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LE PARTI-ETAT PLEBISCITE, L'ISLAMISME EFFONDRE ET L'ABSTENTION INSTITUTIONNALISEE
Bouteflika booste le FLN
Publié dans Liberté le 12 - 05 - 2012

Les élections législatives se sont-elles transformée en référendum présidentiel ? Le résultat du scrutin du 10 mai présente la particularité paradoxale de figer le champ politique tout en préservant l'Algérie du péril islamiste. Une élection où tout change pour que rien ne change.
“Notre génération a fait son temps”. Il aura suffi d'une phrase, même pas écrite sur le discours officiel, prononcé par le président Bouteflika à Sétif, pour effacer 21 jours de campagne électorale morose et sans entrain. Il aura suffi d'une incantation, presqu'un aveu de vieillesse, pour que les Algériens se décident à aller voter dans une élection qui a frisé la correctionnelle. Le fiasco était là, latent, prévisible, presqu'une fatalité, avant que les électeurs ne donnent au Président 44,90% de participation. Reste que ce taux et la répartition des sièges sont en trompe-l'œil. Si le pouvoir ne boude pas son plaisir d'avoir évité la bérézina, et que les Algériens ne boudent pas le leur d'avoir offert au Maghreb, une élection sanction contre l'islamisme, l'analyse politique de ce vote ne doit pas être un prétexte à l'immobilisme et à l'enterrement de l'urgence, voire du devoir de changement. D'où la nécessité de tirer les enseignements judicieux de ce vote.
Le poker de Bouteflika
On savait depuis longtemps que Bouteflika était un adepte du poker politique. Cette fois-ci, il a joué un poker presque ouvert, dévoilant des cartes pour masquer l'essentiel : secrètement, Bouteflika ne voulait pas d'un Parlement islamiste. Il ne voulait pas être un second Chadli Bendjedid qui serait contraint à la cohabitation avec une APN dominée par le vert. Pendant des mois, les observateurs politiques prédisaient que Bouteflika faisait le lit des islamistes. Qu'il encourageait en sous-main la création de partis islamistes qui allaient lui donner une nouvelle base politique, tremplin à un quatrième mandat. Ses accolades avec Rached Ghannouchi, leader d'Ennahda tunisien, envisageaient le pire. Le troisième mandat de Bouteflika était soluble dans l'islamisme quitte à ce que ce dernier agisse comme un acide fatal contre sa présidence. Il n'en fut rien. Car le discours du 8 mai, de l'aveu même des Algériens, a été décisif et définitif. En appelant ses concitoyens à un vote massif, et en répondant à son appel, les Algériens lui ont donné “la stabilité”. Si un président de la République, incarnation suprême d'“El-houkouma”, ancien combattant de l'ALN, ex-ministre de Boumediene, un des architectes du système algérien, président d'honneur du FLN et visage paternaliste d'el-dawla vous appelle à voter, vous feriez quoi ? Eh bien vous votez FLN. Le message subliminal était là. Dissimulé entre les lignes d'un discours que les Algériens ont trouvé poignant et sincère. Bouteflika leur a donné la vérité. Ils lui ont donné du cœur, assorti également de leur message qui frise l'avertissement. Probablement l'élection la plus sentimentale de ces 20 dernières années.
Le dilemme du FLN
Reste que cet échange de bons procédés, entre un Président qui a eu, tout de même, le courage de mettre sa crédibilité dans un scrutin qui ne le concerne pas immédiatement (ce n'est pas une présidentielle) et un électorat sensible à ses appels désarmés, a enfanté une forme de statu quo politique. Les urnes ont parlé. Le FLN, que certains voulaient voir au musée ou enseveli sous les décombres du Printemps arabe, est bien là. Certes, il n'a plus la majorité mais il est vivant. Malgré des divisions publiques, des dissensions retentissantes, une campagne démarrée très tard à cause de la guerre des clans, des candidats pas toujours respectables et un secrétaire général en sursis, ce FLN a gagné le droit d'être toujours le parti-Etat. Le fameux appareil dont la matrice historique et le réflexe électoral sont toujours fonctionnels et efficients au sein de la population. Mais que doit ce FLN-là à Bouteflika ? Presque tout. Le parti ne doit pas se gargariser d'être le premier en 2012 en occultant le fait que c'est une victoire en trompe-l'œil. Car le FLN dont le fonctionnement interne et organique est déjà bouleversé (également un bon signe de vitalité démocratique) doit également tirer les bons enseignements de ce plébiscite. Il est irrémédiablement l'incarnation de l'Etat, le socle de la stabilité, le mur contre lequel doivent se fracasser les vagues de l'islamisme. La tentation de régler les comptes doit être grande. Celle de Belkhadem de ne pas faire de prisonniers aussi. Mais le FLN ne devra pas dévier le sens des votes des Algériens. Ce fut un vote recours car la popularité est du côté d'El-Mouradia.
