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“L'islamisme armé n'a plus sa place en Algérie”
Abderazzak Maïza, général à la retraite, à liberté
Publié dans Liberté le 29 - 09 - 2011

Ancien chef d'état-major de la 1re Région militaire (le centre du pays) et ex-commandant du secteur militaire d'Alger, le général à la retraite Abderazzak Maïza fait dans cet entretien le bilan de la lutte antiterroriste, six ans après l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il se défend d'avoir fait le procès, dans son entretien à El Watan, de la politique de réconciliation nationale tout en estimant que Al-Qaïda au Maghreb est constituée essentiellement de mercenaires étrangers.
Liberté : Vingt ans après l'irruption du phénomène du terrorisme en Algérie, quel bilan peut-on faire de la lutte antiterroriste ?
Abderazzak Maïza : Le terrorisme islamiste a été vaincu tant par les armes que par l'adoption de dispositifs politico-législatifs (loi sur le repentir, loi sur la concorde civile et loi pour la paix et la réconciliation nationale) et surtout par l'implication des citoyens. Ce fait est reconnu internationalement et il s'est traduit sur le terrain par une grande partie du pays qui vit dans la paix et la sécurité retrouvée.
En 1998, le terrorisme est presque vaincu grâce à l'ANP mais aussi à la résistance des Algériens qui, pour se défendre et sauver le pays aux prises avec le terrorisme islamiste, n'ont pas hésité à prendre les armes. 13 ans après, le terrorisme est toujours là. Comment expliquez une telle longévité de ce phénomène ? Qu'est-ce qui a empêché les services de sécurité de mettre fin à la subversion islamiste ?
Le terrorisme islamiste algérien n'existe pratiquement plus. Aujourd'hui l'Algérie combat une branche d'une organisation terroriste internationale, Al-Qaïda, qui s'est donné pour nom Al-Qaïda au Maghreb. Ce qui démontre bien sa nature de mercenaire au profit de la maison mère. Il semblerait que l'objectif d'Al-Qaïda au Maghreb serait de détruire la République algérienne pour la remplacer par un khalifat avec certainement Al Zawahiri à sa tête.
Devant le manque d'effectifs (faiblesse du recrutement) cette organisation qui sévit en Algérie et au Sahel a recruté des mercenaires de différents pays africains. Les personnels et les modes opératoires ayant changé, les services de sécurité doivent s'adapter à cette nouvelle donne.
En votre qualité d'ancien chef d'état-major de la 1re Région militaire, comment expliquez-vous la concentration de l'activité terroriste presqu'en Kabylie seulement alors que cette région est réputée pour son hostilité à l'islamisme ?
Pourquoi vous concentrer uniquement sur la Kabylie ? Les zones frontalières est et sud connaissent aussi une présence et une activité terroriste. Ont-elles moins d'importance que la Kabylie, ou serait-ce la proximité de cette dernière de la capitale qui pose problème ? La Kabylie est comme n'importe quelle autre région d'Algérie et sa population vit les mêmes problèmes. Il est possible que la couverture médiatique de cette région soit plus importante, ce qu'on souhaite aussi pour les autres régions.
Votre réquisitoire contre la politique de réconciliation nationale, sur les colonnes d'El Watan, en a surpris plus d'un dans la mesure où les militaires algériens, même à la retraite, n'ont pas pour habitude de s'exprimer publiquement. Pouvez-vous nous expliquez les raisons de votre sortie médiatique ?
En répondant au journaliste d'El Watan, je n'avais pas l'impression de mener un réquisitoire contre la politique de réconciliation nationale. Des militaires à la retraite ont été nombreux à s'exprimer sur des sujets qui intéressent l'opinion publique. Etant à la retraite depuis plus de sept ans, je n'en demeure pas moins un citoyen jaloux de son pays. Mon intervention était une réponse à l'idée reçue que la baisse du niveau de vigilance des services de sécurité est à l'origine de la perpétuation des attentats. J'ai essayé d'analyser les raisons de la baisse du recueil du renseignement, et aussi rendre hommage à tous ceux qui sont encore sur le terrain et qui, avec abnégation et courage, luttent contre la barbarie.
