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Les acridiens ont infesté 70 000 hectares
La chasse aux criquets à Laghouat
Publié dans Liberté le 13 - 05 - 2004

Mohamed Dikhi retourne la terre avec ses doigts raboteux. Par poignées successives, le vieux paysan extirpe de la glèbe de petits insectes noirs et inertes. Coulant comme du sable, les bestioles forment une ombre sur le sol. Dans le vaste champ, d’autres colonies extraites de leurs tanières parsèment çà et là les sillons. Elles grillent au soleil, parmi une végétation rare. “El-Goutass (le criquet) a tout mangé�, se plaint Mohamed Dikhi. Il dit que les sauterelles ont occupé son exploitation pendant quatre jours. “Il y en avait partout, sur le sol, dans les arbres et sur les rochers�, raconte l’agriculteur en scrutant encore inquiet l’horizon. Cette fois pourtant, ce n’est pas du ciel que viendra le danger mais du sous-sol. Des nids renferment en profondeur des milliers d’œufs prêts à éclore. Il en sortira de jeunes acridiens voraces, susceptibles de transformer ses huit hectares verdoyants en désert. “J’ai dû louer les services d’un tiers pour lutter contre l’invasion et prévenir l’infestation des cultures par les larves�, révèle le paysan de Bordj Senoussi. À la sortie de ce bourg situé aux portes de Laghouat, les palmiers se dressent comme des remparts. Ils ceinturent une ville transformée en garnison depuis plusieurs semaines. Dans ses murs assiégés par la horde acridienne, la défense s’organise avec la mise en place d’une véritable armada. Comme à l’armée, la logistique déployée obéit au seul objectif d’anéantir l’ennemi. Opération criquets, une bataille est gagnée, pas la guerre.
Incursion dans le champ de manœuvre
“Nos équipes sont infatigables. Elles travaillent de 4 h à 22 h�, souligne M. Nouadfel. Propulsé au rang de chef du poste de commandement de l’offensive antiacridienne à Laghouat, ce directeur régional des services agricoles, originaire de Constantine, est sur le front. En ce mardi matin, il est parti sur les traces de ses troupes afin de contrôler l’efficacité de leur intervention dans les périmètres investis par les colonies. À Bordj Senoussi où il fait une halte, M. Nouadfel exhorte l’agriculteur à la vigilance. Rassurant, il lui promet l’aide de ses “soldats� pour venir à bout des raids intempestifs de criquets et de leur progéniture, autrement plus néfaste. Le paysan l’écoute sagement. Il espère surmonter cette épreuve difficile mais voilà . À l’aube de chaque jour nouveau, sous ses pieds, cette terre, qui constitue son unique richesse, est infestée de larves. Dans le quotidien de Mohamed Dikhi, la vigilance s’exerce à la force de ses jambes qui chaque matin parcourent les cultures et de ses mains fouillant la terre à la recherche des fameuses pontes. “Chaque femelle de criquet pond entre 80 et 100 œufs�, révèle M. Nouadfel. L’éclosion des ovocytes peut intervenir en moins d’une semaine. Au bout d’une quarantaine de jours au maximum, les jeunes criquets auront atteint “une maturité� alimentaire et raseront tout sur leur passage... D’où l’importance de la menace. Conjugués à des conditions climatiques favorables à la prolifération des acridiens, comme le vent et la chaleur, les dégâts seront irréparables. “Hadda chi taâ Rabi�. “Manakadrouch naâthakmou fih� (C’est une chose de Dieu que nous ne pouvons pas maîtriser), regrette M. Nouadfel en évoquant de probables complications atmosphériques. Excepté cet impératif, la situation est à ses yeux contrôlable. Dans son quartier général, installé dans l’un des bureaux de la subdivision agricole de la commune de Laghouat, le commandant en chef de l’opération anticriquets supervise les moindres détails. Souvent, la bureaucratie s’en mêle et complique tout. Ce matin, c’est la météo, encore elle qui pose problème. Le soulèvement de vents violents a empêché le décollage d’un des deux aéronefs épandeurs d’insecticides. L’utilisation des avions est prévue dans les zones difficiles d’accès. Pour le reste, des camions et des véhicules tout-terrains se chargent du transport des pyréthrinoïdes, ces substances recommandées pour l’éradication des insectes, dont les criquets. Aujourd’hui, neuf équipes sont parties à la chasse. Dans les environs de Ksar El-Hiran, à une cinquantaine de kilomètres du chef- lieu de la wilaya, les agents de traitement, embarqués dans une Land-Rover et un camion, ont pour mission de détruire dans les champs et les exploitations agricoles ces insectes dévastateurs. L’inexistence de routes goudronnées à plusieurs endroits, leur engloutissement dans le sable dans d’autres lieux ralentissent la progression des “exterminateurs�. Rencontré à la bordure d’un champ, un fellah affirme les avoir vu passer. “Ils doivent être là -haut sur la crête�, croit-il savoir. Tenant une pioche sur l’épaule, le paysan prend une pause. Le travail des champs est pénible sur cette terre aride et envahie par le sable. En ces temps de disette, l’invasion des criquets sonne comme une ingratitude supplémentaire. “J’ai pulvérisé le produit sur toute la surface cultivée. On verra bien !