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La plus jeune poseuse de bombes rend hommage à Ben Bella
“Il m'a fait passer pour sa nièce”
Publié dans Liberté le 30 - 04 - 2012

“Il est tout pour moi”, ainsi résume Yasmine Belkacem, la plus jeune poseuse de bombes pendant la Révolution, la personnalité du défunt Ahmed Ben Bella.
Sa rencontre avec lui eut lieu lors de la grève de la faim des prisonnières algériennes. Elles étaient 24. Yasmine reçut l'ordre de manger. De Ben Bella, bien sûr. C'est grâce à lui aussi, ami de Hassan II, qu'elle avait accès aux cinq, chaque dimanche. Il l'a d'ailleurs présentée, dit-elle, comme étant sa nièce. Ainsi est-elle autorisée par le ministre de Justice français à rendre visite aux leaders emprisonnés. L'homme fort du roi est chargé de son déplacement.
Pour ses soins — elle est amputée des deux jambes et a un bras cassé après l'explosion de la bombe qu'elle portait en novembre 1958 qu'elle devait déposer devant la gendarmerie de Oued Fodda — c'est encore Ben Bella qui fait part de son cas à son ami le roi. Elle devait être transférée en Allemagne avec un passeport marocain, mais cela n'a pas eu lieu, le représentant marocain en RFA ayant eu peur d'être démasqué.
Après sa libération en décembre 1961, une grâce médicale alors qu'elle était condamnée à 10 ans de travaux forcés, des séjours dans des prisons en Algérie et en France, elle est restée en France jusqu'au jour où Hassan II, informé par Ben Bella de l'échec du transfert de Yasmine en Allemagne, charge son homme fort, Laghzaoui de prendre en charge la question. Ce dernier prend attache avec un ami à lui, un riche américain, ancien colonel en poste au Maroc qui décide alors de la prendre totalement en charge dans un hôpital américain. Munie d'un passeport marocain, elle fera le voyage en compagnie de Christiane, la fille de Mansouri, aux frais du royaume. Elle sera soignée par l'arrière-petit-fils du président Hamilton. Et c'est à New York qu'elle découvre alors la chaise roulante.
Après six opérations, elle revient en Algérie en octobre 1963. À son retour au pays, elle a eu droit à tous les égards. Un protocole à l'accueil, elle sera emmenée à la villa Joly avant qu'elle ne soit logée dans une suite au Saint-George (El-Djazaïr). Et c'est Ben Bella himself qui l'accompagne à l'hôtel. Elle aura eu droit même à passer une semaine à l'ONU où était la délégation algérienne et assistera à la première levée du drapeau algérien.
Ses souvenirs défilent. Elle les raconte comme s'il s'agit d'une histoire, avec détachement, le sourire en coin. Le président Ben Bella mettra par la suite à sa disposition une maison, une voiture avec chauffeur, une femme de ménage et un jardinier. “Il m'a tout donné”, dit-elle. Il a tout fait, selon elle, dans sa vie. “C'est mon père spirituel”, lance-t-elle. Elle aura été également une sorte d'invitée d'honneur du défilé du 1er Novembre au boulevard de l'ALN (la route Moutonnière) juste derrière le président Ben Bella. Occasion qui lui fera rencontrer des diplomates curieux de connaître cette petite fille amputée des deux jambes.
Ce sera la rupture avec le coup d'Etat de 1965. Elle se trouvait à l'hôpital aux Etats-Unis. “J'ai beaucoup pleuré”, dit-elle, la tristesse bien visible dans ses yeux comme si elle revivait ce moment-là. Victime collatérale, les nouveaux hommes forts d'Algérie lui enlèvent tout ce que le président déposé lui a donné. Plus de voiture, plus de chauffeur, plus de femme de ménage. “Ils m'ont tout enlevé”, dit-elle sans trop comprendre pourquoi.
Elle fera part de sa détresse, plus tard, à Chérif Belkacem qu'elle avait rencontré. Avec son intervention, on lui remet la voiture, le chauffeur et le reste. Mais, elle ne voulait pas rester à la maison à attendre qu'on l'aide. Elle rentre, avec l'aide de Chérif Belkacem, travailler au siège du FLN, à la place Emir-Abdelkader. Etant donné que chaque responsable qui est changé, toute son équipe s'en va avec lui, elle a demandé à être transférée à la Présidence.
Elle rappelle, cependant, que tous les présidents qui se sont succédé après Ben Bella lui prêtaient attention, ne manquaient jamais de la prendre en charge surtout au plan médical étant donné qu'elle souffre encore de douleurs. Douleur aussi d'avoir perdu son “parrain”, son tuteur, son oncle “adoptif”. “Il est tout pour moi”, répète-t-elle avec de la peine dans la voix.
Rien pourtant ne prédestinait cette jeune fille d'à-peine 14 ans, de Belcourt, au maquis si ce n'est sa fascination pour l'uniforme militaire. Pour réaliser son rêve, il fallait passer par le maquis. Elle commence par faire “les courses” pour une voisine déjà engagée jusqu'au jour où la police découvre leur “combine” et les recherche. Elles se réfugient à Larbaâ. L'oncle de la voisine ayant eu vent de l'affaire les envoie dans un village à Oued Fodda. Là, elle fait connaissance avec les maquisards qui, au début, lui ont refusé d'aller au maquis. Finalement, pour faire ses preuves, elle se propose de faire un attentat à la bombe. On cède devant son insistance. La bombe explosera cependant avant l'heure. Yasmine se réveillera à l'hôpital et découvre l'horreur. Elle a perdu ses deux jambes. Elle n'osera affronter le monde extérieur qu'après avoir rencontré, aux Etats-Unis des enfants qui lui ressemblent. Des handicapés. Et le sourire.
Elle a tenu à rendre hommage à celui à qui “elle doit tout”.
D B.


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