Taleb fustige Zerhouni

Il accuse le ministre de l’intérieur d’être derrière sa disqualification

Coup de théâtre, hier, à la permanence du Dr Ahmed Taleb Ibrahimi : de la villa sise au 18, rue Tolstoï, à Hydra, et devant une salle bondée de reporters auxquels était venue s’ajouter une nuée de militants de son parti (Wafa, non agréé), ainsi que des membres de ses comités de soutien, Taleb annonce que les “décideurs� ont sciemment programmé son élimination et que l’exécutant de cette “sale besogne� n’était autre que Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur. Le Conseil constitutionnel n’est évidemment pas épargné. Il est accusé par le président de Wafa d’avoir apporté la touche finale au travail de sape effectué, selon lui, par Zerhouni.
Encadré par MM. Mohamed Saïd, secrétaire général du parti Wafa et par le général à la retraite Rachid Benyellès, Taleb se montrera sous son meilleur jour lors d’une conférence de presse qu’il a animée hier matin. Loin d’être diminué ou dépité, l’ex-candidat est au mieux de sa forme : serein, persuasif et plus résolu que jamais, avec la hargne d’un battant.
Dans une longue déclaration liminaire, Taleb commence par dresser un sévère réquisitoire contre le système Bouteflika. Il expliquera ainsi, par le menu, comment l’administration, complètement acquise au Président-candidat, a été instrumentée pour casser du Taleb. Il accuse le gouvernement d’être devenu un “comité de soutien dans lequel le ministre de l’Intérieur occupe la fonction de directeur de campagne du Président-candidat�. Le Dr Taleb Ibrahimi fera des révélations fracassantes sur les dérives de l’administration dans l’opération de collecte des souscriptions. “J’ai recueilli exactement 93 416 signatures dont 14 353 n’ont pu être légalisées pour des entraves de l’administration�, a-t-il affirmé.
Dans sa décision du 1er mars portant invalidation de la candidature du Dr Ahmed Taleb Ibrahimi, et dont copie a été remise à la presse hier, on apprend que sur les 79 000 signatures légalisées présentées par le concerné, 74 000 seront retenues. Il ne manquait au prétendant à la candidature que 1 000 signatures dans une wilaya. En effet, ses boîtes d’archives au nombre de 121 couvraient 24 wilayas sur les 25 requises.
Rebondissant sur les révélations de Karim Younès qui, reprenant depuis Skikda des informations parues dans la presse, a affirmé que la porte de la pièce où étaient gardés les cartons de Taleb au Palais des nations a été forcée et la serrure changée, le président de Wafa commente : “Mohamed Bedjaoui a justifié cela en avançant que l’air marin avait endommagé la serrure. Comme par hasard, l’air marin n’a joué que sur la serrure de Taleb. Décidément, le ridicule a atteint des proportions hallucinantes.� Le conférencier rapporte comment dans certaines APC, les souscriptions ont disparu comme par enchantement. “Dans une wilaya de l’Ouest, j’ai récolté 1 600 signatures qui devaient être rapatriées sur Alger. Miraculeusement, et les signatures et celui qui devait les acheminer se sont volatilisés !�, s’étonne-t-il. Avant d’asséner : “Il est tout à fait clair que la décision de m’éliminer était politique.�
Au terme de son plaidoyer, Taleb a exigé une démission collective des membres du Conseil constitutionnel, à moins de prêter serment devant le peuple sur la véracité des chiffres qu’ils ont rendus publics. Et de conclure : “Je demande la constitution d’une commission d’enquête qui serait composée de personnalités neutres et intègres à l’exclusion des candidats, afin de faire toute la lumière sur cette affaire�.
R. N.