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L'investissement à l'arrêt
La kabylie est économiquement à genoux
Publié dans Liberté le 17 - 11 - 2003

Le constat fait par la Coordination pour la sauvegarde et la relance économique est amer : suspension de l'investissement, lenteur dans la réalisation d'équipements collectifs, chômage endémique, diminution des recettes financières des entreprises, perturbation des approvisionnements en matières premières, perte de plus d'un millier d'emplois…
La crise économique et sociale que vit la Kabylie est, certes, antérieure aux événements tragiques de 2001, mais le Printemps noir semble avoir accéléré la descente aux enfers. En dépit d'incessants appels de détresse lancés par plusieurs intervenants dans le secteur économique, l'Etat régulateur est resté de marbre. La délocalisation de certains investissements, le chômage qui galope, le taux élevé des prélèvements fiscaux, le pourrissement qui tue à petit feu l'économie de la région…, tout cela ne semble pas inquiéter outre mesure les autorités officielles. Sans ignorer les incidences et les pertes sèches causées par les événements de Kabylie depuis 2001, des spécialistes en sciences économiques remontent dans le temps pour cerner les contours de la crise qui frappe de plein fouet la région de Kabylie. Enseignant à la facultés des sciences économiques et auteur de plusieurs publications, entre autres, Atlas économique et social de la wilaya de Tizi Ouzou, le professeur Dahmani parle de décapitalisation de la région. “On a décapitalisé pour ne pas dire décapiter l'élite de la région et ce, depuis la guerre de Libération nationale.” Pour Dahmani, la Kabylie est riche en ressources humaines, mais le visa a dévitalisé la région.
Explication : l'université de Tizi Ouzou a investi des milliards de DA dans la formation de l'élite. Plusieurs médecins formés à Tizi Ouzou exercent dans les hôpitaux parisiens, alors qu'en Kabylie on n'a pas encore atteint la norme de l'OMS, soit un médecin pour 1 000 habitants. Ce dynamisme de la population qui dépasse la croissance économique a généré un chômage endémique. C'est à cet excès de main-d'œuvre que s'intéresse M. Oussalem, également enseignant au même département de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Mohamed Ouamar Oussalem ne considère pas la défiscalisation comme étant une solution à la relance de la machine économique. Il suggère, lui, la relance du BTP et de l'agriculture, deux filières consommatrices de main-d'œuvre, ainsi que les services pour pouvoir espérer une reprise de l'investissement. La fermeture de 26 EPL, entreprises publiques locales, sur les 30 existantes inquiète au plus haut point M. Dahmani qui cite l'unité céramique de Bounouh transformée en WC. Or, les trois filières qui procuraient l'essentiel de l'emploi sont présentement en crise car dépendant du budget de l'Etat. Mais il n'y a pas que cela : le niveau plus qu'élevé des taux du fisc pose une problématique majeure pour la relance économique.
Cette lourde imposition et l'absence de meilleures conditions politiques et sécuritaires ne peuvent pas créer un dynamisme économique à même d'attirer les investisseurs. Nos interlocuteurs trouvent anormal que la wilaya de Tizi Ouzou verse plus d'impôts qu'elle ne reçoit en termes de subventions. Classée zone déshéritée, Tizi Ouzou participe à raison de 10% du budget de l'Etat. La wilaya de Tizi Ouzou, en terme de chiffres, participe avec plus de 170 milliards en imposition fiscale, alors que son budget d'équipements et de fonctionnement c'est à peine s'il dépasse les 100 milliards.
Dahmani et les observateurs sont convaincus qu'une baisse sensible des taux de prélèvement fiscaux, conjuguée à une meilleure disponibilités de l'administration en amont et en aval du secteur économique, sera le déclic à la relance de l'investissement, ce qui permettra une décrue du chômage. Mais pour ce faire, il y a lieu de procéder à une mise à niveau des entreprises, comme les PME. L'autre problème, c'est celui des zones d'activité. Pas moins de 25 zones d'activité, qu'elles soient gérées par les Apc, les agences foncières ou l'OPI (Office de promotion de l'investissement), ne sont pas viabilisées. Les zones qui relèvent de l'OPI nécessitent un financement de plus de 584 millions de DA.
Autant de contraintes objectives qui hypothèquent l'investissement, en plus des événements tragiques du Printemps noir qui ont lourdement pénalisé l'économie de la région.
