Lors de la 2e édition du Festival international du cinéma du Sahara, qui se déroule du 29 octobre au 2 novembre à Ksar Ghilène (région de Kébili, Tunisie), l'Algérie est mise à l'honneur comme pays invité. Cette consécration traduit la volonté des organisateurs d'engager un véritable dialogue culturel avec le cinéma algérien, en lui consacrant une visibilité toute particulière au sein du programme. Trente-six mois après une première édition prometteuse, le festival entend poursuivre son ambition : valoriser la culture saharienne et le territoire de Kébili — destination touristique, culturelle et cinématographique — tout en rapprochant le cinéma des régions plus reculées. L'Algérie présente une présence d'importance dans cette seconde édition : elle dispose d'une délégation d'invités ainsi que d'une sélection de films en compétition. Deux œuvres algériennes sont notamment cités : le court-métrage Nya, réalisé par Imène Ayadi, et The Last Carp de Oussama Daas, toutes deux imminentes dans la catégorie officielle. Nya, de son côté, connaît déjà un parcours remarquable : produit en 2024, il évoque l'enfance d'une fillette de 7 ans à Alger en 1994, et a remporté le prix du meilleur court-métrage de fiction lors du 5e Festival culturel international du film d'Imedghassen (Batna). On y retrouve donc l'Algérie non seulement comme pays participant mais comme acteur actif du renouveau cinématographique maghrébin. Au total, 13 pays sont représentés dans cette édition : Egypte, Liban, Algérie, Norvège, Liban, Arabie saoudite, Maroc, Syrie, Espagne, Jordanie, Grande-Bretagne, Libye et Tunisie. Leurs films concourent pour les prix « Rose des sables » (or, argent, bronze) ainsi que le prix du jury. Le festival s'articule autour de plusieurs volets : séances de projection, colloque scientifique, rencontres, ateliers pratiques (réalisation, musique-photo, espace et cinéma, acteur devant la caméra) encadrés par des professionnels tels que Zied Litayem, Karim Khlibi, Iskander Tlili et Daniela Jordano. Quatre jurys seront mobilisés : films de jeunes cinéastes, films de fiction, documentaires et films de jeunes réalisatrices (60 minutes). L'Algérie y est également représentée au sein du jury des films de fiction par deux figures de son ciném, en l'occurrence Malika Belbey, comédienne reconnue et Issam Taachit, réalisateur et scénariste. Leur présence souligne la place croissante du regard algérien dans les débats artistiques régionaux. Cette initiative s'inscrit plus largement dans une dynamique de décentralisation culturelle, visant à faire du sud tunisien une véritable plateforme de diffusion et de dialogue pour les œuvres issues du Sahara et d'ailleurs. Un programme parallèle riche accompagne cette compétition : projections hors compétitions, soirées musicales, spectacle théâtral filmé « Tidinit » autour du patrimoine musical saharien, performances d'arts vivants numériques par la photographe Nour Jalouli, et, pour la soirée de clôture, un concert de la chanteuse Lobna Noâmane mêlant musique traditionnelle et rythmes contemporains. En plaçant l'Algérie en invitée d'honneur, le festival marque un tournant. Bien plus qu'une simple participation, il s'agit pour le cinéma algérien d'être visible sur une scène régionale qui valorise les cultures sahariennes et leurs déclinaisons cinématographiques. L'édition précédente avait déjà posé des bases solides : elle avait permis de rapprocher le 7e art des zones moins accessibles, tout en stimulant le tourisme saharien et la décentralisation des activités culturelles. Le rendez-vous est désormais renouvelé avec cette seconde édition, qui promet de renforcer encore ce pont entre cinéma et désert tunisien.