“Je refuse d’abdiquer�

Ahmed Taleb Ibrahimi

Il reconnaît que les indices n’incitent pas à la candidature. Mais…
Ahmed Taleb Ibrahimi a choisi le premier jour de l’An musulman (Awal Mouharam 1425, hier) pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle du 8 avril. “J’ai décidé, après mûres réflexions et de larges consultations, et devant l’insistance des militants et sympathisants de Wafa (mouvement non agréé, ndlr) appartenant à tous les milieux et à toutes les couches sociales, d’entrer en lice dans la bataille de la prochaine élection présidentielle�, a-t-il affirmé à l’hôtel Sofitel, à Alger.
L’ancien ministre des Affaires étrangères, qui s’est contenté d’une déclaration de près d’une demi-heure, est pourtant presque convaincu de la victoire quasi-certaine de Abdelaziz Bouteflika.
Car à l’instar de Mouloud Hamrouche, il laisse nettement croire que les principaux cercles de décision, notamment l’armée, ont bel et bien cédé, ouvrant large, les voies d’un second mandat au chef de l’État. “Je suis donc au regret de dire que la neutralité de l’institution militaire, si elle était réelle, et seul le temps se chargera de le confirmer —, n’a été profitable jusqu’à ce jour qu’à un seul homme et non au peuple qui la souhaitait pour lui-même�, dit-il dans sa déclaration. Il reconnaît que “ce facteur à lui seul n’incite pas à la candidature, car faire acte de candidature dans ces conditions pourrait signifier la crédibilisation d’un scrutin déjà fermé et dont les résultats sont déjà programmés. Pourquoi alors se présenter ?� Réponse en deux actes : “Jusqu’à quand perdurera ce mépris de la volonté populaire ? Abdiquer devant ceux qui l’humilient quotidiennement, est-ce cela qui nous est demandé aujourd’hui ?� Taleb Ibrahimi a le sentiment que le peuple, “qui s’est contenté d’une abstention pacifique en 1999 (Taleb s’était retiré de la course au dernier jour de la campagne électorale en compagnie de cinq autres candidats (Mokdad Sifi, Mouloud Hamrouche, Hocine Aït Ahmed, Youcef Khatib et Abdallah Djaballah, ndlr), ne laissera pas, cette fois-ci, passer l’occasion sans une réponse adéquate. Il décide d’affronter les urnes par souci de contribuer à la cessation des souffrances du peuple, à la réhabilitation des institutions de l’État, à la revalorisation du dialogue, de la tolérance et de la fraternité…�
Le fondateur de Wafa rappelle avoir averti “depuis des mois� que le peuple “ne sera rassuré sur les intentions de celui-ci que si trois conditions sont remplies : neutralité de l’institution militaire, de l’administration et la non-utilisation des derniers publics et des médias lourds à des fins électoralistes.� Il a précisé que la neutralité de l’armée “doit être une neutralité active afin qu’elle soit imitée par les autres institutions et, qu’ainsi, le peuple puisse en bénéficier pour reprendre en main ses destinées�.
Or, le constat est le suivant : “Le gouvernement s’est transformé en comité de soutien, la présidence de la République en permanence électorale, sans parler des pressions et intimidations sur les associations, les institutions et les partis, ou encore sur les hommes d’affaires et les professions libérales pour les contraindre à rejoindre la cohorte des affidés au Président-candidat.�
En tout état de cause, Taleb Ibrahimi se présente “muni de deux armes essentielles : la foi en Dieu et la confiance dans le peuple�. Il dit avoir fait face à un choix difficile, “soit entrer en compétition alors que les règles du jeu sont définies par l’autre partie ; soit rester en dehors de l’arène et, partant, rater une opportunité de contribuer à aider le peuple à se libérer des chaînes de la tutelle et de la politique du mépris.�
Il promet notamment de restituer la liberté aux Algériens, appliquer la justice sociale, renforcer les fondements de l’unité nationale, réhabiliter la morale dans la vie publique et consolider la notion de l’État.
La cérémonie d’annonce s’est déroulée en présence des sympathisants du candidat. Parmi les personnalités connues, seul Ali Yahia Abdenour était dans la salle.
L. B.