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“ELLES, DES VOIX ALGERIENNES" D'ABDELKRIM TAZAROUTE
Elles, à toutes épreuves
Publié dans Liberté le 21 - 03 - 2013

Vingt-trois portraits, qui se laissent lire, de femmes artistes qui ont bravé bien des interdits (poids de la société, de la famille, des traditions, etc.) pour devenir des divas, dont le parcours illustre aussi bien la réussite que la déchéance.
Qu'est-ce qui peut bien réunir vingt-trois femmes artistes, mis à part la nationalité et le talent ? Sans doute la force de caractère, la volonté de réussir et l'énergie qu'elles y mettent pour y parvenir. C'est ce qui ressort, en tout cas, des portraits d'Abdelkrim Tazaroute, qu'il a publié, le 8 mars, dans un recueil intitulé “Elles, des voix algériennes" (éditions Rafar/ministère de la Culture). Dans ce beau livre, les textes du journaliste et auteur de plusieurs ouvrages s'accompagnent de photographies, illustrant des artistes qui ont choisi de ne plus se conformer à la rigidité des conventions sociales et de mener un combat pour exister en tant qu'artistes. Au-delà de la féminité assumée et des traditions avec lesquelles elles ne rompent pas totalement, ces femmes ont fait le choix, difficile et douloureux parfois, d'exister par leur art. Femmes libres et anticonformistes, artistes aux parcours atypiques, voix singulières, les femmes artistes auxquelles est consacré cet ouvrage sont des modèles qui illustrent parfaitement la gloire et sa rançon. Dans sa préface, Khalida Toumi, ministre de la Culture, note : “Elles, des voix algériennes' se veut une célébration des femmes qui ont marqué de leur empreinte indélébile la chanson algérienne." Warda El-Djazaïria, dont le portrait inaugure ce recueil, en est le parfait exemple. Abdelkrim Tazaroute livre une anecdote qui sort Warda de la légende et humanise le portrait de cette diva. “Au hasard de la vie, je me suis retrouvé à sa table lors d'un dîner aux côtés du caricaturiste Slim, du journaliste du journal ‘Le Monde', Paul Balta, ainsi que d'autres invités de marque. J'étais d'abord saisi par son éblouissante beauté, puis progressivement par son sens de la répartie et par son humeur et sa modestie. Ce soir-là, elle croquait la vie à pleines dents et elle était la première à rire quand elle racontait une amusante anecdote", confie l'auteur.
De l'anecdote, on en aura encore dans le portrait consacré à Houria Aïchi, dans lequel l'auteur nous raconte la louable entreprise de l'artiste de recueillir des chants des Aurès, et le magnifique écho qu'a eu l'appel lancé par l'interprète de “Ya Salah" auprès de la population. Des artistes exceptionnelles, on en retrouve encore dans cet ouvrage, notamment avec les portraits, parfois un peu trop lisses, de Cheikha Tetma, Fadhéla Dziria, Nora, Nouara, Cherifa, Rimitti, Fella Ababsa, Beihdja Rahal, Nassima Chabane ou encore Zahouania. Appartenant à des générations différentes, ces femmes ont dû pourtant se battre pour exister et se faire une place dans le monde impitoyable de la musique. Beaucoup d'entre elles ont dû faire face au refus de la famille, comme Seloua. Une occasion pour l'auteur, à la faveur de ce portrait, d'esquisser un commentaire, en écrivant : “La norme, dans la logique de la perception de la famille artistique, à savoir des êtres marginaux qui évoluent dans un milieu néfaste à la bonne éducation. En un mot, des gens infréquentables, source de tous les maux de la terre. Une sphère dont il faut à tout prix éloigner vos proches, vos garçons et surtout vos filles."
Le revers de la médaille
Dans les portraits, on découvre aussi des femmes que le sort n'a pas épargnées. Des trajectoires où la douleur se confond avec le malheur, à l'exemple de Hnifa, “la voix de la déchirure", ou Beggar Hadda qui a connu la misère et le dénuement le plus total. Un portrait poignant qui laisse méditatif sur la précarité du métier d'artiste dans notre pays. Ces parcours, qui font partie de la mémoire et de l'histoire de la musique algérienne, existent comme des exemples nous rappelant que le monde artistique est un monde de l'éphémère, et que même si leur étoile a brillé au firmament, ces femmes ont également été rejetées, oubliées et marginalisées. Mais des voix aussi puissantes ne peuvent s'étouffer.
Hasna El-Bécharia est la seule représentante du Sud, bien qu'elle pratique un style (le diwane) qui n'est pas du tout spécifique à cette région.
On aurait aimé un portrait sur une des artistes pratiquant l'imzad, par exemple, mais on attendra cela pour un deuxième tome. Pourquoi pas ! Hasna El-Bécharia, fille d'un mqedem de diwane, est présentée dans le livre comme une femme qui a défié la tradition et a réussi à désacraliser le goumbri (instrument spécifique aux hommes, joué par un mâalem), tout en oscillant, dans ses chants, entre le sacré et le profane, réactualisant ainsi le répertoire traditionnel des diwanes. Le portrait de Souad Massi, auteure-compositrice et interprète, aurait pu clore l'ouvrage. La benjamine de ce recueil de portraits représente une génération qui marche sur les pas de ses aînées – avec tout ce que cela implique comme transgression et combat dans un milieu qui est, aujourd'hui, difficile aussi bien pour les hommes que pour les femmes –, mais qui fait face à une autre réalité. “Elles, des voix algériennes" comporte, en outre, des portraits bien ciselés et largement inspirés (ceux de Hnifa, Warda El-Djazaïria, Rimitti, par exemple), et d'autres qui le sont moins (Zoulikha, par exemple, où une partie d'un documentaire réalisé par l'Entv dans les années 1990 est retranscrite), ou qui nous laissent sur notre faim ! L'anecdote ne prend jamais le dessus sur la rigueur journalistique, la passion pour ces femmes, qui ont bravé bien des interdits, ne l'emporte presque jamais sur l'objectivité du journaliste, et la vie se confond parfois avec le parcours, sans que l'humanité de ces femmes-là ne s'exprime ouvertement.
Ce qui est difficile à saisir est la démarche de l'auteur, qui a le talent des mots, mais qui semble se retenir, en épargnant au lecteur certains détails de la vie de ces femmes-là, certaines failles qui font aussi leur grandeur. Sur le plan visuel, outre les problèmes de mise en page où l'aspect esthétique n'a pas toujours été pris en charge, il est dommage que les photographies – de mauvaise qualité pour certaines – ne soient pas légendées. Difficile donc de les situer dans un contexte ou dans une époque. Malgré ces maladresses qui peuvent être rattrapées dans une deuxième édition, “Elles, des voix algériennes" est, sans doute, un ouvrage de référence, puisqu'il réunit vingt-trois artistes de tous bords, s'illustrant dans différents styles, ayant émergé à différentes périodes, et ayant pour point commun : une volonté à toute épreuve.
S K
“Elles, des voix algériennes" d'Abdelkrim Tazaroute. Beau livre de portraits.
124 pages. Editions Rafar/ministère
de la Culture. 1500 DA.


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