Bush en perte de crédibilité dans le monde arabe

Vu de près

La perte de crédibilité des États-Unis dans le monde arabe atteint un degré alarmant et pourrait avoir des conséquences négatives durables, estiment avec inquiétude des experts américains. Le scandale de la torture sur des prisonniers irakiens a sérieusement aggravé ce phénomène qui se fondait déjà sur un ressentiment profond à l’égard de la puissance américaine et qu’alimente l’alignement aveugle de Washington sur le terrorisme d’État exercé par Sharon sur les populations palestiniennes. Pour des régimes arabes, la politique de Bush renforce considérablement l’islamisme radical, qui a rebondi depuis l’occupation irakienne. C’est une conclusion à laquelle est également parvenue le Center for Strategic and International Studies (Csis). Dans sa toute dernière étude, ce centre référence aux États-Unis blâme sévèrement l’équipe Bush pour son incapacité à réaliser l’ampleur de son discrédit en Irak mais aussi dans tout le monde musulman. Le Csis confirme que les Irakiens, toutes communautés confondues, veulent voir les forces américaines partir d’Irak “immédiatement� et que la position de Bush dans le conflit israélo-palestinien lui aliène les Irakiens et les Arabes en général, faisant ainsi perdre aux États-Unis la bataille de l’opinion dans cette partie du monde. Une étude publiée auparavant par l’institut d’études d’opinion Pew montrait déjà qu’une grande partie du monde musulman réfutaient les arguments américains pour justifier la guerre. Selon ce sondage, 46% des personnes interrogées au Pakistan, 66% au Maroc et 70% en Jordanie estiment “justifiables� les attentas suicide contre les américains et autres occidentaux présents en Irak. Une chose est certaine, les images de sévices et de torture à Abou Gharib ont confronté les dirigeants arabes dans leur refus de se plier à la “feuille de route� américaine du Grand moyen-Orient, selon laquelle l’ordre arabe devrait s’adapter aux normes démocratiques en vigueur dans le monde. Bush, empêtré jusqu’au cou en Irak et rattrapé par la torture de ses boys, n’est plus, à leurs yeux, en mesure de dicter l’application réalisation intégrale de son plan. Abou Gharib a renforcé le discrédit des promesses américaines d’œuvrer pour la démocratie et les réformes dans cette partie du monde. Les peuples arabes, même si pour beaucoup la torture est une pratique courante dans leurs propres pays, savent que ce n’est pas de Washington que soufflera le vent de leur liberté. Les régimes arabes promettent de se mettre à jour mais selon leur propre calendrier ! Le sommet de Tunis sera chaud...
D. B.