Attentat sanglant contre le président du Conseil provisoire irakien

Irak : la spirale du pire

Un nouveau pic a été atteint dans la violence en Irak, avec la mort dans un attentat suicide, hier, à Bagdad, de Abdel Zahra Osmane Mohammad, plus connu sous le nom de Ezzedine Salim.
Il apparaît clairement, au fil des jours et des événements, que le recours à la force par la coalition pour renverser le régime de Saddam Hussein, était une erreur monumentale. La situation échappe désormais à tout contrôle. Sept autres personnes ont été tuées dans l’opération à la voiture piégée qui a visé le convoi de quatre véhicules. L’explosion s’est produite vers 9h30 locale (5h30 GMT) au moment où le cortège s’apprêtait à entrer dans la zone verte, qui constitue le périmètre de sécurité où se trouvent le quartier général de la coalition et le siège du Conseil intérimaire du gouvernement irakien.
Selon les témoignages, deux voitures des quatre, composant le convoi, dont celle du président du Conseil intérimaire du gouvernement irakien, ont été atteintes. À l’hôpital Yarmouk de Bagdad, où ont été dirigés les blessés et les corps des victimes, le chef du service chirurgie, le professeur Khaled Salah, a affirmé que Ezzedine Salim était déjà mort à son arrivée dans l’établissement sanitaire. “Il était blessé à la tête, à la poitrine et aux jambes�, a déclaré le professeur, avant d’ajouter que “quatre corps totalement brûlés et difficiles à identifier ont été également transportés ici�. Il a aussi précisé que les trois gardes du corps du président sont morts avant leur arrivée à l’hôpital.
Six blessés ont été admis dans le service du professeur Khaled Salah, dont trois ont subi de graves blessures et se trouvaient toujours dans le bloc opératoire au moment où il s’adressait à la presse. Ezzedine Salim est le deuxième membre de cette instance à faire l’objet d’un attentat après Mme Akila Hachemi, tuée en septembre dernier par balle, alors qu’elle quittait son domicile. Cet assassinat intervient à quarante-trois jours de la cérémonie de transfert de la souveraineté à un gouvernement transitoire irakien.
L’attentat a été revendiqué par un groupe inconnu jusque-là , “le Mouvement de la résistance arabe�, dans un communiqué publié sur internet en début d’après-midi. “Deux héros de la résistance islamique/Brigades Al Rachid, Ali Khaled Al Joubouri et Mohammed Hassan Al Samarraï ont mené une opération qualitative et audacieuse, qui a conduit à la mort du traître et mercenaire Ezzedine Salim�, lit-on dans le texte de revendication. Un général américain en poste à Bagdad a quant à lui déclaré que l’attentat portait la “marque habituelle� du présumé dirigeant d’Al Qaïda, le Jordanien Abou Mossaab Al Zarqaoui.
La mort violente du président en exercice du conseil intérimaire du gouvernement irakien a jeté l’effroi parmi les politiques et la population en Irak. Outre les déclarations visant à apaiser les esprits des membres du CIG, il y a lieu de noter la peur perceptible dans les propos d’autres personnalités irakiennes, notamment les représentants de la société civile et les responsables des journaux. “L’attentat fait partie du cycle infernal. Il souligne les risques qui pèsent sur les dirigeants et a pour objectif de perpétuer l’état d’insécurité qui règne depuis plus d’un an�, a indiqué Abdal Djabar Tamini, le rédacteur en chef du quotidien indépendant Al Ikhaa Al Watani. L’avocat Adnane Ahmed estime quant à lui que “si l’essentiel du pouvoir reste entre les mains de la coalition, cela entraînera davantage de violence et on pourrait assister à la multiplication des attaques et des attentats�.
Quant au ministre irakien des affaires étrangères, Hoshyar Zebari, il pense qu’un “départ prématuré des forces de la coalition dirigée par les États-Unis de son pays constituerait un désastre pour l’Irak�.
K. A