Le véhicule neuf au cœur de la spéculation Le phénomène, qui s'amplifie, a commencé au milieu de l'année 2010. Alors que les véhicules d'occasion ayant circulé moins de 80 000 km sont vendus au prix du neuf (bizarre !), les véhicules immatriculés 00-16 sont cédés à des prix astronomiques avec des marges bénéficiaires aberrantes. Rien n'est à l'abri de la spéculation qui, autrefois, touchait le foncier, l'immobilier, la devise étrangère et autres médicaments. La tendance étant à l'aggravation, le véhicule neuf est touché de plein fouet par un trafic qui ne dit pas son nom. Et rien ne pourrait arrêter ce phénomène, y compris la législation en vigueur, sinon la disponibilité du produit chez le concessionnaire dûment agréé par la maison mère. En effet, depuis quelques mois, le véhicule neuf est vendu à des prix astronomiques sur le marché informel. La raison : une forte demande sur certains modèles et certaines séries de voitures les plus prisées en Algérie. Les marges bénéficiaires étant largement suffisantes pour un gain facile, le segment A est cédé à 100 000 dinars de plus par rapport au prix du concessionnaire. Ce trafic touche généralement les voitures neuves allant de 650 000 à 990 000 dinars. Suivra les segments B et C où les marges atteignent les 150 000 et 200 000 dinars et qui concernent les véhicules neufs allant de 1,2 à 1,8 million de dinars. En revanche, les écarts sont de l'ordre de 300 000 à 500 000 dinars, selon les modèles, et touchent les segments des 4x2 et des 4x4 (neufs) dépassant les 2 et 3 millions de dinars ! Du jamais vu sur le marché automobile d'autant qu'un choix extraordinaire, qui se chiffre en centaines de modèles, est disponible chez les concessionnaires automobiles et les points de ventes agréés (PVA). Au marché comme au marché, certains spéculateurs commandent des modèles et les mettent en vente sous prétexte “d'avoir un besoin pressant d'argent pour payer l'appartement”. Un argument facile. Mais un leitmotiv qu'on retrouve chez tous ces vendeurs en herbe. Mensonge ! Car, et pour les besoins d'une simple comparaison, il va falloir alors glaner 15 fois la somme de certains modèles de voitures pour prétendre acquérir un simple F3 sans acte de propriété ! Mais cette menterie passe au marché où ces smasris d'une autre époque dictent une autre loi du marché. Dans des quartiers de la capitale, les véhicules neufs sont visiblement exposés sur les trottoirs ou encore au niveau des stations-services avec des pancartes sur lesquelles on retrouve l'avis de vente et un numéro de téléphone. Mieux, ces mêmes voitures sont mises à la vente sur le Net avec des prix exorbitants. Des sites Internet et dédiés aux véhicules d'occasion et du neuf pullulent ces derniers temps en Algérie. On y retrouve tous les modèles, mais surtout les marques et les séries que recherchent les amoureux des quatre roues. Autre pratique, et c'est la plus simple, le propriétaire affiche un vulgaire écriteau sur la lunette arrière et profite des services de son véhicule en attendant un pigeon. L'explication de certains vendeurs est simple, voir plausible : les acheteurs “pressés” préfèrent mettre cette différence sur le prix réel que d'attendre 6 ou 8 mois, voire 12 et 14 mois pour l'acquisition et la livraison, et ce, en raison de la forte pression sur ces modèles qui se font désirer. Mais ce que les nouveaux propriétaires ne savent pas, c'est le fait que les smasris prennent tout leur temps pour acquérir des véhicules en profitant des ristournes dans les salons ou encore pendant les périodes données de l'année où les concessionnaires mettent le paquet dans des opérations de charme. Le phénomène a commencé au courant de l'année 2010 quand le marché d'occasion a connu une flambée sans précédent. Alors que les véhicules d'occasion et ayant circulé moins de 80 000 km sont vendus au prix du neuf, les véhicules immatriculés 00-16 sont cédés à des prix astronomiques et font l'objet d'un nouveau genre de trafic. Ce que ces mêmes propriétaires ignorent, par ailleurs, c'est qu'un véhicule neuf perd 5% de sa valeur réelle au bout de la première année de sa mise en circulation. Le millésime oblige, comme mentionné sur la carte jaune ou sur la carte grise, l'arnaque devient flagrante dès que le vendeur mise sur un seul facteur : la non-disponibilité du produit recherché. Mieux, un véhicule perd sa qualité de “neuf” une fois avoir atteint ou dépassé le seuil des 50 km, dûment mentionnés par l'ordinateur de bord, et ce, même si sa date de revente coïncide avec celle de la livraison. Ce qui résume un tant soit peu une situation confuse que beaucoup d'acquéreurs, pressés et tentés d'acheter une voiture, sous-estiment ou ignorent pour tomber dans le panneau des spéculateurs. Au terme des “négociations”, et nonobstant le gain obtenu par l'agioteur, cette méthode n'apporte aucune plus-value au marché du neuf. Au contraire, ce procédé maintient et renforce la tendance au marché d'occasion qui prend des ailes chaque saison estivale. Mais attention, tout va chuter à la rentrée sociale !
