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Poudre aux yeux
Publié dans Liberté le 04 - 02 - 2004

La surveillance des précédents scrutins a montré les limites de ce type de contrôle qui reste très formel, voire symbolique. Pour qu’il soit efficace, il faudrait une légion de contrôleurs répartis sur l’ensemble des bureaux de vote. Une entreprise irréalisable et insensée.
Toute l’opposition démocratique est convaincue que sans la mise en place de mécanismes neutres d’organisation et de contrôle, l’élection présidentielle d’avril prochain sera truquée, comme d’ailleurs les précédentes. Le fait que le Chef du gouvernement ait accordé son soutien au Président-candidat et que le ministre de l’Intérieur ne cesse de mettre en place une administration aux ordres et à sa tête des hommes acquis font craindre une fraude massive pour assurer à leur candidat potentiel une réélection éclatante. Dans le camp des “onze�, personne n’est dupe. Les personnalités, en lice face à cette machine électorale, ont interpellé, en dernière instance, l’ANP pour qu’elle mette le holà aux dépassements, aux manquements et aux dérives relevés dans la préparation de cette élection. Le chef de l’état-major de l’armée est intervenu dans le débat en insistant sur la neutralité de tous les intervenants pour que l’organisation du scrutin soit transparente et qu’elle ne soit entachée d’aucune irrégularité.
À défaut, l’ANP ne restera pas les mains croisées, ce qui, en d’autres termes, signifie que cette institution ne laissera pas le pays sombrer dans l’anarchie et le chaos.
L’avertissement s’adresse évidemment à ceux qui confondent les choix personnels et le service public et qui seraient tentés par une manipulation des voix et par le bourrage des urnes.
Pour éclipser les préoccupations de l’opposition et faire passer à l’arrière-plan les mises en garde de l’ANP, des sources avancent qu’il sera fait appel à des observateurs internationaux lesquels, par leur présence, donneront une crédibilité à cette élection.
La surveillance des précédents scrutins a montré les limites de ce type de contrôle qui reste très formel, voire symbolique. Pour qu’il soit efficace, il faudrait une légion de contrôleurs répartis sur l’ensemble des bureaux de vote. Une entreprise irréalisable et insensée.
Alors qu’on ne nous jette pas de la poudre aux yeux ! Une élection sans fraude est envisageable ici sans le concours de l’étranger, pour peu que des mesures courageuses soient prises, qui autoriseront l’installation, à tous les niveaux, de personnalités connues et reconnues pour leur neutralité et leur probité.
L’idée d’un gouvernement technique sans aucune couleur politique, dont la seule mission est d’organiser cette élection, constitue une autre variante qui ne devrait déranger ni ceux qui sont au pouvoir ni ceux qui sont dans l’opposition.
A. O.


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