Bey, chef de la Ve Région militaire, a fait, vendredi, une allusion lourde de sens à l'endroit de la politique de Bouteflika. C'est du moins ce que suggère son message à propos des 28 terroristes capturés, lors de l'opération menée avec succès dans les maquis des Babors. “Je précise bien qu'ils ne se sont pas rendus, on les a capturés !”, a-t-il martelé sur un ton grave qui sonne comme une mise au point, un rappel à l'ordre. C'était à l'occasion de la conférence de presse que le général a animée au terme de l'opération qui a permis, aux forces de l'ANP, de mettre hors d'état de nuire 10 terroristes et de capturer 28 autres dans les monts situés entre les wilayas de Sétif et de Bordj Bou-Arréridj. Le visage fermé, Saïd Bey, qui faisait là sa première apparition à la télévision nationale, voulait visiblement remettre les choses à leur place. Corriger une politique, voire montrer à l'opinion publique les limites de cette même politique. Il s'agit bien sûr de la concorde civile prônée par le président de la République. Ce dernier ne rate quasiment aucune tribune pour clamer haut et fort “le succès” de sa concorde, en terme de nombre des repentis.
C'est sans doute ce triomphalisme béat de Bouteflika que l'officier supérieur a voulu mettre entre guillemets en insistant sur le fait que les 28 terroristes ne se sont pas rendus, mais ont été capturés après de rudes accrochages avec les forces de l'armée.
Le message est on ne peut plus clair : ce n'est pas la concorde qui va éradiquer le terrorisme mais la lutte sur le terrain. Cette lecture du discours du général major est d'autant plus plausible qu'il a pris le soin d'utiliser le mot “repenti”, comme pour reprendre le lexique présidentiel consacré. “Ils ne se sont pas repentis, ils ont résisté jusqu'à l'épuisement de leurs munitions…”, assène encore Saïd Bey qui tenait manifestement à apporter cette précision. Une précision qui cadre mal avec le discours de Abdelaziz Bouteflika sur la concorde. Elle suggère également que les résultats de cette loi, adoptée en 1999, sont discutables, et que seule la lutte des troupes de l'ANP sur le terrain est de nature à juguler le phénomène terroriste. Faut-il pour autant y voir un désaveu de la hiérarchie militaire à l'égard de la démarche politique du président de la République ?
En tout cas, la sortie médiatique du général major prend l'allure d'un véritable coup de pied dans la fourmilière, surtout dans ce contexte pré-électoral marqué par des tirs croisés en direction de Bouteflika. Il faut néanmoins rappeler que, lors du fameux colloque international sur le terrorisme, organisé il y a une année, un autre général major avait estimé, dans son exposé, que la concorde civile avait “incontestablement abouti à des résultats probants” sans nier bien entendu le fait que le terrorisme n'était pas encore éradiqué. Mohamed Touati, puisque c'est de lui qu'il s'agit, avait même déclaré alors devant les journalistes : “Nous soutenons la concorde civile.” Il est vrai aussi que depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
La volonté de Bouteflika d'aller au-delà des dispositions contenues dans cette loi pour brasser le plus large possible dans les milieux islamistes n'est certainement pas appréciée par ceux qui sont engagés sur le terrain pour combattre l'hydre intégriste.
C'est peut-être dans ce registre qu'il faudrait insérer la déclaration de Saïd Bey, histoire de marquer la ligne de démarcation entre le discours politique du Président et la réalité du terrain que nous donne à voir la hiérarchie militaire.
Le général Bey a-t-il donc marqué les distances entre l'armée et le Président ?
Hassan Moali
Nezzar l'accuse de fomenter des troubles à Batna
Saïd Bouteflika séditieux ?
Graves accusations que celles portées par le général à la retraite Khaled Nezzar contre Saïd Bouteflika, frère et tout-puissant conseiller du président de la République. N'allant pas avec le dos de la cuillère, Khaled Nezzar a soutenu dans un entretien accordé, hier, au Soir d'Algérie : “Nous savions depuis plusieurs semaines que le “grand” stratège, Saïd Bouteflika, cherchait à déclencher des zizanies tribales dans l'Aurès et des émeutes à Batna, afin de réduire la dimension de Benflis à un trublion régionaliste.” Clair, net et précis. Saïd Bouteflika se serait rendu coupable d'une tentative de fomenter une sédition dans les Aurès en montant les tribus chaouïes les unes contre les autres.