Le cercueil de l'islamisme
L'autre enseignement majeur est l'effondrement prévisible de l'islamisme politique. Prévisible dans la courbe descendante entamée depuis les législatives de 1997 et qui confirme le reflux des dépositaires de cette tendance qui ne fait plus recette, l'Alliance verte annoncée comme un épouvantail se place en troisième position à 40 sièges des prévisions fantasmagoriques de Soltani (qui prédisait 120 sièges). Elle est à sa place. El-Adala de Djaballah, vestige de l'ex-FIS, grignote juste de quoi ne pas disparaître du champ politique. Menasra, dissident du MSP, a fait un bide monumental payant certainement le vote utile des militants MSP pour la maison mère. L'un dans l'autre, le trident islamiste n'atteindra pas la barrière des 90 sièges. L'islamisme triomphant au Maroc, arrogant en Tunisie et agressif en Egypte, est anesthésié en Algérie. Chloroformé par la réconciliation nationale (encore Bouteflika) qui lui a donné une intense accolade que pour mieux l'étouffer. Bien sûr, les islamistes qui se voyaient trop beaux, qui comptaient sur un effet domino au Maghreb et qui sont toujours convaincus que s'ils perdent c'est à cause de la fraude, tombent de haut. De la hauteur d'un minaret qu'ils avaient voulu confisquer aux Algériens qui sont autant fatigués d'eux que du système. Les islamistes se retrouvent ainsi confrontés aux limites de leur discours qui avait plongé l'Algérie dans le chaos des années 1990 et que les Algériens leur ont renvoyé au visage. Car les Algériens sont des facétieux. Ils ne pouvaient pas, juste pour faire plaisir aux admirateurs de la nouvelle salafia, donner du poids et du sens à des partis dont l'idéologie avait généré violence, division et fitna. Une manière de dire qu'un islamiste pacifié, intégré, assimilé par la République demeurera toujours une menace pour celle-ci.
L'exception du printemps Arabe
Enfin, le 10 mai, c'est également l'échec de la dynamique du flirt entre l'Occident et l'islamisme arabe. Rarement des normes aussi draconiennes de surveillance ont été imposées à un pays jusqu'à la tentation de la violation des données confidentielles des citoyens algériens. Le procès d'intention (celui de frauder notamment) a atteint un niveau de mauvaise fois insupportable. Les discours moralisateurs et paternalistes ont tenté de nous faire revenir à l'indigénat politique sous prétexte, que dans l'ordre des choses, c'est l'islamisme ou rien. Des pseudos experts prédisaient même ce que les Algériens allaient voter avant même qu'ils aillent voter.
Certes, le taux d'abstention demeure préoccupant pour le processus démocratique mais c'est également une chance pour que le président Bouteflika, premier vainqueur de cette élection, saisisse le message de l'ensemble de l'électorat : accélérer les réformes, modifier les contours de la Constitution qui soit en adéquation avec de nouveaux équilibres du pouvoir, promouvoir une ouverture plus large en dehors du monde politique, associer la société civile et la jeunesse et lui faire une place et surtout sortir de l'inertie.
En un mot, ne pas dilapider le relatif succès de cette consultation comme en 2004. Car il ne faut pas se tromper de lecture. La pomme de terre est encore l'incarnation de crises à venir, d'émeutes, de grèves et de contestation. Le seul cadeau que les Algériens ont fait à Bouteflika est de ne pas faire de ce 10 mai un jour de protestation. Ce sera la dernière élection offerte par le peuple.
M. B.


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