L'après-midi de ce vendredi 30 décembre 2011 n'était en rien un après-midi comme les autres pour les Rouge et Blanc du Mouloudia d'Oran. Même si le temps a quelque peu atténué la douleur d'avoir perdu, en ce jour, une figure marquante de la famille mouloudéenne, le défunt Hadj Tayeb El-Ghalia qui a drapé d'un voile noir le populaire quartier d'El-Hamri, touché au plus profond de son cœur par la disparition de cet homme aux intarissables qualités humaines, et que l'oubli a remplacé par d'autres images plus gaies, celles retransmises en direct à la télévision de ce grand matelas de réception pour saut à la perche dévoré par les flammes causées par un fumigène balancé du haut des gradins non couverts, les conséquences de cette 32e de finale de coupe perdue face à l'Entente de Sétif continuent de faire couler des rivières d'encre et de salive. Plus que les buts de Delhoum (43') et Djabou (67') qui donnèrent la victoire finale à l'ESS et la qualifièrent pour les 16es de finale aux dépens d'un MCO qui n'a pu résister après avoir pourtant ouvert le score (Dagoulo, 35'), c'est finalement ce qui se serait passé la veille qui continue d'alimenter la chronique sportive après que l'entraîneur mouloudéen de l'époque, Mohamed Henkouche, eut choisi de faire exploser une bombe au nez de son ancien président Youssef Djebbari qu'il a accusé ouvertement d'avoir "combiné le match après avoir tenté en vain de le convaincre de le suivre dans sa démence". "Djebbari m'a demandé de faciliter la mission de l'Entente. Il m'a clairement proposé de laisser l'ESS se qualifier en coupe. En contrepartie, cette équipe nous rendrait la pareille en championnat, à Sétif, en nous offrant les trois points qui nous permettraient d'assurer le maintien sans difficulté avec comme garantie préalable un chèque de deux milliards. J'ai bien évidemment refusé. Question de ne pas perturber le groupe, j'ai préféré rester à l'hôtel, lieu de la mise au vert, au moment où les dirigeants avaient fait circuler une fausse information selon laquelle je souffrirais de troubles gastriques. Il est clair que Djebbari va réfuter ces accusations, mais j'ai des témoins, dont mon ancien adjoint Salem Laoufi. Et si j'ai gardé le silence pendant deux ans avant de parler, c'est que ma conscience n'a pu supporter un plus long moment avant de faire éclater la vérité", avait, pour rappel, allumé Mohamed Henkouche comme première mèche, avant de répéter à satiété ses "vérités" aux micros des différentes et multiples chaînes de télévisions et de radios locales, privées et étatiques. Pour sa défense, le président incriminé Youssef Djebbari a préféré évoquer "la folie", non pas la sienne, mais plutôt celle de l'accusateur. "Mohamed Henkouche est un clown qui n'a rien à faire si ce n'est tenter de souiller l'image de marque du MCO et de l'ESS. Je ne l'ai pas vu et je ne l'ai pas eu au téléphone le soir de cette rencontre de coupe face à l'ESS comme il le prétend. Il ne fait que mentir en faisant mine d'avoir des preuves. Qu'il les rende publiques alors, nous ramène ce chèque ou amène avec lui son ancien adjoint Salem Laoufi au tribunal. Mais comme il est devenu fou, qu'il affabule et qu'il n'a rien à faire, Henkouche s'attaque méchamment au MCO et à l'ESS. Ce personnage devenu lourd a sali, par ses déclarations irresponsables, deux grandes villes comme Sétif et Oran et deux grands clubs comme l'Entente et le Mouloudia. Cependant, je ne le lâcherai pas ! Il n'est plus le bienvenu, ni à Oran ni au Mouloudia. Si ce n'est le fait qu'il est grand-père, j'aurais même révélé quelques-uns de ses nombreux et multiples dérapages. Aussi, s'il était vraiment un homme avec un grand H, pourquoi n'a-t-il pas tout fait sauter la veille de ce match, le lendemain ou même le surlendemain ? Deux ans après, ça fait plutôt rire, surtout que l'ESS avait une sacrée équipe capable de s'imposer sur n'importe quel terrain d'Algérie". Voici ce qui a été publié le 31 décembre 2011 dans Liberté Citée par Henkouche, l'ESS, par l'entremise de son actuel président Hacène Hammar, a également réagi à ces déclarations. "Tout le monde à Sétif s'interroge sur la sortie, pour le moins mystérieuse, de cet entraîneur qui a sillonné le pays à la recherche de clubs à entraîner. Pourquoi Henkouche a-t-il attendu deux ans pour faire ces révélations ? S'il a des preuves de ce qu'il avance, il n'a qu'à les présenter à qui de droit. Mais personnellement, je rassure l'opinion sportive sétifienne : cette affaire est montée de toutes pièces par Henkouche et certains qui n'ont pas avalé la réussite de notre club. Je n'ai reçu, pour l'instant, aucune convocation pour être auditionné par la LFP. Toutefois, je me tiens prêt à toute éventuelle collaboration pour l'aider à faire toute la lumière sur cette affaire. D'autre part, je ne lâcherai pas Henkouche. Je suis décidé à le poursuivre en justice pour faire éclater la vérité", avait d'ailleurs lâché un Hammar menaçant. Au milieu de ces déclarations à faire douter n'importe quelle tierce partie, en particulier devant de telles affirmations solennelles de part et d'autre, de telles professions de foi et de la si usuelle langue de bois, nous avons choisi, à Liberté, d'interpeller la conscience d'un lectorat (assurément) capable de distinguer la bonne graine de l'ivraie pour que chacun, seul, sans influence extérieure si ce n'est ses convictions, puisse se faire une opinion libre de cet autre scandale qui éclabousse le football algérien. Pour ce faire, Liberté a fait et assume le choix de (re)publier une partie du compte-rendu paru le lendemain de cette rencontre, à savoir le samedi 31 décembre 2013, facilement vérifiable et consultable dans les archives électroniques du journal à travers son site. Or, un simple coup d'œil sur ce qui a été publié sur ces mêmes colonnes voilà maintenant vingt-quatre mois, deux longues années avant que Mohamed Henkouche ne décide de crever l'abcès, permet, justement, de se faire une opinion claire à ce sujet. "Le deuxième but de l'ESS (re)mettra le feu dans les tribunes et provoquera la colère et l'indignation d'une partie du public oranais qui, comme à son habitude, fera voler diverses sortes de projectiles en direction de la pompeusement dénommée tribune officielle... L'absence intrigante de Henkouche, officiellement pour ‘un pic de tension qui a nécessité son transfert aux UMC' alors que d'autres évoquaient ‘son refus de cautionner ce que sa direction a décidé', le changement à la toute dernière minute de trois joueurs majeurs du onze initialement prévu pour débuter le match, l'absence des dirigeants mouloudéens et l'aveu même de certains joueurs ‘d'avoir été sommés de ne pas trop forcer' sont ensuite venus donner encore un peu plus de crédit à la folle rumeur qui a circulé la veille à propos d'un ‘arrangement tacite' entre les directions des deux clubs. Les scènes de violence et l'affrontement entre jeunes des quartiers limitrophes et les éléments de la police anti-émeute sont ensuite venus confirmer au peu de supporters mouloudéens encore ‘naïvement optimistes' que l'après-midi d'hier n'était décidément pas comme les autres...", avait, en effet, publié Liberté voilà maintenant deux ans. Chacun est désormais libre de choisir son camp ou, à défaut, de se faire une opinion infiniment proche de la vérité... R. B. Nom Adresse email