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“Relancer la coopération sur des fondements pragmatiques”
Camille Sari, économiste, Professeur à la Sorbonne, à Liberté, à propos des relations algéro-françaises
Publié dans Liberté le 15 - 06 - 2011

Dans un entretien accordé à Liberté, le Docteur Camille Sari expose les conditions de mise en place de relations apaisées, basées sur le respect et l'intérêt mutuels.
Liberté : Comment arriver à un partenariat gagnant-gagnant entre l'Algérie et la France ?
Dr Camille Sari : pour la petite histoire, en 1987, lors de ma première participation à la Foire d'Alger avec 20 sociétés de la région de Montreuil-sous-Bois, notre regroupement affichait comme mot d'ordre le partenariat mutuellement avantageux. Les diplomates français raillaient ce «concept venu des pays de l'Est». Maintenant, c'est repris par tout le monde. Le conseil que je donnais à mes entrepreneurs français est d'inscrire leur action dans la durée et de ne pas faire des “coups” sans lendemain. J'encourageais les sociétés à développer des activités en Algérie, y compris dans la sous-traitance et la coproduction. Ce qui fut fait par CR2J dans le domaine des appareils de traitement de l'eau, de Quinette dans l'installation des fauteuils, de AVS dans les équipements de la télévision...et je peux citer des dizaines d'exemples. Les sociétés françaises n'ont pas su développer ce type de relation.
Peut-être que les sociétés algériennes ne l'ont pas exigé comme le font les Chinois. Il y avait aussi un problème de productivité et de conditions de compétitivité insuffisantes pour que ce soit mutuellement avantageux. Je me souviens de la société Bapaume qui a cherché à délocaliser une partie de ses activités de fabrication de circuits imprimés mais les coûts de production étaient élevés. Procédés Hallier, une société dirigée par un Franco-Algérien, a cherché désespérément à délocaliser sa production de luminaires à Béjaïa, avant de se heurter au prix exorbitant du foncier. Il ne suffit pas d'avoir la volonté politique, mais les conditions de production et la réglementation doivent être au rendez-vous.
Comment compte faire la France pour contrebalancer la présence de plus en plus visible des Chinois en Afrique et plus particulièrement en Algérie ?
Le temps où des Algériens allaient faire leurs emplettes à Marseille est terminé. Les importations par les cabas, qui s'élevaient jusqu'à 7 milliards de francs dans les années 1980, ne sont plus de mise. Les produits chinois arrivent sur le marché algérien et partout en Afrique en quantité et en prix abordables pour la ménagère. Dans certains créneaux comme le textile, la chaussure, l'électroménager et autres biens de consommation, l'offre chinoise est imbattable. Mais attention à la qualité et aux risques hygiéniques et sanitaires.
La France doit se concentrer sur des produits moyens et haut de gamme avec un niveau technologique inatteignable, pour le moment, par les Chinois, comme l'aéronautique, les biens de consommation classés luxe et spécifiquement “french touch'', le traitement de l'eau, le métro et le TGV, les énergies renouvelables, le nucléaire, le pétrole, la chimie, pharmacie et parapharmacie et l'agro alimentaire. J'avais écrit dans mon récent ouvrage, “Algérie et Maroc, quelles convergences économiques ?”, qu'à court terme l'Algérie ne pourrait pas espérer attirer des investisseurs en vue de fabriquer des biens destinés à la réexportation, car ses structures industrielles, son niveau de productivité et les lacunes en matière de management, en plus de l'instabilité législative, empêchent d'atteindre les standards internationaux . Par contre, il est tout à fait possible, et même souhaitable d'encourager (en assouplissant les réglementations en vigueur) des industries de substitution aux importations.
L'Algérie importe tout et j'ai dénoncé le lobby des importateurs qui veulent maintenir le statu quo. Il est possible de satisfaire au moins partiellement les besoins de la population par une production nationale en développant des coproductions avec les sociétés françaises, eu égard à la proximité géographique et à la facilité de communiquer dans la langue de Molière dans les produits de première nécessité et pharmaceutiques. Cette tâche sera d'autant aisée que le marché algérien sera intégré régionalement. Un marché de 26,6 millions d'habitants n'a pas le seuil critique pour générer des économies d'échelles. Par contre, lorsque l'on raisonne en termes d'un marché de 90 à 100 millions d'habitants, cela change tout. La sidérurgie algérienne et les grandes sociétés nationales étaient configurées pour le marché maghrébin, voire plus largement à l'échelle africaine.
Pourquoi est-il nécessaire de doper les relations entre les deux pays, et comment y arriver ? D'un côté, c'est J.P. Raffarin qui est M. Algérie, et de l'autre c'est le ministre de l'Industrie, Benamadi, qui est M. France : qu'est-ce qui s'est fait jusqu'ici de concret et comment faire pour éviter que les dossiers qui fâchent n'occultent ou parasitent l'essentiel des relations économiques qui se sont, malgré tout, maintenues par ailleurs, à un niveau acceptable ?
Un industriel français qui venait en Algérie depuis 1969 disait, la France et l'Algérie sont comme un couple qui a divorcé mais qui ne cesse de s'aimer. J'ai vécu depuis 1986 des hauts et des bas dans les relations algéro-françaises et je dois dire franchement que les torts sont partagés, mais je ne suis pas en position de juge et je ne pourrai en donner la part incombant à l'autre. Chaque mot ou geste venant de la France était décortiqué et là aussi il y a un lobby qui n'a jamais accepté l'indépendance de l'Algérie, mais il est ultra minoritaire.
Je pense que l'Algérie et la France doivent repartir sur des bases rationnelles et pragmatiques. Les secteurs sur lesquels travaillent les deux parties présentent un intérêt mutuellement avantageux.
La France a une avance technologique dans le ferroviaire, le verre, l'eau et les énergies renouvelables, l'assurance et la banque, l'ingénierie et les nouvelles technologies, la formation, l'agro-alimentaire. L'Algérie a besoin de transfert de technologies dans ces domaines. Mais à un moment donné, il convient de poser le problème régionalement ; quelles coopérations entre l'Union européenne et un Maghreb économique à construire ?


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