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Révision constitutionnelle
Le syndrome africain !
Publié dans Liberté le 24 - 05 - 2014

Révision, Constitution consensuelle, plateforme, démarche intelligente, alternance au pouvoir, mesweda ... autant de vains mots qui ne veulent plus dire grand-chose dans nos contrées d'ici-bas.
En paroles on a été servis : toute la classe politique, le monde du professorat et les médias, ont, peu ou prou, déjà donné leurs avis, et fait autant de propositions, souvent redondantes et parfois même, inintelligibles car irréalisables.
Abdelkader Bensalah en sait quelque chose, lui-même qui après avoir auditionné en tant que président de jury tout ce que le pays compte comme politiciens ou supposés tels, va être à son tour entendu par Ahmed Ouyahia nommé "officiant" de la grande messe qui se prépare ; avantage à Bensalah, tout de même, qui a gardé les copies et les antisèches de ses rencontres précédentes avec le "patchwork" politique du pays qui, pour la circonstance, va remettre les couverts. En effet, le pouvoir, par Ahmed Ouyahia interposé, a déjà lancé les cartons en invitant tout ce qui bouge dans le domaine politique allant même, semble-t-il, jusqu'à relancer des représentants d'un parti dissous. Il a aussi convié à sa table, des personnalités nationales, représentants des médias, syndicalistes et autres responsables de la société civile.
Il n'y a qu'Ali Benflis et les 13 partis qui se reconnaissent dans sa démarche, qui ont décliné l'offre estimant "que les problèmes du pays sont ailleurs et que la révision constitutionnelle poursuivie est une tentative de diversion et une manière de détourner la société de l'essentiel".
Faut-il alors se poser la question de l'utilité de la Constitution et de sa révision au regard de l'usage qu'en font, par exemple, certains présidents d'Afrique et du monde arabe ? Oui, si l'on estime que dans ces contrées, le "tripatouillage" constitutionnel est une technique usitée de monopolisation du pouvoir par tous les dictateurs ; il est aussi un instrument de la pérennisation de leur système de politique, lequel système renvoie aux calendes grecques l'alternance.
Si toute Constitution est une œuvre humaine, elle est faite en principe pour être adaptée afin de cadrer avec l'évolution de la société.
La réalité est, malheureusement, autre. Je dirais même plus, toutes ou presque toutes les révisions constitutionnelles projetées par les tenants du pouvoir, dans notre continent ou ailleurs dans le monde arabe, sont loin de correspondre à la réalité et aux revendications populaires.
Tenez, par exemple, le débat sur la révision des Constitutions, qui n'est pas une spécificité algérienne, loin s'en faut, envahit de plus en plus l'échiquier politique de nombreux pays africains, dont chacun des présidents, contraint, constitutionnellement, à une alternance politique, étudie avec ses soutiens, la potion magique qui lui permettrait de rester indéfiniment au pouvoir.
En face, les peuples concernés, pas dupes pour un sou, manifestent leur colère et appellent au respect, en l'état, de la loi fondamentale ; ils disent non à la révision ourdie par leur président en exercice, qui n'aspire qu'à se succéder à lui-même ; ils veulent obtenir et même sacraliser l'alternance démocratique du pouvoir. Dur combat au demeurant. Cet antagonisme de la perception de la démocratie conduit à des batailles dans chacun des pays agités par les tractations constitutionnelles, avec en toile de fond :
les peuples qui veulent le changement et qui sont plus que déterminés à exiger et obtenir l'alternance,
les présidents en exercice qui proposent la continuité avec comme seule alternative leur personne ; pour cela ils se donnent tous les moyens "légaux" pour violer les lois fondamentales que sont les Constitutions qu'ils ont, paradoxalement, eux-mêmes ou leurs partisans mis en place.
Afin de prendre la mesure de ces batailles, prenons quelques exemples qui se déroulent dans notre continent :
Le Burundi, où l'actuel président Pierre N'kuwunziza, manque d'une petite voix à l'Assemblée nationale, pour le vote, en sa faveur, d'une loi lui permettant de modifier l'article 302 de la Constitution qui lui permettrait de se représenter pour un énième mandat en 2015 ; gageons qu'il arrivera à ses fins, sans problèmes.
Le Congo-Brazzaville, où les partisans de Denis Sassou Nguessou, 73 ans, tentent d'obtenir la révision de la Constitution pour modifier les articles 57 et 58 qui donneront la possibilité au président de rester au pouvoir, au-delà de 2016 pour un 3e mandat.
La République Démocratique du Congo, où le président Joseph Kabila, fils de son père lui-même ancien président mort au pouvoir, s'apprête à modifier l'article 220 de la Constitution pour rester en poste, au risque d'aller à l'affrontement avec son peuple qui a tant souffert ; à noter tout de même que dans ce pays, une pétition contre la révision de la Constitution lancée par la société civile du Katanga, vient de réunir plus de 120 000 signatures, dépassant ainsi la barre des 100 000 requises pour sa recevabilité à l'Assemblée nationale.
Le succès de collecte de ces signatures est considéré comme une première victoire pour le peuple, conscient de la nécessité du changement.
Le Burkina Faso, où beaucoup de militants du président Blaise Compaoré militent pour une révision de la Constitution afin que ce dernier puisse se représenter, une fois encore, en novembre 2015, à la faveur de la révision de l'article 37.