Vous vous êtes ému du sort réservé aux GLD au lendemain de l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Comment expliquez-vous que l'Armée n'a rien fait pour ce corps qui a été pourtant d'un grand apport dans la lutte antiterroriste ? Le recouvrement de la paix passe-t-il inévitablement par l'absolution des terroristes de leurs crimes et l'humiliation des Patriotes ?
Je trouve votre question insidieuse. Oui, j'affirme que sans les gardes communaux, les citoyens volontaires et les groupes de légitime défense, les services de sécurité, tous corps confondus, n'auraient pu mener à bien leur mission. À ma connaissance, il n'y a jamais eu une ou des mesures prises pour humilier qui que ce soit. Je regrettais juste le fait que des citoyens, civils de surcroÎt, qui ont quitté leur gagne-pain pour se libérer pour la lutte antiterroriste, n'aient pas bénéficié de la sécurité sociale, ni de la possibilité de faire valoir leurs années d'engagement au service de l'Etat comme période comptant pour le décompte de la pension de retraite. Beaucoup d'entre eux ont pris de l'âge, sont malades, certains survivent avec les séquelles des blessures contractées pendant la période noire. Ils ont besoin de l'aide de l'Etat. Quant aux Algériens que l'Etat a considéré comme des égarés, les trois lois (rahma, concorde civile, réconciliation nationale) prises en leur faveur, leurs ont permis de déposer les armes et de redevenir des citoyens.
Selon vous, la politique de réconciliation nationale a eu pour conséquence la démobilisation de la population. Mais qu'en est-il du moral des troupes ? Peut-on avoir un chiffre sur le nombre de militaires tués dans le cadre de la lutte antiterroriste ?
La Charte pour la paix et la réconciliation nationale est une plate-forme stratégique pour le pays si on veut sortir de la tragédie nationale. Peut-on oublier que des membres d'une même famille se sont entretués ? Si les Algériens veulent vivre en paix, retrouver la sécurité et constituer une nation forte pour se positionner dans le futur Maghreb, en Afrique et dans le bassin méditerranéen, il est nécessaire de transmettre à nos enfants des messages d'espoir, renouer les liens entre les différentes composantes de la société.
Nul (et les uns et les autres) ne peut s'enorgueillir de s'être entretué avec d'autres Algériens et espérer en tirer des dividendes. Je regrette juste que nos imams n'aient pas été plus impliqués par les pouvoirs publics, avec utilisation des médias lourds, pour expliquer les soubassements de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, afin justement de lutter contre toute forme de démobilisation, de lutter contre les idées revanchardes. Aucune compensation financière ou autre ne fera revenir les morts et disparus. Les victimes de la tragédie nationale ont besoin d'un soutien psychologique afin de les aider à surmonter leurs souffrances, à se reconstruire et élever leurs enfants dans l'amour de la patrie.
Les Algériens doivent comprendre qu'ils n'ont plus affaire à des terroristes algériens ; ceux qui tuent encore des Algériens, qu'ils soient civils ou sous la casquette, par le moyen d'embuscades, bombes, kamikazes ne sont plus que des mercenaires étrangers.
L'Etat devrait s'arrêter de leur appliquer les bienfaits de la réconciliation nationale. Il pourrait leur proposer, dans des délais très courts, de redevenir des Algériens, déposer les armes, demander pardon au peuple pour leurs méfaits et demander la grâce de l'Etat ou bien choisir d'être combattus comme des mercenaires.
Seules les autorités compétentes peuvent répondre à la question du nombre de personnes tuées de la tragédie nationale.
