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République Centrafricaine
Corruption, despotisme, misère et guerres civiles
Publié dans Liberté le 12 - 01 - 2014

À la veille de l'indépendance de la République centrafricaine (RCA), Abel Goumba, alors président du Conseil et Premier ministre, est écarté par David Dacko en 1960. Ne disposant pas de nombre suffisant de "conseillers" pour continuer à exercer son pouvoir à Bangui, Paris a donc catapulté David Dacko, mais le rapprochement de ce dernier avec les Chinois poussera l'Elysée à le remplacer par son cousin Jean Bedel Bokassa à l'issue d'un putsch, en 1966. Plus despotique et corrompu que son prédécesseur, Bokassa sera très courtisé par Paris. Valéry Giscard d'Estaing fera des parties de chasse avec lui, en Centrafrique, et profitera même de ses largesses diamantaires après avoir béni le couronnement, le 4 décembre 1976, qui fit de lui un empereur. Trois années plus tard, en septembre 1979, Paris organise "l'opération Barracuda" qui destitue l'ami Bokassa au profit, encore une fois, de David Dacko. Pendant que l'empereur était en visite à Tripoli, chez Kadhafi, les gros bras de l'ex-SDCE convoient David Dacko dans un Transall de l'armée française, droit sur Bangui. En effet, les rapprochements de l'empereur avec le Guide libyen, l'ennemi français numéro un de l'époque, ont commencé à inquiéter Paris. Paris redonnera donc du service au dépressif David Dacko qui sera destitué par le général Kolingba, en 1981, avec la bénédiction de l'Elysée. Douze années durant, il renforcera la dictature militaire tout en gouvernant sous le contrôle étroit du colonel français, Jean-Claude Mantion, considéré comme un véritable proconsul du président Mitterrand.
Cet agent des services secrets français, devenu chef de la sécurité présidentielle, était en fait "le véritable maître du pays" : il y faisait la loi, comme au bon vieux temps de Jacques Foccart, le tout puissant conseiller de De Gaule aux affaires africaines.En 1993, dans la vague de démocratisation post-Guerre froide, Paris obligera le général Kolingba à organiser des élections pluralistes, à l'issue desquelles le fauteuil présidentiel revint à Ange-Félix Patassé. Paris lui apportera aide économique et soutien militaire mais son autoritarisme et sa discrimination suscita de nombreux mécontentements qui, en 1996, firent entrer le pays tout entier dans un cycle de violences d'où il n'est plus sorti. Après les violences inter-ethniques, les interventions de l'ONU, puis les interventions de l'armée française pour sauver son régime aux abois, Patassé essaiera de se rapprocher de Kadhafi, ce qui ne tardera pas à le mettre à son tour dans le collimateur français.
Une sanglante guerre civile éclate alors entre 2002 et 2003, offrant l'occasion au général François Bozizé de s'emparer du pouvoir, par un putsch, le 15 mars 2003, avec le soutien discret de la France et l'appui de miliciens tchadiens. Deux avions de chasse français survolaient alors la capitale et le palais présidentiel pour filmer les positions des loyalistes au profit du putschiste Bozizé ! Par contre, le président Patassé était soutenu par une unité libyenne. La prise du pouvoir par Bozizé ne met pas fin aux violences, qui se répètent en 2006-2007 ; obligeant Paris à envoyer ses troupes à deux reprises pour sauver le président.
De vexations en révolte, de crise en guerre civile, la situation n'a fait qu'empirer, parce que l'Elysée n'a jamais laissé ce pays se gouverner seul. Les opérations de déstabilisation françaises ont été des facteurs déterminants dans la crise centrafricaine, ce qui n'empêche pas le président Hollande de déclarer avec cynisme en 2012 : "Si nous sommes présents [en Centrafrique], ce n'est pas pour protéger un régime, c'est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts." Ce but n'a certainement pas changé, en dépit de l'humanisme publicitaire affiché lors de l'intervention militaire en cours. En traficotant les urnes, et grâce à la bénédiction française, Bozizé est donc réélu en 2005 et 2010, en dépit du fait qu'il ait engendré une guerre civile. Mais en 2012, l'opposition, dite Séléka, une alliance d'opposants et de milices chrétiennes et musulmanes, avait décidé d'en découdre avec lui. Mais ils créent le chaos avant d'installer Michel Djotodia au pouvoir, en mars 2013.
Des milliers d'habitants ont fui pendant que les Séléka se rapprochaient de la capitale, Bangui, en dépit des appels à l'aide de Bozizé, lâché par l'Elysée qui avait un autre agenda, après l'avoir maintenu durant une décennie. Incapable de rétablir l'ordre, le nouveau président, Michel Djotodia, se contente d'appels à l'aide pendant que le pays s'enlise dans une deuxième guerre civile où les djihadistes sèment la terreur.
La France laisse pourrir la situation tout en assurant la protection rapprochée du putschiste Michel Djotodia, par une vingtaine de mercenaires de la société Roussel G-Sécurité. Un scénario qui rappelle un peu le coup d'Etat au Mali, qui a précédé l'occupation du pays par les hordes terroristes d'Ansar Eddine, du Mujao et du MNLA, suivie de l'ingérence française.
