Le village Imekhlaf, dans la commune d'Aghribs, n'est décidément pas prêt à oublier son fils, Hand Slimana, l'entrepreneur qui a payé de sa vie le prix du grand banditisme qui s'est développé à l'ombre de la bête immonde du terrorisme islamiste en Kabylie. Bien que ses assassins aient été condamnés par le tribunal criminel de Tizi Ouzou qui a eu à juger l'affaire, fin octobre dernier, les habitants du village Imekhlaf, d'où il est originaire, ont tenu, durant ce week-end, à organiser une cérémonie marquant la deuxième année de son assassinat. Ils étaient nombreux, jeunes et âgés, venus de tous les villages limitrophes, à prendre part à la cérémonie de recueillement et de dépôt de gerbes de fleurs qui a débuté sur le lieu même de l'assassinat de cet entrepreneur de 48 ans et qui s'est terminée au cimetière de son village natal, à Imekhlaf, où les membres de sa famille et des citoyens de la région prenaient tour à tour la parole, tantôt la gorge nouée et tantôt dans des propos qui en disent long sur la bonté de l'homme, pour apporter leurs témoignages sur cet entrepreneur qui a consacré le temps qu'il a eu la chance de vivre à bâtir son entreprise qui offre aujourd'hui des milliers d'emplois dans cette région ravagée par le chômage et ses conséquences. À Bouhlalou, sur la route reliant Azazga vers Aghribs, le recueillement fut des plus émouvants. C'était dans cet endroit que Hand Slimana fut assassiné durant la soirée du 14 novembre 2010 alors qu'il tentait de fuir ses ravisseurs. Des ravisseurs qui ont laissé Hand gisant dans son sang et qui ont enlevé son cousin Omar. Des ravisseurs que tout le monde a pris pour des islamistes armés d'Al Qaïda, mais qui se sont avéré être membres d'un gang qui était l'auteur de 19 affaires criminelles au total et qui se faisait passer pour des membres d'Al Qaïda. Leur arrestation a fait couler beaucoup d'encre et leur affaire a levé le voile sur une bonne partie de ce qu'est l'insécurité en Kabylie. Jugés en octobre dernier, les peines prononcées à l'encontre des 14 membres de ce gang dont le cerveau était un étudiant en magistère et président d'une association religieuse à Fréha, ont été à la hauteur de l'attente de la famille de la victime qui dit pouvoir ainsi faire son deuil et aussi de celle de la population de la région qui a passé de longues années sous le diktat du terrorisme et du banditisme. S L