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L'Algérie face à “l'équation Bouteflika”
Alors que le système ne peut plus se reproduire
Publié dans Liberté le 01 - 03 - 2011

Tunis, Le Caire, Benghazi… des foules socialement et politiquement hétérogènes ont fait des rues et places des “agora” pour crier haut et fort leur volonté de s'affranchir des monarques corrompus et devenir des citoyens libres. Tout le monde – y compris dans les pays arabes – pensait que les manifestations seraient vite dispersées et l'“ordre” rétabli. Paradoxalement, la répression a annihilé les peurs : Ben Ali s'enfuit, Moubarak “démissionne”, Kadhafi agonise dans un dernier râle de monstruosité.
La météo politique occidentale n'a pas prévu ce tsunami. Pourtant, le phénomène n'est pas nouveau. La chute du mur de Berlin a libéré des millions de personnes au cœur des grandes villes de l'Europe de l'Est. En quelques jours seulement, les dictatures communistes sont tombées l'une après l'autre, des nations longtemps dominées se sont libérées. Récemment encore, en Islande, la foule a imposé au pouvoir une Assemblée constituante composée de citoyens. Mais qui parle de l'Islande ?
Les spécialistes “occidentaux” (laboratoires, centres d'études et de prospectives, services secrets…) ne pouvaient pas prévoir la fuite de Ben Ali parce que toutes leurs hypothèses partent du postulat en vigueur dans leurs écoles : “L'islam est incompatible avec la démocratie”. Les sociétés musulmanes sont jugées inaptes au changement. C'est en vertu de ce postulat qu'Américains et Européens soutiennent des systèmes politiques dictatoriaux et/ou totalitaires assurant la stabilité nécessaire à la sauvegarde de leurs intérêts stratégiques et économiques.
À Alger, le pouvoir et ses relais déclarent hypocritement : “L'Algérie n'est pas la Tunisie !” puis “l'Algérie n'est pas l'Egypte.” Demain, ils prononceront aussi la grotesque sentence : “L'Algérie n'est pas le Koweït.” Et pourtant la mobilisation de 30 000 policiers est la preuve que les gouvernants craignent que la place du 1er-Mai ne soit investie par une foule en colère.
Il est vrai cependant que la situation en Algérie n'est historiquement pas la même qu'en Tunisie ou en Egypte. En Algérie, le mouvement vers le changement a commencé il y a 22 ans. Octobre 1988 est une date de référence. Comment ? Qui ? Pourquoi ? Ces questions font partie d'un autre débat. L'important est qu'Octobre a fissuré le système, l'obligeant à consentir la pérestroïka chadlienne : nouvelle Constitution, multipartisme, liberté d'expression, journaux privés, associations… Malheureusement, les certitudes narcissiques des détenteurs du pouvoir et l'islamisme intégriste ont bloqué le processus de démocratisation. Deux transitions pacifiques vers un système politique démocratique ont échoué :
- celle de Boudiaf : Boudiaf devait être l'alibi pour une réédition de 1962. C'était mal connaître le vieil homme, Boudiaf n'est pas Ben Bella. Il tenta de mobiliser la jeunesse dans un vaste rassemblement populaire pour imposer le changement. Sa mort mit fin au rêve.
- celle du général Zeroual : il voulait procéder au changement de l'intérieur du système. N'y parvenant pas, il démissionne.
Bouteflika a été ramené pour réparer le système. Il refonde le parti “dominant” sous forme d'alliance par allégeance, et restaure la monarchie absolue, avec la bénédiction d'une grande partie de l'opposition. Les mouvements de contestation n'ont jamais cessé depuis.
Le système, usé par Bouteflika et ses courtisans, est devenu stérile. Il ne peut plus se reproduire. Le changement s'impose à tous les acteurs.
L'armée algérienne de 2011 n'est pas celle de 1988. Les nouvelles générations d'officiers sont des universitaires, maîtrisant parfaitement les nouvelles technologies. Ils ont subi leur baptême de feu avec courage et abnégation dans le combat contre le terrorisme. Ils partagent sans aucun doute l'aspiration à la dignité et à la liberté de la jeunesse. Leurs aînés encore en activité aspirent à une retraite paisible. La passation de consignes passe par une ultime mission : celle d'éviter le chaos. Mais avant, elle doit résoudre “l'équation Bouteflika”.
N'ayant jamais fait confiance à l'armée, Bouteflika tente de la prendre de vitesse en mettant en œuvre sa propre transition, suggérée ou ordonnée par les Américains. Vers quoi ? Il s'en fout, “après moi le déluge !” L'essentiel pour lui est de se construire une nouvelle virginité pour assouvir son obsession d'entrer dans l'histoire. “Le mal de l'Algérie ce n'est pas moi, mais les généraux”, tel est son message. C'est ce qui explique les mesures conjoncturelles prises pour calmer la colère des jeunes. Il prépare non pas une transition mais un “coup d'Etat” lui permettant de terminer son mandat et sortir avec les “honneurs”.
L'Alliance nationale pour le changement créée quelques jours avant la marche du 12 janvier est un indice qui montre bien que les manœuvres pour le positionnement ont déjà commencé.
L'alliance de Sant'Egidio : (FFS, les ex-FLN, PT, ce qui reste du FIS) est la seule à opter explicitement pour le plan machiavélique de Bouteflika. La lettre récente de Mehri adressée au “frère Bouteflika” est une proposition concrète de partenariat dans la perspective d'un retour à la situation antérieure aux élections de 1992.
Et maintenant ?
En Tunisie, l'armée a choisi d'“accompagner” la transition, en Egypte elle la gère directement.
Les généraux tunisiens et égyptiens ont-ils une volonté sincère de permettre l'avènement d'un système démocratique, ou au contraire leurs “Bouteflikas” sont-ils cachés quelque part en Arabie Saoudite, aux Emirats, ou ailleurs, prêts à revenir restaurer les “monarchies” ?
Le processus étant encore en cours, il serait hasardeux de se prononcer sur la nature des régimes qui vont naître. L'onde de choc tuniso-égyptienne a créé une situation pré-démocratique qui permet l'optimisme. Elle a, en effet, révélé de nouvelles données :
- finis les 99% de voix, finies aussi les successions programmées ;
- les appareils des partis politiques uniques ou dominants sont incapables de mobiliser les citoyens pour défendre leur “maître” ;
- au chantage “intégrisme islamiste ou dictateur” les jeunes ont répondu : “ni l'un, ni l'autre” ;
- les partis “islamistes” semblent disposés à s'intégrer au jeu démocratique. Le modèle turc a peut-être fait évoluer les idéologies ;
- les militaires refusent de participer à la répression.
Comme ses consœurs tunisienne et égyptienne, l'armée algérienne détient la clef d'une transition pacifique. L'Algérie attend d'elle un engagement officiel et transparent pour un changement “dans l'ordre”.
Qui seraient ses partenaires civils pour gérer ou cogérer une réelle transition démocratique ? C'est dans ce choix que se mesurera sa crédibilité.
A. M.
(*) Cadre supérieur


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