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L'Algérie à l'heure des révolutions arabes
Que faire ? Par où commencer ?
Publié dans Liberté le 06 - 03 - 2012

Saddam Hussein, Ben Ali, Moubarak, Kadhafi… Au suivant ! Ali Abdallah Saleh, Bachar El-Assad… Au suivant !
En Algérie, selon le timide aveu de Mohamed Seghir Babès, président du Cnes, “le tsunami, on le voit venir... On a mis en place les digues pour nous protéger, mis en place les conditions pour relancer une nouvelle dynamique et remettre de la vertu dans notre gouvernance”. Aucune digue ne protégera les “on” et les “nous” de M. Babès.
Croire que les réformes, que met en scène le pouvoir, vont “remettre de la vertu” là où il n'y en a jamais eu, c'est faire preuve d'une naïveté coupable. Faut-il être sourd et aveugle à ce point pour ne pas entendre, voir et comprendre qu'un vrai changement est nécessaire pour éviter la faillite et le chaos ? Le pouvoir actuel n'est pas une fatalité. La nature du système politique et la faiblesse de la société civile lui donnent une apparente invincibilité qui le rend arrogant.
I - Nature du système politique algérien
Comme tout système, le système politique algérien est un ensemble d'éléments liés entre eux par des relations coordonnées par des règles préétablies, pour la réalisation d'un objectif “privé”. Ces éléments sont :
- Le monarque-président désigné, dont la souveraineté est fondée sur un mensonge originel : la légitimité de “droit révolutionnaire” ;
- les groupes de courtisans dont la fonction est : obéir, encenser, plaire au monarque en contrepartie des privilèges qu'il leur accorde ;
- une administration, qui survit non pas à raison de ses compétences et de ses prérogatives, mais en se soumettant à l'injonction pour durer, et à la corruption pour compenser sa déchéance sociale ;
- les forces de coercition (police, gendarmerie, sécurité, armée), à l'origine outil entre les mains du monarque-colonel, et à son service, et devenues la matrice du système par la grâce de l'article 25 de la Constitution.
La règle qui coordonne le fonctionnement est la soumission au système exprimée par l'allégeance au monarque. L'objectif est la pérennité du système né du coup d'état de 1962.
Pour corriger les effets imprévisibles d'éléments de l'environnement (national et/ou international) pouvant engendrer la désobéissance, les fondateurs du système ont prévu un feedback permettant la marginalisation des idées et des hommes par tous les moyens.
Parmi ces moyens on peut citer :
- Les parodies d'élections : plébiscites “surveillés” pour faire “valider” par le peuple les décisions et choix du monarque et leur donner un habillage démocratique ;
- les menaces de sanctions brandies ou exécutées ;
- le “cause pas” : interdiction de s'exprimer sauf pour dire “oui” ;
- le “cause toujours” : refus d'écouter toute voix opposée au pouvoir ;
- la “main de l'étranger” : alibi récurrent permettant de désigner un “coupable” externe pour masquer les incompétences internes.
Le système a un défaut structurel : il s'use par “frottements” provoqués par l'incohérence et l'archaïsme de la gouvernance. Sa “moyenne de temps de bon fonctionnement” (MTBF) est de 12 à 13 ans environ.
L'incertitude et la confusion à l'intérieur même du pouvoir sont des indices de cette usure. Mais tant qu'il fonctionne, toute transformation des institutions est impossible. Les lois et même la Constitution ne jouent aucun rôle dans la forme de gouvernance.
Les nouvelles lois ne changeront pas la nature du système, car le problème n'est pas dans les textes mais dans l'usage qui en est fait par ceux-là même qui les promulguent.
II - La faiblesse de la société civile
1 – Le mouvement associatif : les associations culturelles, les clubs sportifs, les institutions économiques, les associations professionnelles, les unions d'étudiants, les associations de quartier, les ligues de défense des droits de l'homme, les groupes de musique, les sociétés professionnelles, etc. sont importants, car en poursuivant leurs buts statutaires, ils contribuent à l'éveil d'une conscience citoyenne.
C'est pourquoi la majorité de ces associations sont soit soumises, soit contrôlées par le pouvoir. Les réactions isolées se sont avérées insuffisantes pour bloquer la nouvelle loi visant à mettre au pas les associations récalcitrantes.
2 - Les travailleurs :
Les dirigeants du syndicat unique officiel (UGTA) sont nourris de privilèges les “obligeant” à étouffer toute revendication politique des travailleurs.
Les syndicats autonomes sont tolérés ou réduits au silence lorsqu'ils deviennent une menace “politique”. C'est pourquoi les grèves et manifestations organisées par ces collectifs ne se sont jamais transformées en mouvement national général.
