Mises en garde occidentales

Après le retour des conservateurs au pouvoir en Iran

Longtemps réservée dans sa politique vis-à -vis du régime des mollahs, l’UE rompt son silence et semble sur le point d’emboîter le pas aux États-Unis.
Soutenu jusque-là par l’Europe, l’Iran est sur le point de se retrouver isolé sur la scène internationale, après les regrets formulés par Bruxelles quant à la gestion des élections législatives iraniennes. L’Union européenne (UE) estime que la mise à l’écart des candidats réformateurs constitue “un revers pour la démocratie�, dans une déclaration commune de ses chefs de la diplomatie. Cela rend “impossible au peuple iranien un véritable choix démocratique�, ajoutent les ministres européens des Affaires étrangères. Ce qui s’est passé en Iran lors de ce scrutin législatif est considéré par la Commission européenne comme “un pas en arrière pour la démocratie�. Toute la sympathie gagnée depuis l’avènement du gouvernement réformateur de Mohamed Khatami est en train de fondre comme neige au soleil. Déjà dans le collimateur de l’Administration Bush, qui n’a pas hésité à le placer dans l’axe du mal, Téhéran file du mauvais coton, selon les observateurs de la scène internationale. Les récentes découvertes de l’Agence internationale de l’énergie atomique faisant état de l’existence de centrifugeuses de transformation de l’uranium dans les centrales nucléaires iraniennes, dont les mollahs n’ont pas déclaré l’existence aux inspecteurs de l’AIEA, confortent les appréhensions américaines à ce sujet. Washington, qui n’a jamais caché son inimitié pour le régime iranien, n’attend qu’un soutien européen pour isoler davantage ce pays. La position de l’UE constitue un premier pas dans ce sens. Même si pour l’instant Bruxelles modère encore ses déclarations, il n’en demeure pas moins qu’elle accompagne sa démarche de conditions, qui, si elles ne sont pas remplies par l’Iran, pourraient aboutir à un durcissement de sa position. Pour le moment, l’Union européenne fait part de sa déception et attend de Téhéran des actions visant à démocratiser le régime. Dans leur communiqué, les ministres européens relèvent “les progrès de l’Iran vers la liberté politique durant ces dernières années� et émettent l’espoir de voir ce pays “retrouver le chemin des réformes et de la démocratisation�. Néanmoins, l’attente de l’UE risque de s’avérer vaine, car les conservateurs, qui s’apprêtent à reprendre les commandes en Iran, ne semblent nullement disposés à faire des concessions ni à plaire à l’Occident. Les États-Unis, qui ont fait main basse sur l’Irak, comptent bien mettre à genoux le régime des mollahs. Ce dernier représente, avec la Syrie, les deux entraves qui empêchent encore une hégémonie américaine totale sur la région. L’Iran est averti. Washington n’attend que le prétexte pour entamer sa campagne de provocations. Par la voix de Richard Boucher, le porte-parole du département d’État, les États-Unis ont réaffirmé leur intention de poursuivre “la pression pour les réformes et la démocratie en Iran�. Reste à savoir si les conservateurs iraniens, qui rejettent tout contact avec l’Amérique, iront jusqu’au bout de leur logique suicidaire.
K. A.