Poutine sans surprise

Présidentielle en Russie

Pour Vladimir Poutine, les élections d’aujourd’hui ne sont qu’une simple formalité. Il est assuré d’un large plébiscite digne des scores de l’ex-Union soviétique. Jouissant d'une cote de popularité qui ne s’est jamais démentie depuis quatre ans, le Président de la Russie s’attend à un raz-de-marée. Si en mars 2000, il a été élu par 51% des électeurs, les sondages lui accordent pour cette nouvelle épreuve pas moins de 80% des voix. Tant et si bien que Poutine a, d’ores et déjà , nommé son Premier ministre ainsi que son équipe gouvernementale. Dans ce remaniement avant l’heure, sont débarqués tous les responsables hérités d’Eltsine, laissant place aux proches de Poutine. Recrutés, dit-on, au sein de l’armée, notamment du Fsb (héritier du Kgb) où Poutine avait fait carrière avant d’être rappelé au Kremlin par Eltsine lui-même. Auparavant, le Président russe avait pris soin de neutraliser les nouveaux milliardaires susceptibles de contrarier son avancée. Ce qui exaspère ses adversaires est ce qui plaît à ses partisans. Les supporters de Poutine aiment en lui l'image du sportif calme et froid autant que la poigne de fer qui promet de redonner à l’État toute son autorité, et à la Russie sa puissance. Poutine cultive d’ailleurs une image d'homme sain, préférant la natation, le ski, l'équitation ou le judo, aux soirées arrosées qu’Eltsine affectionnait. Les Russes, nostalgiques d'un État fort, respecté et craint de l'étranger, estiment qu’avec Poutine, la Russie retrouvera une place sur la scène internationale. Ce qui n’est pas faux. Moscou est redevenu une escale pour tous les grands du monde, à commencer par les États-Unis. Sa poigne de fer face aux puissants oligarques enrichis grâce à des privatisations qui sont plutôt considérées comme des actes de prédation, plaît aussi. L'incarcération depuis octobre du milliardaire Khodorkovksi, première fortune de Russie, a fait encore grimper sa cote. Il incarne pour de nombreux Russes traumatisés par les années de chaos qui ont suivi la chute de l'URSS la stabilité retrouvée et l’espoir de rattraper les sociétés occidentales consuméristes. Son style de gouvernance a fait le reste. Poutine bouge tout le temps, visite toutes les régions du pays, communique directement avec son peuple et admoneste ses collaborateurs en direct sur les plateaux de Télé.
Poutine ne quitte pratiquement pas les écrans de la télé et les unes des journaux. Gare aux médias qui tentent de donner de lui une image différente ! Sa tentation tsariste ne plaît évidemment pas à la société civile bien-pensante mais elle ne peut rien faire devant un Poutine qui non seulement manie avec brio les recettes du populisme mais n’hésite pas à recourir à la poigne de fer.
D. B.