La réconciliation nationale est conçue comme "un projet civilisationnel" qui concerne "tous les Algériens, à partir de l'Indépendance", a assuré Sellal. Pour autant, tamazight ne sera pas officialisée... pour des raisons techniques. La problématique de la réconciliation nationale a été largement abordée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, jeudi, à l'Assemblée nationale, tant lors de ses réponses aux questions des députés qu'à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de l'adoption du plan d'action du gouvernement. Mais sans pour autant lui donner un contenu. "Le dossier de la réconciliation nationale n'est pas clos (...), il renferme encore des lacunes (...), il ne se limite pas aux actions menées par l'Etat lors des années passées, dont le règlement des problèmes des primes et de l'emploi", a déclaré M. Sellal. "L'Etat œuvre à combler ces lacunes", a-t-il assuré, avant de citer l'exemple de l'instruction du président de la République pour la levée de l'interdiction de sortie du territoire national au profit de "certaines personnes". Sans les citer ni les qualifier, Sellal soutient que "la situation des personnes concernées a été régularisée. Ces personnes rencontraient des problèmes lorsqu'elles voulaient, par exemple, voyager pour accomplir le rite du hadj, d'où l'importance de cette instruction présidentielle visant la levée de ces entraves bureaucratiques". D'autres questions restent à traiter comme celle "des disparus", a-t-il annoncé, précisant que "tous ceux ayant déposé un dossier dans ce sens ont reçu une réponse, qu'il s'agisse de renseignements ou de prise en charge financière. Mais il existe toujours des lacunes et le travail se poursuit". Cependant, et pour éviter de clarifier le contenu futur de la réconciliation, Sellal lâchera : "C'est un projet civilisationnel qui ne concerne pas uniquement une seule époque de notre histoire. La réconciliation, telle que nous la concevons, concerne tous les Algériens, à partir de l'Indépendance." C'est ainsi qu'il annonce la "constitutionnalisation" de la réconciliation à l'occasion de la révision de la Constitution. Une façon pour lui d'annoncer la possibilité future de mesures dans le cadre de la "réconciliation nationale". Pas d'officialisation de tamazight S'il y a une question sur laquelle Abdelmalek Sellal a été on ne peut plus clair, c'est bien celle de l'officialisation de tamazight. C'est un non franc qui est opposé d'emblée à cette revendication historique, via de supposés arguments techniques : "La question de l'officialisation de tamazight ne dépend pas d'une décision politique, mais plutôt de la volonté de son application sur le terrain", a affirmé M. Sellal qui a souligné l'impératif "de tomber d'accord sur son enseignement en usant de moyens pédagogiques modernes". "Même si nous officialisons cette langue à l'avenir, nous le ferions sans avoir réuni les conditions pédagogiques nécessaires à son enseignement de manière efficace", a tranché M. Sellal, selon lequel, c'est la non-maîtrise "sur le plan académique de la langue" qui endigue l'officialisation. Dans ce cadre, si le Premier ministre réfute l'argument de l'absence d'une volonté politique pour décider de l'officialisation, il ne l'affirmera pas pour autant. Abordant la situation aux frontières, Abdelmalek Sellal, qui a fait état d'un "bouillonnement en raison du trafic de drogue et d'armes, ainsi que d'actes de terrorisme", estime que "ces actions visent à pousser l'Algérie à s'ingérer dans les affaires d'autrui, afin d'affaiblir son Armée nationale populaire (ANP)". Aussi, et tout en considérant "très difficile" le contexte géopolitique dans lequel se trouve l'Algérie, le Premier ministre a estimé que "les élections du 17 avril dernier ont été marquées par des complots d'organisations non gouvernementales qui visaient le pays". Intervenant à propos du nouveau découpage administratif, M. Sellal a annoncé que "ce dossier sera tranché au cours du troisième trimestre de l'année en cours sur la base d'une étude". Plaidant pour un découpage "progressif", le Premier ministre évoque les régions du Sud et des Hauts-Plateaux comme Touggourt, In Salah et Djanet, qui seront "concernées en premier". Sur la situation dans la wilaya de Ghardaïa, M. Sellal a, d'entrée, brandi la menace contre "les auteurs de crimes ou les fauteurs de troubles". "La loi sera appliquée avec vigueur et sans aucune tolérance", avertit-il, notant que "l'Etat ne renoncera jamais à l'unité nationale, quel que soit le prix à payer, et prônera le dialogue, la concertation et la tolérance". "Il n'y a pas de problème grave entre les Ibadites et les Malékites à Ghardaïa", estime-t-il, avant d'identifier les auteurs des "troubles" : des ONG qu'il n'a pas nommées. N M Nom Adresse email