III – La division de l'opposition politique
Même lorsqu'ils ne sont pas “contrôlés” par le pouvoir, les partis politiques sont de petites unités isolées, incapables de travailler ensemble pour développer une confiance mutuelle ou même de faire quoi que ce soit de leur propre initiative. Il faut cependant distinguer :
- Les “opportunistes” ou opposition “officielle” (créée par le pouvoir) : ils font un bilan “globalement positif” de la gestion du pays. Leur discours :
- le monarque a mis fin à l'insécurité
- le “libéralisme économique” a amélioré la situation économique et sociale de la population
- les crédits accordés aux jeunes : Ansej, Anjem, Cnac mettront fin au chômage.
Ce discours est une déclaration d'allégeance. Les “opportunistes” visent en réalité l'accession au rang de “courtisan” pour s'assurer quelques miettes de privilèges.
Ils savent pourtant que ce bilan est faux. Le libéralisme économique spécifiquement algérien est en réalité une économie de bazar qui ne bénéficie qu'à une mince couche de spéculateurs et de corrompus. Quant aux mesures prises en “faveur des jeunes”, elles sont destinées à tempérer leur révolte en faisant naître de faux espoirs “d'enrichissement”.
- Les “utopistes” : ils croient sincèrement pouvoir entraîner les masses jusqu'alors muettes dans des manifestations populaires nationales qui mettront fin au système. Les “manifestations du samedi” ont pris fin faute de manifestants. Le rôle des forces démocratiques n'est pas de décider que tel jour la population doit manifester, mais d'être capables de donner un contenu politique à toutes les protestations locales et/ou sectorielles pour les transformer en un mouvement pacifique national de revendications politiques. En Tunisie comme en égypte, les manifestations ont précédé l'action des partis et des organisations de l'opposition.
- Les “défaitistes” : pour eux, le système est invincible, son effondrement est donc improbable. Ne voyant aucune possibilité de changement, ils composent avec le monarque apparemment inamovible, en espérant bénéficier de ses “largesses”. Ils rejoignent ainsi, consciemment ou inconsciemment, les rangs des opportunistes.
IV - Réforme ou révolution ?
Le monarque est de mauvaise foi, car il pouvait assouplir le régime, sans avoir besoin de consultations pour le faire. Mais il ne le veut pas. Proposer des réformes, alors que les questions fondamentales des libertés politiques ne sont pas acquises, est une ruse du monarque visant à obtenir une légitimité sans laquelle il ne peut plus régner. Participer à cette mascarade, c'est la lui fournir.
Pour l'avènement d'un authentique “printemps algérien”, les démocrates ne doivent compter que sur leur propre force en unissant leurs efforts, et dénoncer toute forme d'ingérence extérieure. Cette ingérence (directe ou indirecte) vise le transfert du pouvoir (ou d'une partie de ce pouvoir) aux partis dits “islamistes”, conformément à un cahier des charges élaboré ailleurs qu'en Algérie. Certains “islamistes” ont déjà retiré ce cahier des charges et soumissionné. Ils attendent avec impatience l'ouverture des plis. Tunisie, égypte, Maroc, au suivant… Nous ne voulons pas être les suivants !
Alors “que faire, quand QUE FAIRE est brûlé” ? “Réformer le système” ? Oui, mais dans un sens technique, c'est-à-dire l'abolir et le ranger dans les archives de l'histoire. La révolution est le seul moyen pour abolir le système et le remplacer par un système démocratique. Cette révolution doit être pacifique, car la violence n'a jamais donné naissance à un régime démocratique. Elle sera possible lorsque les citoyens refuseront en masse d'être des spectateurs neutres et décideront de devenir des acteurs de leur avenir.
Un pouvoir ne peut se maintenir sans la soumission, le soutien (actif ou passif) et l'obéissance d'une population résignée. Cette prise de conscience collective doit être l'objectif d'une opposition politique authentique. Une opposition authentique est une opposition unie, privilégiant la recherche de ce qui fédère, plutôt que l'inventaire de ce qui divise.
Les partis démocratiques, les personnalités politiques, les associations… doivent participer à l'élaboration d'une plateforme globale (organisation et programme d'action communs).
L'union, la solidarité et une organisation souple et dynamique permettront la mobilisation progressive de toutes les forces sociales et politiques disponibles pour créer une alternative légitime, forte et crédible, capable de négocier, avec l'armée, une transition pacifique vers un système démocratique.
Pourquoi avec l'armée ?
- Parce que la transition imposée par le narcissisme et l'aveuglement du monarque annonce l'avènement d'un système encore plus oppresseur. Les conséquences seront lourdes pour le pays et douloureuses pour le peuple.
- Parce que les premières victimes seront, pour des raisons différentes, la cohésion de l'ANP et l'espoir démocratique.
- Parce qu'aucun changement pacifique ne pourra se faire sans l'armée, encore moins contre elle.
Mesdames et messieurs les démocrates et patriotes ne vous trompez pas d'adversaire. Que chacune et chacun, en son âme d'Algérien et conscience de démocrate, mesure la gravité de la situation et prenne ses responsabilités. L'avenir de vos enfants est en jeu. Demain vous n'aurez pas le droit de dire : “On ne savait pas !”
A. M.


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