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LE CINEASTE ET ECRIVAIN EST DECEDE LE 3 février dernier
Lettre à Bouguermouh
Publié dans Liberté le 16 - 03 - 2013

, écrivain et directeur de la maison d'édition Les belles lettres de Béjaïa, rend hommage à Abderrahmane Bouguermouh. Il raconte notamment sa rencontre avec le cinéaste, lorsqu'il était journaliste.
[Par Tarik Djerroud, écrivain-éditeur]
La voûte céleste avait pris une couleur d'un bleu éclatant, indigne de la circonstance. Plus bas, les épaules opulentes du Djurdjura étaient recouvertes d'une blancheur éblouissante, et les prairies environnantes avaient présenté une verdure hors pair. Entouré d'une foule compacte, ton cercueil couvert des couleurs nationales était acheminé pour te confier définitivement au repos de l'Eternel, là, juste là, à côté de ta maison, à Ighzer Amokrane. Et finalement, sans prise de rendez-vous, tu avais retrouvé ton frère Malek, le dramaturge, décédé en 1989, ainsi ; frères de sang et frères d'art ensevelis ensemble, voisins entre des oliviers millénaires, tel un juste retour au bercail.
Ces dernières années, la maladie avait accompagné tes éveils et t'éprouvait durant de longues journées ; la solitude avait accentué certainement ton désarroi ; et pourtant ton cœur bienveillant avait fait sciemment ce choix, constatant que les vrais amis ne courent pas les rues.
Oui, tu me l'avais avoué plusieurs fois ; même dans le milieu de la culture, l'inculture est un diadème dont ne s'embarrassent pas certains trouffions des causes hypocrites !
Je me souviendrai longtemps du jour où tu m'avais reçu chez toi, au quartier de la Gare, tu étais là, sans fard, à accueillir un correspondant de presse balbutiant, l'air serein, et affable. A cœur ouvert, tu étais à la fois un tantinet optimiste et gravement triste pour l'état kafkaïen du cinéma ; l'argent qui ne venait pas et les salles qui se fermaient comme les fleurs fanaient aux premières heures de la sécheresse, sécheresse des esprits qui provoquaient l'aridité dans la création. Jadis, bien que tu saches que des enveloppes étaient allouées uniquement aux projets conformistes, tu restais là, stoïque, les manches retroussées, tu attendais ton heure et des vents meilleurs. Malgré, tu avais supporté et porté sur tes épaules quelques charges inopinées rien que pour honorer ta parole, honorer Dda Lmouloud, décomplexer la fratrie, et offrir à toute l'Algérie un film en langue amazighe, en langue de Youva, adaptation magistrale du roman éponyme : « La colline oubliée ». Au bout de plusieurs décennies, ta volonté avait finalement brisé le signe indien ; l'honneur avait vaincu la disette et la créativité avait pris le pas sur la nonchalance.
Cependant, l'âge avance, fuyant. Ton souffle s'était atténué inexorablement. Des pépins de santé avaient eu raison de l'abnégation de tes vingt ans ! Tu avais pris ta retraite sans préavis, mais loin de la manivelle, tes mains avaient changé d'occupation, presque secrètement ; ta plume s'était mise à immortaliser tes souvenirs et les années de misère en temps de guerre. La sensibilité à fleur de peau, te voilà donc à te découvrir un talent de conteur et d'écrivain à la plume concise et alerte. « Le roman et le cinéma se complètent » m'avais-tu affirmé. Anza est sorti, un pavé gorgé d'un tumultueux passé, où tu condensais avec lucidité tes colères tranquilles, savamment ébruités dans un témoignage dont le pétaradant le joue à l'éloquent. C'était un bonheur pour toi d'exister en dehors des prises de la caméra. Surtout de rester au service de l'art, et de la jeunesse algérienne. En plantant le décor du roman dans la terre de tes ancêtres, tu venais de concocter une œuvre plus vraie que nature, en brossant l'histoire de l'Algérie durant la période allant de 1900 à 1947 empreinte de crimes et jalonnée d'espoirs. Sans concessions.
Ton talent créatif était indéniable, pourtant tu avais abhorré le star-système en préférant rester attaché à la candeur de la jeunesse, à l'authenticité, loin du blabla et des confettis. Bah, oui ! je témoigne. J'ai bien vu ta désolation et ton affliction au vu de cette jeunesse désœuvrée, sans repères et dont les lendemains s'écrivent décidemment à coups de double blanc. Tu massais souvent ton front à l'évocation de ces barques de fortune lestées de jeunes en partance vers l'inconnu, sinon le désastre assuré.
Je me souviendrai de cette ribambelle de jeunes conviés par l'association « Horizons » qui venaient t'écouter comme un patriarche distillant anecdotes croustillantes et l'amour du travail bien fait, le verbe chichement nourri et ciselé par la sagesse de l'âge. Tout ouïe à tes babines, ils notaient grandes et petites comme un maîtres devant ses ouailles. Ensemble, ils t'avaient donné main forte pour un pèlerinage haletant sur les hauteurs d'Ouzellaguen, à l'air vivifiant comme une caresse céleste, et riche en eau douce comme le baiser d'une mère ; c'était là, dans ton village natal, Izemmouren, entre frênes et figuiers à l'ombre chichement déployée, que tu respirais la quiétude, entouré de ta garde prétorienne attentive au moindre bruit de tes chevilles qui claudiquaient, malgré tes béquilles. C'est que, tu leur servais qui d'un père absent, qui d'un éclaireur désintéressé.
Il y avait dans ta voix un je ne sais quoi de pertinence marinée dans un cœur généreux, qui donnait sans compter. Des affres de la guerre, tu bondissais vers le combat de Taos Amrouche au sein de l'Académie berbère. Tes propos rendaient Dda Lmouloud vivant et Tamazight possédait une âme immortelle. Tu faisais grief au système qui ne lâche pas prise tout en affirmant que la terre algérienne saura faire naître l'espoir.
Ben, voilà, j'ai compris pourquoi les jeunes qui t'entouraient t'estimaient si fort ! C'est que tu savais inventer l'espoir et le bonheur de continuer à vivre là où d'autres ne voyaient que désert des sens et maigre pécule. Loin du brouhaha des villes et des salles obscures, tu faisais encore chanter « Les oiseaux de l'été », tout sourire, malgré le temps qui passe et le poids de la maladie qui s'entasse. Ce film fut un préambule suivi d'une foisonnante filmographie : « Cri de pierre », « L'enfer à dix ans » et autre « Kahla ou Beïda », une filmographie qui avait longtemps égayé les soirées des téléspectateurs algériens.
Mince, la vie est courte, si courte ! Par l'art, tu avais su narguer la décadence, rendre les âmes joyeuses, fouineuses dans les tréfonds de la vie pour béqueter les must avant la tombée du rideau. La vie est si courte et tu étais parti en silence ! Mais la chronique algérienne saura retenir ton nom et servira tes productions à chaque occasion, elle le fera à la mesure de ton immense talent et la passion avec laquelle tu avais accompagné le cinéphile algérien dans la savane de l'oubli.
Merci l'artiste. Repose en paix !
T.D.


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