Sur un air de réconciliation

Ahmed Ouyahia a présenté hier le programme de son gouvernement

L’Assemblée nationale a retrouvé un semblant de sérénité avec la normalisation de la situation du groupe parlementaire FLN.
L’hémicycle Zighoud-Youcef a renoué, hier après-midi, avec l’activité parlementaire dans une ambiance des grands jours. La fébrilité, autant dire la protestation ostensiblement exprimée par les députés FLN, partisans de l’ex-Chef de gouvernement, Ali Benflis, pendant les dernières semaines qui ont précédé l’élection présidentielle, n’est plus qu’un fait du passé, en apparence du moins. Les députés, qui se retrouvaient pour la première fois depuis l’ouverture de la session parlementaire de printemps, le 2 mars dernier, discutaient, par groupes, des derniers rebondissements des péripéties de la majorité parlementaire, représentée par les élus FLN.
À vrai dire, la réconciliation, prônée au niveau national par le président de la République et répercutée dans le programme du gouvernement Ouyahia, semble avoir trouvé son chemin vers le groupe parlementaire du Front.
La réunion, tenue juste avant l’ouverture de la session plénière sous la présidence conjointe de Abdelaziz Belkhadem, coordinateur du mouvement de redressement et Karim Younès, président de l’APN, a grandement atténué la tension au sein des élus nationaux, proches de Benflis ou appartenant au mouvement de redressement. La majorité des députés FLN, des deux tendances, ont rejoint les couloirs qui longent l’hémicycle, la mine réjouie. “Nous sortons de cette réunion en tant que groupe parlementaire uni� nous déclare M. Djouhri, représentant de Ali Benflis à l’émigration lors de la campagne électorale, qui s’apprêtait à rejoindre sa place dans les travées.
Un député redresseur indique que l’intervention du groupe parlementaire, en plénière, ne sera pas donnée par Abbas Mikhalif, chef de file des élus théoriquement jusqu’au renouvellement des structures de l’APN en juin prochain, mais par un autre député, dont il s’est abstenu de révéler l’identité. En toute vraisemblance, le FLN tend vers la normalisation.
L’APN reprend, en conséquence, son cours normal, qui n’admettrait pas plus une opposition frontale au gouvernement.
Désormais, les deux institutions collaboreront en parfaite symbiose, comme il a été quasiment, de tout temps, le cas y compris après l’avènement du multipartisme.
Un discours conciliant
D’ailleurs, dans son discours, Karim Younès a soigneusement évité les attaques feutrées contre le chef de l’État et son Exécutif, qui lui sont devenues coutumières depuis la déclaration de la guerre entre Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis. Le troisième personnage de l’État s’est montré plutôt entreprenant avec le Chef du gouvernement qu’il a félicité pour la confiance du président de la République, renouvelée en sa personne et “en les membres de son gouvernement, en leur souhaitant le plein succès dans l'accomplissement de leur mission�. Il a souligné l'importance “de la coordination des efforts entre les institutions législative et exécutive pour réaliser les objectifs auxquels aspire la nation algérienne�. Il a soutenu que “la responsabilité incombe aux deux institutions quant à la réunion des conditions à même de permettre de jouer pleinement leur rôle�.
Il a indiqué, avant de conclure, que 159 députés s’étaient déjà inscrits pour intervenir en plénière sur le programme du gouvernement, deux heures avant la clôture de la liste, c’est-à -dire 17 h. Il a invité alors Ahmed Ouyahia à monter à la tribune pour présenter le programme de son équipe. Comme attendu, le Chef du gouvernement a consacré la part de lion de son allocution à la notion de réconciliation nationale, qui ne manquera pas de servir de base au débat général. “C’est un choix résolu du président de la République que le gouvernement partage avec une profonde conviction�, a affirmé Ahmed Ouyahia. Il a assuré que “la promotion de la réconciliation nationale exige d'abord la poursuite de la lutte contre le terrorisme qui doit être condamné par tous et face auquel nous devons toujours mobiliser nos moyens et notre vigilance�. Quant à la présentation d’un programme, qui ne diffère pas beaucoup de celui exposé en octobre dernier, le Chef de l’Exécutif a expliqué que le peuple a adhéré, le 8 avril dernier à 85%, au principe de la continuité. “En choisissant la voie de la continuité au service de l'avenir, notre peuple a tracé ainsi les objectifs pour les années à venir�. Les députés auront deux jours, aujourd’hui et demain, pour exprimer leurs avis sur le programme du gouvernement ou pour partager leurs préoccupations. Ahmed Ouyahia donnera ses réponses, samedi prochain.
S. Â H.