Tkout sur une poudrière

la garde communale ciblée par la colère des citoyens

Dix-huit personnes ont été arrêtées dans cette localité de Batna suite à un mouvement
de protestation qui réclamait le départ de la garde communale.
Hier, la situation était toujours explosive dans la localité de Tkout dans la wilaya de Batna. Des commerçants refusent toujours d’ouvrir leur commerce.
La veille, les forces antiémeutes sont intervenues pour ouvrir à la circulation la route nationale 31 reliant Batna à Biskra, fermée par les émeutiers. Durant leur charge, les services de sécurité ont procédé à des dizaines d’interpellations. Au moment où nous mettions sous presse, 18 parmi les personnes arrêtées étaient toujours en détention. Au centre de ces graves incidents qui secouent pour la énième fois la localité de Tkout, se trouve, cette fois-ci, le détachement de la garde communale de Taghit.
Pour rappel, des émeutes ont éclaté à Tkout, durant lesquelles la caserne de la garde communale a été incendiée. Selon des témoignages locaux, tout a commencé quand un garde communal a tiré sur deux jeunes de la localité touchant mortellement l’un d’eux.
Selon la version officielle, le geste fatal du garde communal était involontaire car ayant pris ces deux cibles pour des terroristes. Une version que rejette la population locale qui, elle,
avance la thèse de l’homicide volontaire. Elle demande le départ des gardes communaux et que justice soit faite comme condition sine qua non pour cesser les émeutes.
Créés pour combler le déficit en couverture sécuritaire de territoires entiers au moment où les terroristes imposaient leur dictat dans l’arrière-pays, les détachements de la garde communale ont été épargnés, jusqu’à jeudi dernier, par les différents vents de colère des citoyens contre les symboles de l’État.
Avec des effectifs, issus des terroirs concernés, puisés essentiellement des couches démunies au point où la constitution de certains détachements a pris la forme d’une opération emploi-jeunes, ce corps de supplétifs a gagné la sympathie de pans entiers de la population, notamment du pays profond. Cela n’occulte pas le fait que depuis la création des “haras�, certains détachements ont été au centre de grands scandales.
Déjà , avec les premières redditions de 1999, une dizaine d’éléments formant le détachement, y compris leur chef, de la localité d’Aghbal dans la wilaya de Skikda, ont été accusés de connivence avec les terroristes. Ils se sont avérés être les véritables commanditaires et exécutants d’actes terroristes ayant endeuillé la région. Une année après, le mystère de la garde communale d’El-Maktaâ, dans la wilaya de Jijel, a défrayé la chronique quand les effectifs de tout un détachement ont pris la poudre d’escampette, laissant aux terroristes le cantonnement et pas moins de 21 pièces d’armes entre kalachnikovs et séminovs.
Aujourd’hui, à la lisière des discours sur la concorde nationale, et où la question de son statut, comme d’ailleurs le cas des GLD, est objet de débats, les évènements de Tkout le fragilisent. Espérons que l’histoire retiendra aussi, les hauts faits d’armes réalisés par ce corps lors des années difficiles.
M. K.