Yennayer 2963 a été commémoré vendredi et samedi à Béni Snous (Ayt Snous en langue berbère). Un concours de circonstance a fait que cette petite localité 45 km au sud de Tlemcen qui compte environ 30 000 habitants a été reliée le même jour au réseau de gaz naturel. Nichée dans les monts escarpés de la vallée du Snous, tout près de la frontière algéro-marocaine, elle conserve encore jalousement ses traditions ancestrales et ce depuis la nuit des temps. Béni Snous regroupe au total quatorze villages : Beni Achir, Beni Bahdel, Beni Hdiel, Khemis, Beni Hammou, Beni Zidaz, Mazzer, Mghanine, Ouled Moussa, Sidi Larbi, Sidi Yahya, El Kef, Tafessera et Zahra où existent encore des médinas très anciennes. A Tafessera, par exemple, on trouve de nos jours les vestiges de maisons troglodytes (habitat sous-terrain creusé dans la roche à flanc de montagne) datant de plusieurs siècles, lieux qui ont servi de cachettes aux moudjahidine durant la guerre de Libération nationale. Cette année, c'est sous le signe de la réappropriation de l'identité nationale et sa reconnaissance identitaire que le nouvel an berbère est célébré dans cette région de l'ouest du pays. Parmi les hypothèses avancées par les historiens concernant la date de Yennayer, la plus répandue, hors calendrier agraire, est celle qui remonte à l'origine de cette célébration “à l'année où un Amazigh accède au trône de la XXIIe dynastie pharaonique en Egypte". Ali Abdoun, dramaturge, originaire de Béni Snous souligne “que les Imazighen ont choisi la date de 950 avant J.C durant laquelle leur roi Chachnaq a mené une bataille contre les Pharaons qu'il a battus en instaurant la XXIIe dynastie dont il se fit roi". Outre le repas traditionnel (“imensi ennayer") le carnaval “Ayred" qui marque toute la nuit l'évènement à Béni Snous consiste pour les jeunes à se déguiser spontanément et passer de maison en maison pour réclamer friandises et autres gâteaux ainsi que le pain aux œufs ou “tadjaout" confectionnés par les mères de familles qui y répondent avec convivialité. Pour la population locale, cette fête reste incontestablement la marque du début de l'année agraire célébrée avec les rites qui symbolisent la fertilité, la solidarité et la joie commune présageant ainsi une année riche et prospère. B. A
