Le mea-culpa de Bush

Il A désigné une commission d’enquête

Devant la levée de boucliers des parlementaires des deux chambres du Congrès et de plusieurs personnalités démocrates, le président américain à annoncé, hier, la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour statuer sur les fausses informations des services de renseignement US relatives aux armes de destruction massive irakiennes. La commission devrait comprendre des parlementaires et des personnalités indépendantes à l’exclusion des services secrets. Acculé par les déclarations de David Kay, le responsable des opérations de recherche menées en Irak par 1 400 inspecteurs américains pour tenter de mettre la main sur les prétendues armes de destruction massive détenues par Saddam Hussein, qui à la suite de son long périple à travers le territoire irakien a exclu l’existence de ce type d’armement, George Bush reconnaît à demi-mot avoir été trompé dans son jugement en déclarant, contre l’avis de la majeure partie de la communauté internationale, la guerre contre l’Irak. À travers cet engagement, le président américain remet en cause la fiabilité des services de renseignement, à la base de toutes les décisions stratégiques. Il appartiendra à cette commission de savoir si les conclusions auxquelles aboutissent ces services sont transmises intégralement à qui de droit ou subissent des “améliorations� ou des “restrictions� en cours de route pour épouser la tournure qu’il faut lui donner en fonction des questions de l’heure. Ce mea-culpa, à peine voilé, ne manquera pas d’être exploité par les candidats du parti démocrate à l’investiture pour l’élection présidentielle de novembre prochain, qui ne ratent aucune occasion de critiquer l’actuel locataire de la maison-blanche sur le dossier irakien. Pis, les résultats de la commission d’enquête pourrait sonner le glas pour George Bush, parce qu’elles mettraient à nu son incapacité à contrôler les services de renseignement desquels dépend en grande partie la sécurité des États-Unis. Il faut dire que la CIA and Co ont cumulé les bourdes au cours du mandat présidentiel de Bush, à commencer par leur défaillance dans les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Ce fut la surprise totale pour les Américains. Quant au dossier irakien, tout indique que qu’il a été monté de fil en aiguille avec les services britanniques par les “faucons� du département d’État US, qui affichaient clairement leur position vis-à -vis du régime de Saddam Hussein et dont les buts inavoués étaient le pétrole et les marchés de l’opération de reconstruction de l’Irak. Cela dit la désignation d’une commission d’enquête permettra de dévoiler beaucoup de vérités sur la crise irakienne. L’avenir politique de George Bush en dépend, surtout qu’elle intervient à quelques mois seulement de la remise en jeu de son mandat.
K. A.