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Immigration clandestine à l'est du pays
La communauté subsaharienne prend de l'ampleur
Publié dans Liberté le 24 - 06 - 2014

Plusieurs grandes villes de l'est du pays sont devenues, en l'espace de quelques semaines, une destination de choix pour des centaines de migrants clandestins issus des pays subsahariens, le Mali et le Niger notamment, en proie aux conflits.
C'est le cas à Mila où est concentré le plus grand nombre de ces personnes. Mais de toutes les villes de la région, Ferdjioua, située à une quarantaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de wilaya, reste celle qui attire le plus de migrants clandestins. En mai dernier, le wali de Mila déclarait, à l'occasion de la tenue de la première session de l'APW : "Nous avons recensé 250 ressortissants subsahariens sur le sol de la commune de Mila." Or le nombre des seuls Nigériens à Ferdjioua dépasse les 850 personnes. Selon Rai Mohammed Larbi, vice-président de l'APC de Ferdjioua, chargé des affaires sociales et culturelles, la communauté nigérienne ne cesse de prendre de l'ampleur depuis octobre 2013. "Nous avons comptabilisé 185 individus en octobre passé. Mais ce nombre s'est vite multiplié pour dépasser les 850 actuellement", nous dira-t-il.
Un hangar en guise de centre de transit
Après trois mois d'errance à travers la ville, les migrants subsahariens ont été placés, en janvier, dans un hangar de l'APC, à la cité Bourroh, qui tient lieu de centre de transit. "Au départ, ces ressortissants étrangers se réfugiaient à la gare routière et au niveau des deux mosquées de la ville. Dès le mois de janvier, nous leur avons affecté un hangar à la cité Bourroh, appartenant à l'APC. Le lieu est doté d'électricité et d'eau. Des tentes et des couvertures, issus des dons des bienfaiteurs locaux et de la DAS, ont été accordées à l'ensemble des pensionnaires des lieux. Des brigades sanitaires et de sécurité ont été mises en place pour parer à toute éventualité", expliquera notre interlocuteur. Interrogé sur l'état de santé de ces migrants, Rai Mohammed Larbi assure qu'aucune pathologie grave n'a été dépistée. Toutefois, cela est loin de rassurer les riverains, surtout depuis la confirmation de plusieurs cas de paludisme parmi la population subsaharienne établie à Ghardaïa, à l'image de cette sage-femme de l'hôpital de la ville qui a refusé d'assister une Subsaharienne pendant l'accouchement de peur de contracter quelque maladie grave. Notre interlocuteur révèle, par ailleurs, que quatre femmes nigériennes ont accouché dans l'hôpital de la ville depuis janvier, et qu'elles ont été correctement prises en charge par le plateau médical et paramédical de l'établissement de santé publique. Mais ces naissances posent déjà des problèmes à la municipalité. "Les quatre nouveau-nés ont reçu des prénoms algériens, mais pas de noms patronymiques, car les pères supposés de ces bébés ne possèdent aucune pièce d'identité. Nous avons adressé une correspondance sur le problème au procureur de la République et au ministère de l'Intérieur et nous attendons, pour le moment, leur avis", souligne le vice-président de l'APC de Ferdjioua. Mais en attendant, les conditions de vie au hangar de la cité Bourroh sont inhumaines. A l'intérieur du hangar, les Subsahariens ont dressé des tentes, une soixantaine environ. A l'intérieur de chaque tente, trop exiguë, vivent, serrés les uns contre les autres, tous les membres d'une même famille : une promiscuité aveugle. A l'entrée du hangar, certains ont installé des étals de fortune (des cageots posés à l'envers) pour vendre des produits alimentaires, des gâteaux, des cigarettes. D'autres, à l'extérieur, sur la place boueuse du hangar, préparent du riz, dans une marmite géante. Une fois à point, cette pitance est vendue aux membres de la communauté qui rentrent d'une partie de mendicité. Les lieux sont imprégnés d'une odeur forte de roussi et de moisi, et enveloppés de vapeurs de marmite et de fumée dégagées par les foyers allumés çà et là par les soi-disant gargotiers installés sur le parvis. Interrogé sur les conditions de vie, un Nigérien les qualifie d'"excellentes". "On ne se plaint de rien, les conditions de vie sont bonnes. On a l'eau, l'électricité pour la nuit (le jour, l'électricité est coupée NDLR), les tentes et les couvertures", nous dira l'un d'eux dans une langue française approximative. La même personne nous révèle que la plupart des pensionnaires des lieux se rendent, de jour, à Constantine pour pratiquer la mendicité. Interrogé sur le moyen de locomotion utilisé par les mendiants pour se rendre à Constantine, il précisera : "Ce sont les femmes accompagnées d'enfants, en majorité, qui se déplacent à Constantine." "Elles prennent des taxis clandestins qui viennent les chercher de bon matin devant le hangar ; elles tirent de leurs déplacements suffisamment d'argent pour vivre", se félicitera-t-il.
