Bush dans le brouillard

À deux mois du transfert de la souveraineté en Irak

Seul un succès du plan proposé par l’ancien chef de la diplomatie algérienne garantira l’exécution de l’opération de transfert de la souveraineté aux Irakiens.
L’Amérique est suspendue aux propositions élaborées par Lakhdar Brahimi pour une sortie de crise du conflit irakien. Il suffit de prendre connaissance de certaines personnalités US influentes pour mesurer l’importance accordée au sujet. “Espérons que nous aurons beaucoup d’aide de l’ONU et de Lakhdar Brahimi�, a déclaré le très influent sénateur républicain John McCain, qui traduisait ainsi le désarroi prévalant dans le camp de George Bush à soixante-cinq jours de la date prévue pour le transfert de la souveraineté aux Irakiens. Selon lui, seule une solution onusienne résoudra la question, car, a-t-il dit : “Nous ne savons pas à quoi ressemblera le plan de transfert de pouvoir le 30 juin.� Il faut comprendre par là que les États-Unis n’ont rien prévu en ce sens. Le sentiment de McCain est partagé par le président de la commission des affaires étrangères du sénat, Richard Lugar, qui a affirmé qu’un “plan détaillé pour la transition est indispensable pour montrer à nos alliés et aux Irakiens que nous avons une stratégie et que nous sommes déterminés à réussir�. Cette déclaration est intervenue après le refus du numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, de témoigner devant la commission présidée par le sénateur Richard Lugar, après qu’il eut été auditionné par la commission des forces armées.
L’inquiétude est montée d’un cran lorsque, en guise de réponse à une question sur le plan américain pour le transfert de la souveraineté, Wolfowitz avait laissé entendre que Washington fondait tous ses espoirs sur les propositions de Lakhdar Brahimi. Cela a été confirmé par le sénateur démocrate et vice-président de la commission des affaires étrangères, Joseph Biden, qui s’est vu rétorquer par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, lors d’une discussion sur le sujet, que les États-Unis ne savaient pas ce qu’ils voulaient pour la transition en Irak. Tout cela a été résumé par un ex-conseiller de Bill Clinton, qui s’est interrogé sur l’assurance affichée par l’administration Bush à transférer la souveraineté aux Irakiens le 30 juin prochain, alors qu’elle ignore totalement ce qui se passera dans ce pays le 1er juillet. À cette incertitude vient se greffer la peur de voir les dépenses occasionnées par ce conflit passer du simple au double. Selon certaines estimations, le trésor américain devra certainement débourser, en plus des 87 milliards de dollars votés par le Congrès fin 2003, entre 50 et 75 autres milliards de dollars, même si la maison-blanche s’entête à dire qu’elle n’envisage pas pour l’instant une rallonge budgétaire supplémentaire pour financer la prise en charge des troupes stationnées en Irak. Dans le but d’apaiser le courroux des parlementaires des deux chambres du Congrès, George Bush a envoyé sa conseillère à la sécurité intérieure, Condoleeza Rice, au capitole pour répondre à huis clos et séparément aux questionnements des sénateurs et des députés sur le sujet. Apparemment, l’administration Bush fonde tous ses espoirs sur la solidité du plan Brahimi pour éventuellement s’en sortir avec le minimum de dégâts du bourbier irakien. Mais cela suffira-t-il à faire gagner les élections présidentielles à George Bush en novembre prochain ?
K. A.
Le plan Brahimi sera soumis demain au Conseil de sécurité
Après sa tournée européenne au cours de laquelle il a mené des consultations avec de hauts responsables du Vieux Continent, Lakhdar Brahimi présentera demain au Conseil de sécurité de l’ONU son plan pour la transition en Irak. Le diplomate algérien, dont les grandes lignes de sa proposition ont séduit les Américains, soumettra aux membres du Conseil de sécurité les détails de son plan pour étude et approbation. Il y a lieu de signaler que Lakhdar Brahimi bénéficie du soutien de nombreux dirigeants influents à travers le monde, à l’instar du président français Jacques Chirac.
K. A.
4 Irakiens tués et 12 blessés par des tirs de roquettes à Mossoul
Au moins 4 Irakiens ont été tués et 12 autres ont été blessés, hier, quand une volée de roquettes s'est abattue sur une station de police, un hôpital, le bâtiment de la télévision et un hôtel de Mossoul. Une roquette est tombée à 10h10 (6h10 GMT) sur le parking de l'hôtel Ashour, tuant 2 employés, alors que l'établissement a été peu endommagé, a affirmé le commandant de police Abdel Rahman Al-Obeidi.
Auparavant, une autre roquette a touché l'hôpital tuant 2 employés alors que 10 autres ont été blessés, a indiqué la police.