“C’est un gouvernement de statu quo�

L’opposition se prononce sur le nouvel Exécutif de Bouteflika

La composante du gouvernement reconduit par le président déçoit les partis de l’opposition. C’est “un Exécutif de stagnation�, estiment-ils.
Sa composition a donné lieu à plusieurs grilles de lecture : pour les uns, elle incarne le souci de “la continuité�, pour les autres, elle porte la patine du “provisoire�. L’équipe gouvernementale dirigée par Ahmed Ouyahia et dont la liste a été rendue publique, avant-hier, symbolise, pourtant aux yeux de l’opposition démocratique, “une équipe du statu quo�.
En d’autres termes, le maintien dans une large mesure de l’ancienne composante participe beaucoup plus du souci du “maintien des équilibres� à l’intérieur du sérail que d’une volonté, à proprement parler, d’insuffler une nouvelle dynamique de changement.
C’est là en tout cas l’avis du leader du RCD, Saïd Sadi, candidat de l’élection du 8 avril dernier, joint hier par téléphone. “Nous avons toujours dit que la dérive du 8 avril ne réglerait aucun problème et que pour préserver les équilibres internes des clientèles du régime, le pouvoir n’a pas d’autre solution que le statu quo. On vient de le vérifier à travers la reconduction du gouvernement dont tout le monde a constaté les incohérences et la stérilité�. Bien plus, cette équipe traduit, à ses yeux, l’immobilisme politique qui frappe le pays depuis de nombreuses années. “Quand nous disons que la fraude électorale n’est pas seulement un problème moral mais une dérive politique, c’est une forme d’anticipation sur ce qui se passe aujourd’hui. À l’attente du changement enregistré pendant la campagne électorale répond l’immobilisme politique�, fait-il observer à juste titre.
D’où l’interrogation de connaître la durée de ce qui s’apparente à “un ménage�. “Reste à savoir combien de temps va durer cette impossible ménage�, conclut-il enfin. Le MDS de Hachemi Chérif n’en pense pas moins. “On peut avoir deux lectures contraires. D’un côté, la reconduction de l’Exécutif peut exprimer un unanimisme au sein du pouvoir ou au contraire, vu le temps pris pour sa composition, cela traduit des divergences très profondes�, estime Yacine Teguia, responsable au sein du parti. “Des divergences, poursuit-il encore, difficiles à dépasser du moment qu’on a décidé à reconduire le statu quo�.
Notre interlocuteur s’interroge, par ailleurs, sur la nature de ces divergences. “Est-ce que ce sont des divergences sur des appétits personnels autour du partage de la rente ou d’une autre nature, comme par exemple des divergences politiques ou encore sur les projets à mener ?�, s’interroge Yacine Teguia. Au FFS de Hocine Aït Ahmed, un autre langage mais une lecture similaire.
D’ailleurs, on se dit “non surpris�. Principale raison invoquée, l’élection présidentielle perçue comme une simple formalité “pour un réaménagement du sérail�. “C’est une grande moquerie à l’égard du peuple. Elle traduit la recomposition au sein du sérail puisque tous ceux qui ont aidé à la réélection de Bouteflika ont été récompensés par des postes�, soutient Karim Tabbou, chargé à la communication.
“Nous ne sommes pas surpris, car l’élection présidentielle n’était qu’une simple formalité pour un réaménagement du sérail pour le partage de la rente�, dit-il encore. Au PT, en revanche, on ne semble pas intéressé par la composante de l’Exécutif. “Quel que soit l’Exécutif, affirme Karim Labchri, l’important c’est la nature du programme qu’il va présenter�. “Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas les personnes mais ce qu’il va proposer aux Algériens qui ont exprimé leurs attentes le 8 avril, notamment le règlement du problème de la sécurité, du chômage et de tamazight�, dit-il. “On attend donc le programme pour apporter notre jugement�, conclut-il.
Pour sa part, le MRN de Abdallah Djaballah qualifie, dans un communiqué rendu public hier, de “non-événement� ce qu’il désigne par “la nouvelle vieille� équipe gouvernementale. “Elle confirme la persistance du pouvoir à reconduire les mêmes pratiques et politiques du passé�, dit-il. Un pouvoir, conclut-il enfin, qui fait abstraction des aspirations de la population.
K. K.