Poussant le bouchon plus loin, Nezzar a accusé le frère du Président d'avoir essayé de provoquer des émeutes à Batna, dans le seul objectif d'écorner la dimension politique du plus sérieux et coriace concurrent, avec lequel le Président-candidat risque de croiser le fer lors de la prochaine joute électorale. Si ces agissements dangereux sont avérés — peut-on vraiment remettre en cause la bonne foi du général à la retraite ? —, Saïd Bouteflika se serait rendu coupable d'atteinte à l'ordre public. Un acte passible de poursuites judiciaires. Les accusations sont d'une immense gravité. Ce qui mérite au moins une réaction de la part du mis en cause. À trois reprises, nous avons essayé de le joindre par téléphone, pour commenter les accusations portées contre lui par Nezzar. Sans succès.
Ce qu'il faut dire, c'est que Saïd Bouteflika n'est pas à sa première accusation. Mais à chaque fois, il fait le dos rond.
En outre, dans son entretien, Khaled Nezzar n'a pas été très amène avec le président de la République, à qui il prête la même volonté de troubler l'ordre public. En donnant l'ordre d'autoriser le congrès du FLN et en signifiant deux heures après le contre-ordre, le président Bouteflika n'a cherché, accuse Nezzar, qu'à “provoquer l'émeute populaire afin d'inscrire l'irréparable au bilan de son compétiteur”.
A. C.
Après une Traque sans Relâche des katibats El-Fath et Es-Sunna
Les Monts des Babors nettoyés
Près de 3 000 militaires, du matériel lourd et des hélicoptères ont été déployés pour ratisser la zone.
À la porte des Babors, il y a la commune du même nom. Cible privilégiée des attaques terroristes, cette région, nous a-t-on affirmé, était restée “interdite”, pendant longtemps. À quelques encablures de la caserne installée depuis 1994, les forces de l'ANP, dirigées par le général Saïd Bey, chef de la Ve Région militaire, ont élu leur poste de commandement avancé sur le terrain faisant office de stade municipal de football. Situé à l'écart de l'agglomération urbaine, il abrite ainsi le quartier général de l'état-major et des forces combinées. Des tentes y sont dressées, plusieurs véhicules lourds y stationnent depuis le début des opérations de ratissage des monts des Babors, déclenchées le 11 septembre dernier. Une opération qualifiée de franc succès tant elle aura permis de libérer cette région comme cela fut le cas avec Boutaleb, une autre localité avoisinante ayant subi le même triste sort. Désormais, il n'y aura plus de “fief des Babors”, avait précisé le général Ammar, un des commandants de cette opération, comme pour affirmer que la région est définitivement sécurisée.
Ce ratissage est survenu après des années de traque des groupes terroristes qui, pendant les premières années de la violence terroriste, utiliseront ces montagnes comme région de transit. C'est ce que nous avanceront des éléments de l'armée désignés pour notre escorte pour visiter le refuge des terroristes et de leurs familles. Avec la lutte antiterroriste, de plus en plus structurée et efficace, les katibats Es-Sunna et El-Fath, pourchassées à travers le maquis et lâchées par les populations, ont élu domicile dans les Babors, précisément dans le lieu-dit El-Khanga El-Hamra. Le relief accidenté, par endroit, et fortement boisé, de l'autre, sera un rempart naturel idéal à toute intrusion. Ce qui leur permettra d'y passer, plusieurs années sans s'inquiéter d'être découverts, d'autant que la terreur qu'ils sèmeront au sein des hameaux, implantés à une dizaine de kilomètres aux alentours, poussera les habitants à fuir. De ce fait, il n'y avait plus le moindre risque de menace ou de dénonciation jusqu'à ce jour du 11 septembre 2003... Il a fallu, toutefois, des informations précises et pointilleuses pour que l'ANP arrive à découvrir les trois casemates servant de “domicile” aux terroristes et à leur familles. Le commandement refusera de nous dévoiler la nature de ces informations et leurs sources. Mais, vraisemblablement, le démantèlement d'un réseau de soutien serait à l'origine de cette réussite. En l'an 2000, nous dira un officier, les forces de l'armée, au courant de l'existence de groupes terroristes dans El-Khanga El-Hamra, y ont déjà procédé à un bombardement aérien.
Gênées par la tombée de la nuit, elles rentreront au QG pour reprendre leur mission le lendemain. Sur place, elles découvriront des traces de sang, mais point de corps, elles concluront donc au replis des terroristes alors que ces derniers étaient encore planqués dans des grottes à proximité. Ce n'est que récemment qu'elles apprendront de la bouche d'un terroriste arrêté que lors de cette même offensive aérienne, cinq de ses acolytes ont été abattus. Il leur désignera, alors, l'endroit où les cadavres étaient ensevelis, une information juste et vérifiée. L'armée a aussi investi ce terrain depuis, et l'a même ratissé pendant vingt jours, a-t-on appris, sans grand succès. Les casemates étaient tellement camouflées qu'il leur était impossible de soupçonner jusqu'à leur existence.
