Examiné en conseil de wilaya jeudi dernier, le secteur de la santé dans la wilaya de Tizi Ouzou s'est révélé être un des mieux lotis au niveau national en matière d'équipements et d'infrastructures, mais paradoxalement, un des plus malades et défaillants du pays. Un CHU dépassé et constamment sous pression, une clinique de gynécologie obstétrique qui fait cycliquement l'objet de scandales, plusieurs hôpitaux et de nombreuses polycliniques éparpillées un peu partout, mais sans aucune vie médicale par manque de prise en charge, faute de médecins spécialistes, de nombreux équipements de radiologie non fonctionnels, faute de radiologues, des projets qui traînent en long et en large et des responsables qui se rejettent les responsabilités, tout en essayant de tirer, individuellement, leur épingle du jeu. Ce sont là quelques éléments du diagnostic du secteur sanitaire à Tizi Ouzou. Pour le wali, Abdelkader Bouazghi, qui présidait la séance, cette situation est "le fruit d'un manque d'autorité, de synergie, de coordination et de concertation entre les différents acteurs du secteur". Autrement, la couverture sanitaire dans la wilaya a atteint, selon le directeur de wilaya de la santé, 96%, et avec autant d'infrastructures existantes — la moyenne d'un médecin spécialiste pour 1 633 habitants et un médecin généraliste pour 1 145 habitants au moment où la norme de l'OMS et la moyenne nationale sont de un médecin généraliste pour 2 000 habitants — la wilaya a de quoi faire face aux besoins de sa population en matière de santé. "La wilaya de Tizi Ouzou est la 4e plus médicalisée au niveau national après Alger, Oran et Constantine", a confirmé, lors de son intervention, le président de l'Ordre des médecins. Lors de son intervention, le Pr Ziri, directeur du CHU Nedir-Mohamed, a souligné qu'en 2012, le CHU a enregistré 110 789 consultations spécialisées et 6 455 actes opératoires contre 97 844 consultations spécialisées et 5 173 actes opératoires en 2011, soit une nette hausse qui fait que les capacités de l'hôpital fonctionnent à 200%. "Il faut délocaliser certaines consultations. Nous n'arrivons pas à satisfaire la demande. C'est aussi le cas en matière de radiologie, à l'heure où la médecine est devenue une affaire d'exploration biologique", a-t-il expliqué, déplorant qu'en 2012, au moins 8 médecins radiologues ont été affectés à la wilaya, mais vite réorientés ailleurs. Le Pr Ziri a aussi évoqué l'épineux problème des évacuations vers le CHU. Les interventions des différents chefs de daïras de la wilaya ont révélé une situation encore des plus dramatiques. De belles polycliniques ont été réalisées un peu partout, mais, expliquent-ils, ni les laboratoires, ni les services de radiologie, ni les fauteuils dentaires, ni les consultations spécialisées ne sont opérationnels lorsqu'ils ne sont pas mis entre les mains d'employés dans le cadre de l'IAIG. C'est le cas à Irdjen, Tizi n'Tleta, Bouzeguène, Yakourène... Et parfois même, les médicaments ne sont pas disponibles. C'est le cas à l'hôpital de Larbaâ Nath Irathen. Des structures sans vie qui poussent les patients à s'orienter vers le seul CHU de Tizi Ouzou pour tous leurs soins et vers la clinique Sbihi pour les accouchements, faisant ainsi de cette clinique un établissement qui fonctionne, selon son directeur, à 123% de ses capacités. Un taux qui n'est pas sans générer des négligences et faire des victimes comme cela a été d'ailleurs le cas durant la semaine écoulée. Le constat étant dressé, le wali a insisté plus particulièrement sur l'urgence de réorganiser la gestion des services des urgences, de travailler dans la coordination et de trouver des solutions de substitution en attendant la réalisation du nouveau CHU, dont les travaux débuteront, a-t-il annoncé, en janvier 2014. S. L Nom Adresse email