Même l'engagement du wali de Tizi Ouzou pris, lors d'une rencontre de l'observatoire de l'investissement en avril dernier, pour sensibiliser le Chef du gouvernement concernant les préoccupations des opérateurs privés et publics, a fondu comme neige au soleil. “Quand des zones d'activité ne sont pas viabilisées, quand les routes sont barrées à cause des émeutes répétitives, il n'y a pas de place à l'investissement. Nous avons été fortement pénalisés ces trois dernières années”, avoue un industriel qui requiert l'anonymat. Ce dernier a été contraint de délocaliser son entreprise pour ne pas mettre la clef sous le paillasson. Et il n'est pas le seul à avoir “déménagé” en dehors de la wilaya de Tizi Ouzou. Ils ont subi de terribles manques à gagner. Mais leur départ vers d'autres wilayas (Alger, Blida et Boumerdès la plupart des cas), a laissé des bataillons de nouveaux chômeurs sur le carreau. Une situation qui a généré de nouveaux comportements sociaux. Le tout est couronné par un pourrissement “ambiant” auquel pousse vulgairement le pouvoir pour des visées bassement politiciennes. Qui a intérêt à mettre à genoux la Kabylie ? À partir de ce tableau sombre tracé à grands traits, qu'y a-t-il lieu de faire pour pallier cette situation de crise aiguë ? Les premiers concernés, que ce soit des commerçants ou des opérateurs économiques ont déjà émis des propositions dans ce sens. Il y a d'abord les propositions faites il y a une année par trois organisations professionnelles, à savoir l'Association des commerçants de la commune de Tizi Ouzou, la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) de la région Centre et la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura (CCID). Ces trois structures ont créé la Coordination pour la sauvegarde et la relance économique. Dans un document intitulé “Pour un programme spécial de relance économique”, cette coordination brosse un tableau noir de la situation économique depuis les événements tragiques qui secouent la Kabylie depuis avril 2001. Une situation qui a fait que l'investissement est à l'arrêt ; donc la machine économique en panne. Le constat fait par la Coordination pour la sauvegarde et la relance économique est amer : suspension de l'investissement, lenteur dans la réalisation d'équipements collectifs, chômage endémique, diminution des recettes financières des entreprises, perturbation des approvisionnements en matières premières, perte de plus d'un millier d'emplois… La coordination avance huit propositions pour une sortie de crise. Il s'agit grosso modo de recommandations pratiques susceptibles de combler les retards accumulés ces dernières années : accorder des allégements fiscaux en matière d'impôts directs, exonérer de TVA les équipements acquis par les opérateurs dans le cadre de la réhabilitation ou la restauration des installations, infrastructures détruites ou endommagées, mettre un terme au commerce informel, rééchelonner la dette bancaire entre août 2001 et avril 2002 et lever les contraintes rencontrées par les opérateurs économiques dans les zones d'activité, considérées à juste titre comme des “cimetières de l'investissement”. Pourtant, ces zones d'activité peuvent générer des financements pour les collectivités locales : “De wilaya pilote dans de nombreux domaines, notre région a progressivement sombré dans une phase de délabrement généralisé que rien ne peut justifier au regard des moyens humains et par l'expérience de son passé”, lit-on dans le document de synthèse de la coordination en question. Qu'en est-il maintenant de la défiscalisation et l'amnistie fiscale que suggèrent plus d'un ? Plusieurs opérateurs économiques parmi les 400 adhérents à la CCID (Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura), à l'image de Meziane Madjkouh, président de la CCID, sont pour la défiscalisation qui n'est pas une amnistie fiscale.
“Nous demandons une défiscalisation synonyme de réduction de la fiscalité directe et indirecte ainsi qu'une assistance sur le plan bancaire”, dira M. Medjkouh. Sur ce plan, notre interlocuteur affirme que rares sont les projets qui sont financés par les banques. “On a le sentiment qu'on est abandonné par l'état”, déplore-t-il, avant de faire remarquer que par rapport à l'année 2002, à part le calme relatif qui règne dans la région, il n'y a pas de changement ni d'amélioration dans le secteur économique et social. La preuve : la suspension de l'investissement est toujours de rigueur. Plusieurs entreprises privées touchées de plein fouet par la crise, n'arrivent pas à opérer leur mise à niveau. Même la revendication de remplacer les équipements avec bénéfice de franchise des droits de douane n'a pas trouvé d'oreille attentive chez les pouvoirs publics. Pour sa part, l'Association des commerçants de la commune de Tizi-Ouzou que préside M Guerbas n'est pas restée les bras croisés. Son porte-parole, Mohamed Ikherbane, dénonce la pression fiscale subie par les commerçants qui voient leur imposition augmenter à chaque début d'année. Cet état de fait est généré par la hausse des calculs des marges imposables. Après les évènements de kabylie, qui ont pour conséquence une asphyxie économique jamais égalée, les opérateurs et autres commerçants s'attendaient à un allégement conséquents de leurs impôts. Ikherbane cite le cas des wilayas d'Alger et Boumerdès où les victimes du séisme du 21 mai dernier ont bénéficié d'une amnistie fiscale. Ceci au moment où les commerçants de Kabylie, sous prétexte de manque à gagner pour les finances publiques n'ont eu que 25% de dégrèvement pour les années 2001 et 2002, alors que le préjudice subi est des plus importants.
Le porte-parole de l'ACCTO dénonce également la passivité des services concernés devant le développement du commerce informel, communément appelé trabendo. “Les autorités ont laissé se développer un marché informel libre et concurrentiel. Des produits périssables se vendent sur les trottoirs au vu et au su de tout le monde”, dénonce-t-il, relevant au passage que les commerçants qui activent dans le cadre de la loi sont devenus des proies faciles des répressions en tous genres. Pour notre interlocuteur, la défiscalisation peut constituer du moins une ébauche de solution à la crise économique et sociale de la Kabylie.
C'est d'ailleurs l'une des propositions du RCD qui a organisé plusieurs rencontre sur cette thématique. Les archs également posent comme l'un des préalables à tout dialogue la défiscalisation au profit de la région.
Y. A.


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