La compétition courts métrages s'est poursuivie hier avec la projection de trois films, dont Les Jours d'avant de Karim Moussaoui, le troisième représentant de l'Algérie dans cette section. Les Jours d'avant nous renvoie près de deux décennies en arrière, précisément en 1994, dans un quartier loin de la capitale et de sa rumeur. Dans ce lieu, on fait la connaissance d'abord de Jaber (Mehdi Ramdani), qui raconte en voix off son quotidien d'adolescent, entre les cours au lycée, la vie dans le quartier avec ses amis et son impossibilité de se projeter dans l'avenir. La situation sécuritaire devenant de plus en plus précaire, la famille de Jaber décide de partir s'installer ailleurs. Fin du chapitre I. S'ouvre alors le chapitre II, l'histoire de Yamina (Souhila Maalem), qui vit dans la peur avec son père, inspecteur de police, sa mère très souffrante, et sa sœur. Yamina aspire à quelque chose qu'elle-même n'arrive pas à définir, mais en attendant, elle nous raconte, tout comme Jaber, son passé d'adolescente avec la distance du présent. Karim Moussaoui a choisi la période idéale, l'adolescence, pour raconter à sa manière (et d'une très belle manière) la décennie noire, tout en se focalisant sur le quotidien de deux adolescents, préférant ainsi une vision subjective, donc incontestable d'une douloureuse période. Cet âge de toutes les incertitudes et les inquiétudes est parfaitement adapté aux diverses interrogations qu'on pourrait formuler sur cette phase difficile de l'histoire de l'Algérie. "Je n'ai pas traité du terrorisme, qui mérite non pas un seul film mais plusieurs pour en parler, j'ai parlé de deux jeunes adolescents. Je voulais raconter des émotions, et non expliquer ce qui s'est passé. Ma problématique était comment regarder cette violence, comment on l'a subie, comment on l'a vécue, qu'est-ce qui est important, qu'est-ce qu'on va garder, quelles seront les leçons qu'on va tirer de tout ça", a déclaré Karim Moussaoui, lors du débat organisé à l'issue des projections. Et de renchérir : "J'ai exposé ma subjectivité sur cette période-là. Il ne s'agit pas de capter une réalité mais d'en exposer le maximum de points de vue." Mission accomplie. S. K. Nom Adresse email