Une Aire désertée par ses habitants
Agissant sur informations, l'opération de septembre sera la bonne. Les forces antiterroristes, composées d'éléments de l'ANP, de la gendarmerie et de Patriotes, investiront ce fief des katibats El-Fath et Es-Sunna. Sur une distance de 13 km, où la végétation s'enchevêtre pour donner des allures de jungle, l'armée va se déployer. Tout donne à croire que pas l'ombre d'un être humain ne s'y soit aventurée depuis des lustres. Effectivement, c'est le cas et pour preuve, l'absence de tout signe de vie ou encore ces sous-bois composés d'arbustes de mûres sauvages qui ont gagné du terrain et obstrué les passages. On se serait cru dans une forêt vierge, tant les cèdres, les platanes et tant d'herbes sauvages avaient pris le temps d'envahir le site.
Le chemin poussiéreux, étroit et sinueux, qui nous emmena à la lisière de la zone interdite, s'est avéré long et éreintant. Même les véhicules tout-terrain à bord desquels les journalistes effectueront le déplacement semblent avoir du mal à rouler normalement. Parti du poste avancé du commandement vers treize heures dans la journée de vendredi dernier, il faudra compter 30 à 40 minutes pour voir pointer le mont Tababor. La vallée qui s'étend à ses pieds est surnommée la Place des terroristes. Selon les témoignages recueillis, ils se retrouvaient à cet endroit fréquemment à chacune de leurs sorties. Les éléments de l'armée et des forces combinées ont pris, depuis, position à ce niveau et ont posté des sentinelles sur les hauteurs…
Avant de donner l'assaut final, l'ANP, selon les affirmations des responsables de l'opération, le général Ammar et l'officier Bouderssa, avait sommé les terroristes de se rendre en lâchant des tracts et en utilisant le mégaphone. Terrés dans leurs trous, les membres d'El-Fath et d'Es-Sunna garderont le silence. La présence de femmes et d'enfants, nous a-t-on assuré, avait dicté la prudence dans l'utilisation de la force, ce qui, en somme, retardera l'opération de plusieurs jours. Le recours aux bombes lacrymogènes donnera les résultats escomptés, les terroristes finiront par s'exposer. Auparavant, la femme d'un terroriste est sortie jurant tous ses dieux qu'il n'y aurait aucun homme à l'intérieur des grottes. Hayet, nous raconta un militaire, ayant pris part à cette offensive, essayera à moult reprises de les en dissuader prétextant la présence uniquement de femmes et d'enfants sur les lieux. La katibat Es-Sunna fera montre de plus de résistance et était mieux armée. Elle ne compte aucun mort parmi ses éléments, ils seront tous capturés… “Ils ne se sont pas rendus, ils se sont battus jusqu'à la dernière cartouche”, tiendra à préciser le général Saïd Bey, comme pour détruire tout de go le vocable de “repenti”, devenu usuel dans le sillage de la concorde civile.
Concernant katibat El-Fath, elle sera entièrement anéantie. Le bilan officiel de cette opération est de 10 morts, 28 prisonniers dont une femme. Dans les rangs de l'ANP, il est à déplorer deux morts et 11 blessés. Le butin de cette opération se traduit par la récupération de plusieurs dizaines d'armes automatiques et semi-automatiques, de grenades artisanales, de munitions, d'un cachet humide et de produits explosifs dont 7kg de TNT. 25 femmes et 81 enfants seront libérés. La municipalité de Babor a réquisitionné, de nuit, un hammam pour permettre à toutes ces familles de se laver… “Ils ont évolué longtemps dans un environnement insalubre qu'il était impossible de les approcher”, a-t-il soutenu. Et d'ajouter que les militaires feront une quête pour acheter des habits et des sucreries aux enfants. Lesquels pour l'anecdote, taxeront de taghout toute personne voulant s'approcher d'eux et n'ayant pas le look afghan de leurs parents.
Le ratissage des Babors, qui a mobilisé 3 000 personnes et autant de matériels lourds soutenu par des hélicoptères, s'est effectué sur une zone non négligeable estimée à 150 km2.
N. D.
Les terroristes capturés n'éprouvent “aucun regret”
Parmi les terroristes capturés, on compte deux “émirs” régionaux, en l'occurrence Boubettache Youcef, alias Abou Abderrahmane, et Chirek Khaled, alias Yassine El-Harrachi, de la katibat Es-Sunna. Aussi, un ex-officier militaire radié des rangs de l'ANP avant qu'il ne rejoigne le maquis et de deux déserteurs. Six à sept terroristes ont toutefois réussi à se défaire des maillons du filet de l'armée lors de ce ratissage et auront pris la clés des champs.