Vous avez soutenu que des cadres de l'Armée et de la police qui étaient à l'avant-garde de la lutte ont été mis à l'écart. Ils sont combien et pourquoi cette mise à l'écart ?
Les cadres des services de sécurité qui ont été mis à “l'écart” ont soit bénéficié des bienfaits d'une retraite bien méritée soit ont été promus à des postes supérieurs et donc éloignés du terrain. Cela nul n'en disconvient.
Cependant l'expérience acquise par l'Algérie dans le domaine de la lutte antiterroriste, reconnue par le monde entier, ne peut être capitalisée que par l'intégration de tous ces cadres dans les écoles, centres d'études et de recherche, conférences et forums internationaux, afin qu'ils puissent transmettre leur savoir, leur savoir-faire aux jeunes cadres des services. L'Algérie a les moyens de fournir des experts dans ce domaine.
À l'aune de votre analyse développée sur les colonnes d'El Watan, peut-on comprendre que les militaires, du moins une partie d'entre eux, ne sont pas associés à la conception de la politique de réconciliation nationale ? Le chef de l'Etat est-il le seul à définir la politique sécuritaire pays ?
Les militaires sont des fonctionnaires de l'Etat algérien. Ils ne sont que des exécutants des politiques qu'adopte l'Etat. Ceci dit, l'Etat algérien possède des rouages de concertation où les intervenants ont leur mot à dire.
La presse a fait état d'un grand nombre de terroristes “repentis” qui ont regagné le maquis juste après avoir bénéficié des mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Qu'en est-il exactement ? Avez-vous des chiffres ?
C'est vous qui avancez ce fait. Encore faut-il le corroborer par des chiffres et même des noms.
Le MAE vient d'avancer le chiffre de 10 000 Algériens qui auraient bénéficié des bienfaits de la réconciliation nationale.
Quelle importance auraient les quelques dizaines d'individus qui seraient “remontés au maquis” ? Il serait plus important de s'intéresser aux éléments qui assurent le soutien logistique (renseignement, nourriture, moyens de transport et de liaison) aux mercenaires qui s'attaquent à notre pays ; parfois ils n'agissent que par l'appât du gain.
Peut-on avoir une idée sur le nombre de terroristes encore en activité ?
Aucune idée. Le fait qu'Al-Qaïda au Maghreb fasse appel à des Africains démontre que leur nombre s'est réduit. Leur activisme et leur mobilité compensent certainement leur faiblesse numérique.
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a soutenu dernièrement que “les derniers actes terroristes témoignent d'une nette progression de la destruction du terrorisme”. Une telle affirmation ne confirme-t-elle pas quelque part votre analyse ?
Monsieur le Premier ministre est certainement plus informé qu'un retraité. Effectivement la politique de la guerre totale avec emploi de kamikazes montre la faiblesse de l'ennemi au regard des objectifs : imposer un khalifat au peuple algérien par le recours à la politique de la terre brûlée.
De votre point de vue la guerre contre le terrorisme ne peut pas être gagnée sans avoir au préalable défait sa matrice idéologique, l'islamisme. Cela veut-il dire que ce courant idéologique bénéficie d'une certaine permissivité ?
L'islamisme armé n'a plus sa place en Algérie. Une partie des Algériens sont militants de partis dits “islamistes”. Tant que les différentes sensibilités, courants idéologiques, quels qu'ils soient, s'entrechoquent à travers le débat, à travers les urnes, cela indique une vie politique active, une avancée démocratique.
Ne parle-t-on pas d'une expérience extraordinaire menée par un peuple qui, en son temps, nous a colonisés et qui est en passe de devenir le modèle pour les pays musulmans.
Que préconisez-vous en votre qualité d'ancien responsable de la lutte antiterroriste, pour venir à bout du terrorisme en Algérie ?
Quelqu'un a dit qu'il y avait trois moyens pour combattre le terrorisme : le renseignement, le renseignement et encore le renseignement.


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