À Annaba... On condamne la politique "laxiste" de l'Etat
Au vu du nombre sans cesse grandissant d'immigrants subsahariens, principalement des femmes et des enfants qui investissent les rues deAnnaba, les langues se délient. Le phénomène, considéré d'abord comme conjoncturel, voire sporadique, s'impose ces dernières semaines, comme étant le sujet essentiel des discussions dans cette ville pourtant réputée ouverte à toutes sortes de visiteurs. Pour la plupart des gens qui ont accepté de parler de ces Africains du Sud mendiant sur les axes routiers, les marchés et les stations de bus, l'heure serait grave et il est même demandé, voire exigé une réaction énergique de la part des autorités. La prostitution, la mendicité, l'occupation des lieux publics, l'atteinte aux biens et à la sécurité des personnes et les maladies sexuellement transmissibles sont autant de fléaux qu'il s'agit de combattre, sans plus tarder, estiment les personnes qu'il nous a été possible d'interviewer. Certains se préoccupent fondamentalement des aspects moraux associés à l'arrivée d'immigrants en attente d'une hypothétique "harga" vers les côtes italiennes, tout en se défendant d'être xénophobes. Ainsi, un imam, justifiant son refus de la présence des immigrés subsahariens par un réflexe de sauvegarde, n'a pas hésité à dire craindre "le risque de prolifération du sida que comporte l'arrivée des Maliens et des Nigériens qui séjournent à Annaba". Certains de nos interlocuteurs, très peu nombreux par contre, tentent, quant à eux, d'aborder de façon objective et avec un certain regard humanitaire la question des immigrants en transit. Ces habitants de diverses conditions sociales évoquent les raisons qui poussent les Subsahariens à quitter leur pays en regrettant notamment la terreur islamiste et les guerres qui y sévissent et dénoncent les actes violents et les insultes dirigés contre ces immigrés, qu'ils soient en situation régulière ou pas. Les problèmes liés au racisme et aux agressions physiques et verbales sont abordés franchement par cette catégorie de citoyens, qui sont particulièrement critiques envers les services de sécurité locaux pour leur laxisme, est-il rapporté. Un enseignant universitaire questionné à ce propos n'a pas été tendre avec les autorités algériennes, qui ont opté, de son point de vue, pour "la politique de l'autruche" et le "laisser-faire en attendant que la situation se rétablisse d'elle-même". "Cette attitude est condamnable ! Il faut mettre fin à la dichotomie entre ce que le pays demande pour ses migrants à l'étranger en termes de protection et d'assistance et le traitement qu'il offre aux migrants étrangers qui se trouvent sur le sol algérien." Poursuivant son commentaire, il se désolera du fait que ces hommes, ces femmes et ces enfants soient livrés à leur triste sort et réclamera un droit à une assistance médicale et à un encadrement de ces familles par les services sociaux. Un avis que partage le président de l'APC de Annaba, qui estime que la situation mérite une prise en charge responsable du problème, qui est en train de prendre des dimensions inquiétantes. Reconnaissant qu'il n'existe pas de recensement officiel de celles-ci, Farid Merabet explique qu'il ne peut tolérer ces dizaines de familles de migrants squattant des maisons abandonnées de la vieille ville et des quartiers périphériques, ou passant leurs nuits à même le sol sous les arcades du cours de la Révolution. "Je suis intervenu personnellement, en ma qualité de maire, pour que l'on déloge des Maliens, qui avaient élu domicile dans l'enceinte de la citadelle de Sabaa R'goud, un lieu historique de la ville."
À Constantine... C'est le black-out total !
Alors que nous sommes à 10 mois seulement de l'événement "Constantine capitale de la culture arabe", la ville fait face à un véritable raz de marée humain qui prend de plus en plus d'ampleur. Le nombre des réfugiés subsahariens dépasserait les 200 personnes, selon notre propre estimation. Car on refuse de donner les chiffres exacts du côté des autorités locales. D'où viennent-ils ? Où sont-ils logés ? Comment vivent-ils ? Seront-ils reconduits à la frontière ? Autant de questions auxquelles nous avons essayé, tant bien que mal, de trouver des réponses.
Il est 10h quand les premiers groupes de réfugiés arrivent à la gare routière Est. La plupart sont des femmes et des enfants, les hommes et les personnes âgées sont plus rares. Meriem et Aïcha sont deux sœurs âgées respectivement de 10 et 12 ans. Avec leur mère, elles ont fui leur pays d'origine, le Niger, à cause de la pauvreté. "Nous avons quitté notre pays, parce que nous n'avions plus quoi manger", nous dira Meriem.
Sa petite sœur Aïcha reste, quant à elle, très méfiante et refuse de nous parler. Mais en dépit des réticences de cette dernière, nous apprendrons que ces petites filles font partie d'un groupe de 15 personnes de la même famille. Hébergés dans un hangar appartenant à l'APC de Mila, ils viennent tous les jours à Constantine pour... mendier. S'ils étaient au départ concentrés dans les quartiers de la périphérie, la situation a très vite évolué. Ils sont, en effet, de plus en plus présents dans le centre-ville, les principales artères notamment.
Omar, Sakina, Halimathou et Asma (enceinte de quelques mois) semblent connaître bien les lieux et tous les raccourcis pour arriver à destination. Egalement originaires du Niger, Sakina, sa fille Asma et ses deux petits-enfants s'étaient réfugiés à Aïn Guezzam, dans la wilaya de Tamanrasset, à l'extrême sud du Sahara. Dans un arabe approximatif, notre interlocutrice nous apprendra qu'ils font partie d'un groupe qui a fui la faim au Niger.
K. B./A. A./S. B.
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