Pour le chef du commandement de la Ve région militaire et ses officiers, il serait hors de question de parler de terrorisme résiduel… “S'il ne reste que dix terroristes sur tout le territoire, cela signifie que le danger persiste et la vigilance de mise”, sera-t-il soutenu.
Encore une fois, l'armée se démarque du discours politique qui minimise l'activisme terroriste et nuance les propos face à ce danger. Un danger qui sera décelable à travers les réponses de quatre terroristes présentés à la presse. Les convictions qui les pousseront à rejoindre le maquis, entre 1993 et 1994, ne se sont pas pour autant émoussées. Le projet immuable de l'état islamiste est toujours ancré dans leurs esprits même si sa réalisation n'est pas à portée de main pour le moment, comme le laissera entendre l'“émir” Abou Abderrahmane, originaire de la région, mais ayant grandi à Oued Semar à Alger. Âgé de 33 ans, il sera intronisé à la tête de katibat Es-Sunna par l'“émir” de la région Abou Omeïr. Ce bras droit de Hacène Hattab quittera les monts des Babors deux mois avant l'opération de ratissage laissant femmes et enfants. Aurait-il eu vent des intentions de l'armée ou y aurait-il d'autres raisons à son absence ? Aucun commentaire ne sera fait à propos de son départ.
Qu'il s'agisse de Abou Abbas, de Abou Tourab, de Madi Abdesslam, connu sous le sobriquet de Sayeh, chargé de l'atelier explosif, aucun remords ni regret ne seront exprimés. Ils iront jusqu'à déclarer ne pas participer ni organiser d'action depuis belle lurette. Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir opté pour une reddition dans le cadre de la loi sur la concorde civile ? “Nous avions entendu parler d'un projet d'amnistie générale, mais nous avions préféré attendre”, a rétorqué l'expert en explosif. Allusion à la concorde nationale…?
N. D.
Le Président du Sénat courtise l'institution Militaire
Bensalah sur les traces de Bouteflika
Lors d'une conférence sur la défense nationale, Bensalah a répété mot pour mot une déclaration du chef de l'Etat.
“Les partis politiques peuvent changer de programme et les associations de trajectoire, mais l'ANP reste la colonne vertébrale de l'Etat”, a affirmé de but en blanc le président du Conseil de la nation à l'ouverture des deuxièmes journées parlementaires sur la défense nationale. La déclaration du deuxième personnage de l'Etat aurait pu ne susciter aucun commentaire, si elle n'était la reprise d'un discours donné par le président de la République au cours de sa visite à Batna, au début de ce mois d'octobre. De toute évidence, le cercle présidentiel (il est de notoriété publique que A. Bensalah compte parmi les proches du chef de l'Etat) tente de faire comprendre à l'opinion publique que l'armée, même si elle donne l'impression, aujourd'hui, d'observer une certaine neutralité dans la crise politique que vit le FLN et par ricochet la guerre déclarée entre Ali Benflis et Abdelaziz Bouteflika autour de la présidentielle du printemps 2004, saura faire, au moment opportun, son choix sur le candidat qu'elle placera à la magistrature suprême. Une fois son message lancé, le président du Sénat a quitté la salle, laissant le soin à Me Mohamed Réda Boudiaf d'engager le débat sur le rôle du Parlement dans la défense nationale. Le sénateur a relevé que la Constitution de 1996 ne donne pratiquement pas la possibilité aux députés et aux sénateurs d'intervenir dans ce domaine, réservé exclusivement à l'institution militaire et dans une moindre mesure à l'Exécutif. “L'examen de la loi de finances offre périodiquement au Parlement l'opportunité de débattre des besoins matériels de l'armée”, a-t-il soutenu. Sans laisser de place à l'ambiguïté, il a immédiatement précisé que ce débat pèche par un manque effarant d'informations sur le propos, en raison de la confidentialité toujours de mise de la stratégie de la défense nationale ou plutôt de la sécurité nationale.
Le général à la retraite Abdelhamid Djouadi a jugé nécessaire de sortir le concept de défense nationale de son abstraction qui exclut toute notion de menace autre que celle inhérente à une attaque militaire extérieure. Il a cité l'exemple de l'intégrisme religieux qui a plongé le pays dans une inextricable spirale du terrorisme. “La définition de défense nationale englobe aussi la protection des biens et des personnes, la sécurité économique…”, a énuméré l'ancien haut officier de l'ANP. Dans son intervention, il a mis en relief l'impératif de ne plus préserver la sécurité nationale uniquement militairement, mais aussi en privilégiant au besoin des choix politiques. Abondant dans le même sens, Me Boudiaf a plaidé pour une plus grande lisibilité dans la politique sécuritaire. Aujourd'hui, à l'Ecole militaire polytechnique, des officiers en exercice devront donner leur avis sur la question.
Souhila Hammadi


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