Toute la crise actuelle de Centrafrique est donc issue de ce jeu de coups d'Etats ourdis par la France qui a progressivement acculé le pays au chaos actuel. Le putsch de Bozizé contre Ange-Felix Patassé a immédiatement profité à la France, remerciée par un contrat d'exploitation de l'uranium au profit du groupe nucléaire Areva. D'un montant de 18 milliards de Francs CFA (27 millions d'euros) et portant sur le gisement de Bakouma, le contrat fut signé en 2008 pour cinq ans. Areva est aussi présente au Niger où eut lieu le kidnapping des quatre Français, une prise d'otage qui a été un facteur déterminant dans l'intervention française au Mali, en janvier 2013, dans le cadre de l'opération Serval.
Le contrat d'Areva au Niger atteint son terme fin 2013, tout comme celui de cette même société en Centrafrique. Comme par hasard, l'intervention Serval au Mali a mis Paris en position de force pour un éventuel renouvellement de contrat pour Areva au Niger. Areva exploite les mines d'uranium nigériennes depuis près d'un demi-siècle, sans que le pays profite réellement de ces ventes au rabais. Son exploitation des ressources en RCA ne fait pas non plus sortir ce pays du sous-développement.
Comme si les deux ressources les plus précieuses, l'uranium et le diamant, étaient maudites. Lorsque le contrat d'Areva va prendre fin, les troubles commencent en RCA et, comme par hasard, c'est encore la France qui accourt sauver le bon peuple centrafricain menacé de guerre civile.
Rentabiliser l'intervention R2P
L'Elysée a un passé riche avec les dictateurs de Bangui. On se souvient du "parrainage" de Valéry Giscard d'Estaing au couronnement de Bokassa 1er en 1976. Ce sacre a été vécu par les Centrafricains comme une humiliation. Jacques Chirac, quant à lui, a fabriqué François Bozizé, ce soldat devenu général à l'âge de 32 ans parce qu'il était l'aide de camp de Bokassa.
Soutenu par la France depuis 2003, le général président s'est maintenu au pouvoir bien que largement contesté par les forces démocratiques de l'opposition. Commencée en décembre 2012, ce qu'on appelle deuxième guerre civile centrafricaine est un mélange d'actes de terrorisme et de banditisme qui ont provoqué l'exil de milliers de personnes et causé la mort de milliers d'autres au sein de toutes les ethnies de ce pays. D'après l'ONU, qui a donné l'aval à la récente intervention française, la Centrafrique était confrontée à un risque de génocide. En tout cas, elle s'enfonçait dans le chaos et des violences confessionnelles entre groupes armés chrétiens et musulmans.
La population de la RCA est composée de 80% de chrétiens, de 9,6 % d'animistes et de 10,1 % de musulmans, dont une minorité de radicaux wahhabites manipulés pour nuire et pour donner des prétextes à une "intervention humanitaire" qui n'a pas tardé à se faire. Musulmans et chrétiens vivaient en paix et en harmonie en Afrique depuis plusieurs siècles, puis subitement ils se mettent à s'entretuer !
Que s'est-il passé ? Le Conseil de sécurité a adopté, le 14 août 2013, une déclaration jugeant que la crise en RCA était une "grave menace" pour la région et assurait que ses membres étaient prêts à envisager "toutes les options possibles pour stabiliser le pays". Préoccupé par le soutien et l'armement des terroristes en Syrie, l'Occident n'était pas pressé d'intervenir en Centrafrique. À moins qu'il fallût que la situation dégénérât au maximum pour y aller en sauveurs, comme au Mali. D'avantage de sang, de destructions et de désordre étaient-ils nécessaires pour que la "mission humanitaire" occidentale soit programmée, pour être ensuite filmée, télévisée et rentabilisée politiquement ? Elle aura lieu juste à la veille d'un sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, qui a réuni une quarantaine de dirigeants africains... venus à Paris faire allégeance ou quémander un quitus pour un nouveau mandat présidentiel, en contrepartie de richesses bradées et en dépit des misères engendrées dans leurs propres pays. Tout aussi françafrique que ses prédécesseurs, sinon plus, François Hollande joue encore les gros bras pour "sauver" l'Afrique, bien qu'il ait préalablement dit que ce qui comptait pour lui c'était la seule protection des citoyens et des intérêts français. En Centrafrique, il n'y a pas que l'uranium, l'or et les diamants. Il y a aussi du pétrole, l'énergie hydroélectrique et d'autres ressources potentiellement importantes mais inexploitées à ce jour. Cependant, malgré les richesses non négligeables dont il dispose, ce pays est l'un des plus pauvres du monde. Depuis 2012, le paludisme y fait rage avec des centaines de milliers de cas, le taux de mortalité est élevé et plus d'1,6 million d'habitants auraient besoin d'une assistance humanitaire immédiate.
Dans ce pays agricole qui ne dispose que de 500 kilomètres de route, de 25 000 kilomètres de pistes et d'un seul aéroport international, l'industrie assure à peine 15% du PIB bien qu'en 2008, 400 000 carats de diamants furent extraits des gisements de Carnot et de Mouka-Ouadda. En effet, le diamant assure le quotidien de 900 000 personnes et sa production réelle est estimée au double environ, ce secteur étant miné par la contrebande. Ces ressources appréciables n'empêchent pas le pays de crouler sous la misère alors que sa population ne dépasse guère les 4,6 millions d'habitants.
(à suivre) A. E. T.
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