Pour l'ancien chevalier du sifflet, Mohamed Hansal, "ce que vit l'arbitrage algérien est à l'image de la société dans laquelle on vit". "Je ne suis pas de très près ce qui se passe. Je me suis retiré en douceur à cause de tous ces problèmes qui me dégoûtent. Je n'interviens même pas pour donner un avis. Le football, je le suis à la télévision, sur BeIn Sport. Le football étranger bien sûr. Le nôtre, j'en prends des nouvelles dans les journaux. Je sais, toutefois, que de jeunes et talentueux arbitres éclosent et peuvent constituer l'avenir du sifflet algérien. Cela a été rendu possible par la FAF qui a mis tous les moyens à leur disposition. Que ce soit en ce qui concerne les primes, les indemnités, la formation et les stages", précisera d'emblée notre interlocuteur, avant de porter un jugement lucide et exhaustif sur le monde arbitral en Algérie. "Il faut dire que ce que vit l'arbitrage algérien est surtout dû à l'environnement hostile dans lequel évolue le referee. Cet environnement n'aide pas, il faut le reconnaître. C'est à l'image de la société dans laquelle on vit. Par leur méconnaissance des lois du jeu, des dirigeants, des entraîneurs et des joueurs n'aident en rien l'arbitre. Car, en fin de compte, le football n'est qu'un jeu. Et l'arbitre un être humain. En parallèle, il doit faire montre d'une forte personnalité, puisqu'il n'a qu'une fraction de seconde pour décider. Dans un jeu, il y a toujours un vainqueur et un vaincu. Les erreurs en font partie. Pourquoi donc tant de suspicion qui ne fait qu'accroître la violence ?", dira un Mohamed Hansal toujours aussi fin et subtil lorsqu'il s'agit de mettre le doigt sur la plaie sans pour autant faire mal. A une question relative aux accusations des présidents de club, dont les plus virulentes furent prononcées par Yahi de l'US Chaouia, l'ex-arbitre international répondra par une interrogation somme toute légitime : "Question de niveau, je m'astreindrai à rappeler que, pour accuser une personne de quoi que ce soit, un arbitre qui plus est, il faut avant tout présenter les preuves et ne pas se contenter de balancer, à droite et à gauche, des accusations gratuites. Sans entrer en polémique avec qui que ce soit, on a entendu dernièrement de graves et lourdes accusations. Mais où sont donc les preuves ?" "Ces arbitres sont des juges qui officient dans des conditions difficiles. On les accuse de tous les maux, on les diabolise, mais où sont les preuves ? Ces arbitres sont des hommes avant tout ! Personne n'accepte que son honneur soit souillé de la sorte. Personnellement, je ne me permettrai jamais d'accuser quelqu'un sans pour autant avancer des preuves concrètes et irréfutables de ce que j'aurais avancé", soulignera-t-il, tout en dressant une parallèle avec ce qui passe hors de nos frontières. "La réglementation à ce sujet est claire et doit être appliquée à la lettre. Sur la scène internationale, dans les différentes compétitions continentales ou mondiales, personne ne s'amuse à balancer des accusations gratuites sous peine de subir les foudres de la CAF et de la FIFA qui ne pardonnent jamais ce genre de dérives. Autant les arbitres sont sommés de ne jamais se cacher derrière l'autorité que leur confère leur badge et de s'astreindre uniquement à l'application des règlements, autant les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants sont également tenus de respecter les officiels. Or, chez nous, au moindre sifflet, le joueur conteste, l'entraîneur gesticule et pénètre sur le terrain, et même le soigneur s'y met en courant dans tous les sens. Je le répète, le contexte dans lequel officient nos jeunes arbitres est difficile", souligne Mohamed Hansal, non sans espérer qu'à l'avenir "l'on revienne aux fondamentaux pour que l'arbitrage puisse se porter mieux". "J'espère que, prochainement, la commission fédérale d'arbitrage sera plus compétente et qu'elle aura en son sein d'anciens arbitres internationaux pour le suivi et le développement de la discipline. J'espère également voir, à l'ère du professionnalisme, les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 faire appel aux connaissances des arbitres pour enseigner, ne serait-ce que pour deux heures par semaine, aux joueurs les lois du jeu. Or, on n'entend les joueurs réclamer que les primes et salaires, mais jamais à apprendre", souhaite l'ex-referee international. R. B. Nom Adresse email