A cette liste non exhaustive, s'ajoute le cas de l'Ouzbekistan où le président Islam Karimov a été réélu en 2007, alors que la Constitution de son pays limite à deux les mandats présidentiels ; personne, bien entendu, n'a contesté ou trouvé à redire. Pour illustrer aussi le propos concernant les libertés que certains potentats prennent avec la Constitution, il faut se rappeler le cas d'Ismaïl Omar Guellah de Djibouti, qui a été réélu avec 100% des voix le 8 avril 2005, en attendant que le Parlement de son pays fasse passer une réforme constitutionnelle pour le faire réélire. L'initiative a été bien appréciée par le président plébiscité.
Le monde arabe, quant à lui, n'est pas en reste avec les deux exemples suivants :
en Syrie, Bachar El-Assad va rempiler pour un autre mandat et ainsi il pourra fêter le mois de juin prochain, 44 ans de mainmise du pouvoir par sa famille, sans pour autant s'embarrasser de la moindre légalité constitutionnelle.
en Egypte, le maréchal Abdelfettah al-Sissi qui a délogé le président élu des frères musulmans, qui a lui-même trituré une Constitution sur mesure, sera, bien évidemment, élu et ne pensera qu'à consolider son pouvoir et s'y éterniser.
Finalement lorsqu'on consulte les archives, on note que les présidents ci-après, sauf amendement des textes constitutionnels, ne devraient pas briguer un nouveau mandat : Armando Guebuza du Mozambique (fin de mandat en avril 2014), Pierre Nkuwunziza du Burundi (fin de mandat en juin 2013), Jakatya Kikwete de Tanzanie (fin de mandat en octobre 2015), Blaise Compaoré du Burkina Faso (fin de mandat en février 2015), Thomas Boni Yayi du Bénin (fin de mandat en mars 2016), Denis Sassou Nguessou du Congo-Brazzaville (fin de mandat en juillet 2016), Joseph Kabila de la RDC (fin de mandat décembre 2016), Paul Kagamé du Rwanda (fin de mandat en juillet 2017), Ellen Johnson Sirleaf du Liberia (fin de mandat en novembre 2017) et Ernest Koroma du Sierra Leone (fin de mandat en novembre 2017).
Ces présidents africains, vont-ils pour autant renoncer au pouvoir ? Vont-ils aussi faire cas des "recommandations" américaines qui suivent de près l'évolution politique du continent africain et qui promettent de s'intéresser, de près, aux élections qui se dérouleront au Congo, Burundi, Rwanda et en Ouganda ? Ils appellent, instamment, ces pays à respecter leurs Constitutions et cela inclut, forcément, les dispositions sur la limitation des mandats. Obama, en personne, a dit que "ce dont l'Afrique avait besoin ce n'est pas d'hommes forts mais d'institutions fortes ; ce n'est pas une bonne pratique de modifier la Constitution simplement pour le bénéfice de celui ou ceux qui sont au pouvoir".
Dans le monde, il y a des pays où la démocratie est avérée et vérifiée comme en Europe ou en Amérique du Nord.
Dans d'autres, elle est hésitante, discutable, ou pour le moins maladroite comme en Russie où Vladimir Poutine n'a pas tout de même succombé à la tentation et au syndrome africains ; il a trouvé un autre artifice pour reprendre la main et partant le pouvoir, en passant par la case de Premier ministre ; ça lui a valu l'admiration et le respect (forcé) de ses adversaires nationaux et occidentaux et dans l'affaire, la Constitution russe s'en est sortie indemne !
Et puis il se trouve d'autres pays qui sont, clairement, en dehors de tout processus électoral sincère comme le Zimbabwe où le président Robert Mugabe est au pouvoir depuis plus de 27 ans à 84 ans passées, suite à des "tripatouillages constitutionnels".
De ce qui précède, la révision de la Constitution ne vaut que par l'intérêt qu'elle procure à celui qui l'initie, et qui veut rester au pouvoir à vie !
Revenons en Algérie, où comme chacun le sait, on ne se trouve plus dans la configuration de l'année 2008, pour poser cette question : comment va répondre notre classe politique aux propositions du pouvoir qui ne peuvent aller que dans le sens de la fameuse "mesweda" qui ne brille en fait, que par l'article visant à limiter les mandats présidentiels, maintenant que le président de la République a été élu pour un 4e mandat ?
C'est déjà beaucoup, diraient certains optimistes parmi les Algériens, heureux de ne plus figurer dans le palmarès des pays africains dont le sort est lié, ad vitam æternam, à leur leader et de l'usage qu'il fait de la loi fondamentale de son pays !
D'autres, comme Kamel Daoud, se sont fait déjà une raison : "La Constitution algérienne ne fixe pas le but de vivre en Algérie ; elle y traite en premier, toujours et tout le temps de la question du pouvoir : qui le prend, qui le garde et pour combien de temps ?".
Le peuple qui est tenu à l'écart de ce raout, même s'il va être appelé, directement ou indirectement, à accepter les amendements constitutionnels à venir, n'a qu'un espoir à formuler : "Qu'on ne touche plus à sa Constitution !".
C. A.
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