� espère l’homme à la pioche. M. Nouadfel assure que beaucoup de cultivateurs ont été dotés de pompes pulvérisatrices. Beaucoup mais pas tous. Certains en raison de l’insuffisance de moyens, d’autres à cause de leur non-répertoriage dans les annales officielles. Un médecin de la banlieue de Laghouat fait irruption dans le QG de M. Nouadfel. Il a été envoyé par son vieux père pour s’enquérir des conditions d’octroi d’un pulseur. Son interlocuteur lui demande au préalable l’adresse de la ferme afin d’envoyer une équipe de prospection. “Nous devons d’abord nous enquérir de la présence effective des criquets pour signer une dotation de matériels ou intervenir directement�, explique M. Nouadfel. Selon lui, la mise en branle de la machine n’excède pas deux jours. “Notre intervention doit être rapide car le criquet n’attend pas�. À ce jour, les pèlerins malvenus ont ciblé plus de 81 000 hectares. Si cette surface est négligeable compte tenu de la superficie globale de la wilaya, plus de 2 millions d’ha, il n’en demeure pas moins que la grande mobilité des acridiens pourrait accentuer l’ampleur du phénomène. Cette éventualité fâcheuse tient de l’infestation larvaire de zones étendues de la wilaya. Les jeunes criquets iront alors où ils trouveront de la nourriture. En effet, sur les 81 000 hectares susmentionnés, 12 756 ont abrité — et continuent dans certains endroits à recéler — des pontes. Cette zone englobe les localités situées au nord-ouest de Laghouat, telles que El-Houita, Tadjrouna, Aïn Madi, El-Ghaïcha, Aïn Sidi Ali. Les essaims proviennent de la wilaya limitrophe d’El-Bayad. À l’origine, c’est le Maroc et la Maurétanie qui en sont le réservoir. Tout a commencé, il y a trois mois, lorsque les premières nuées ont fait leur apparition dans le ciel de Laghouat. Selon M. Madoui, directeur de l’agriculture et du développement rural (DCA), des mesures ont été prises dans l’immédiat pour prévenir l’invasion. Le dispositif mis en place, conformément aux orientations d’Alger représente une fine logistique : il comporte la création de deux postes de commandement de l’opération antiacridienne, l’un basé dans la commune de Laghouat et l’autre plus au Sud, dans celle de Hassi R’mel, autrement plus stratégique en raison de la présence d’un aéroport. Les deux sont reliés au PC national situé au ministère dans la capitale. Ils sont, en outre, raccordés à différentes cellules de diverses prérogatives, à savoir l’information, la communication, la prospection et le traitement, la santé, l’environnement… Environ 150 personnes sont mobilisées dans le cadre de ce plan d’urgence. On y trouve des agents de la direction de l’agriculture, des délégués communaux, des agriculteurs et des pasteurs. D’après M. Madoui, le déploiement des criquets s’est effectué en deux phases, de la mi-mars à la mi-avril et de la mi-avril à nos jours. Durant le premier raid, les localités du Sud et du Centre étaient envahies, à l’instar de Hassi R’mel et Hassi Delaâ. Les colonies se sont ensuite étendues à El-Assafia, El-Hadjeb, Benaser Benchohra… Si le DCA affirme que ces régions sont à présent assainies, sur le terrain, les équipes de traitement sont toujours confrontées à la présence de “poches de résistance�. À El- Assifia par exemple, les équipes de M. Nouadfel sont obligées de faire des rondes régulières. Dans un champ tout près, le chef du PC remarque des oiseaux. Selon lui, c’est là un signe de la présence des criquets.
Comment en venir à bout définitivement ? Sans la clémence du ciel, les hommes ne peuvent pas grand-chose. Si les températures se sont refroidies ces derniers jours et permettent une neutralisation plus aisée des essaims en situation d’agrégation — à cause du froid —, le soulèvement du vent rend dérisoire l’utilisation des insecticides. “Lorsqu’il y a beaucoup de vent, nous jetons du produit en pure perte�, constate amèrement M. Nouadfel.
Cela fait plus de dix jours qu’il est à Laghouat. Il est venu en remplacement d’un collègue épuisé par cette lutte ardue contre les criquets. Responsable du salut de toute une wilaya, ce général est à la tête d’un front, l’ultime rempart contre l’infiltration de l’ennemi dans les plaines du Nord.
S. L.
Utilisation des insecticides
“Pas de répercussions sur les cultures, le cheptel et la population�
Le directeur de l’agriculture ainsi que le chef du dispositif de la lutte antiacridienne rassurent. L’environnement n’a subi aucune altération due à l’utilisation des insecticides. De même, ils affirment que ni les habitants des zones traitées ni le cheptel n’ont été affectés. “Jusque-là , il n’y a aucun problème de santé publique�, soutient le DCA. De son côté, le chef du poste de commandement du dispositif d’intervention déclare que des soins préventifs ont été prodigués à certaines populations et au personnel manipulant des produits de traitement.
S. L.
Un ailé rose aux desseins noirs
La chasse aux œufs et aux larves constitue le souci premier des équipes d’intervention. Pour cause, les jeunes criquets contrairement à leurs parents sont plus redoutables. Ces ailés à la couleur rose sont réputés pour être très voraces. “Ils se nourrissent continuellement et en grande quantité pour atteindre leur maturité sexuelle�, explique M. Nouadfel. La priorité est donc à leur destruction au stade larvaire.
S. L.


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