La prise d'otages de Tiguentourine, d'abord, et la gestion de la crise induite par cette opération terroriste, ensuite, ne manqueront pas d'avoir des retombées politiques et diplomatiques sur l'Algérie. D'ores et déjà, une question lourde est posée aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'étranger : comment un convoi de pick-up chargés de terroristes armés d'un véritable arsenal de guerre dont des lance-roquettes a pu parcourir une centaine de kilomètres pour gagner sans encombre un site aussi sensible que le complexe gazier de Tiguentourine ? La question est d'autant plus légitime qu'en 20 ans de terrorisme, jamais attentat n'a pu toucher une quelconque installation pétrolière algérienne. Le soutien de l'Algérie à l'intervention française au Mali et l'autorisation “sans limite" du survol de son territoire par les avions de l'armée française auraient dû, pourtant, être accompagnés d'un renforcement de la vigilance et des dispositifs de sécurité dans le Sud algérien, notamment dans les zones connues pour abriter une concentration de ressortissants occidentaux. On ignore les péripéties du revirement spectaculaire d'Alger quant à sa position sur l'engagement d'une guerre ouverte au Mali. Le mystère est encore plus grand quant à la décision d'autoriser l'aviation française d'utiliser l'espace aérien de l'Algérie, prise quasi-clandestinement, et révélée, après coup, par... le ministre français des Affaires étrangères ! Cette décision avait-elle fait l'objet d'une réunion du Haut-Conseil de sécurité (HCS) pour en évaluer les retombées et identifier les mesures concrètes à prendre pour anticiper les éventuelles réactions des groupes terroristes écumant la région en guise de “représailles" ? Le mystère ayant entouré le processus de la prise de ces décisions s'est prolongé, depuis mercredi, par cette gestion décousue de la crise née de la prise d'otages d'In Amenas. Les autorités politiques elles-mêmes semblent dépassées par les événements, car manifestement peu informées du déroulement de l'opération. À tel point que des informations contradictoires ont été données par des ministres, et même par un seul et même ministre ! Au point, aussi, où des incompréhensions ont été exprimées, quelquefois avec véhémence, par des pays comptant des otages aux mains des terroristes. Les répercussions politiques de cette affaire sont pour l'heure insondables mais ne tarderont pas à se faire jour. Une chose est sûre : il y a un avant-In Amenas et un après-In Amenas. n