Des Irakiennes violées et humiliées en public

Nouvelles révélations dans le scandale des sévices à la prison d’Abou Gharib

Décidément, l’étendue du scandale de la torture dans les prisons irakiennes est bien plus importante que ce qui a été divulgué jusque-là par les médias.
Maintenant, c’est une ONG irakienne qui révèle ce qu’ont subi des détenues à Abou Gharib. Les agissements barbares des militaires américains dans les prisons irakiennes ont touché même les femmes, selon les dernières révélations d’une responsable de l’ONG International Occupation Watch Center, basée à Bagdad. Plusieurs Irakiennes ont raconté, à la responsable locale de cette association, Mme Imane Khamas, le calvaire qu’elles ont enduré, parfois sous les yeux de leurs époux et avec la complicité de policiers irakiens.
Une bonne partie de ces femmes a fini par se suicider par la suite, car dans l’incapacité de faire face à la société, réputée très traditionnelle et conservatrice. “Dans notre société, une femme préfère mourir pour laver son honneur que de souiller celui de sa famille et de sa tribu�, affirme Mme Khamas. Il a fallu faire preuve de beaucoup de persuasion pour parvenir à recueillir les témoignages des victimes. Parfois, elles prennent leur courage à deux mains pour raconter ce qu’elles ont subi, mais quelques-unes reviennent le lendemain pour demander que leurs témoignages soient déchirés, comme la jeune professeur d’économie à Bagdad, violée devant les prisonniers à Abou Gharib.
Un grand nombre des victimes ont été tuées par leurs familles pour laver le déshonneur. Nul n’est capable d’avancer un quelconque chiffre à ce sujet, selon la présidente de l’association, tant ce genre d’opérations est entouré d’un maximum de discrétion.
Une ex-détenue a déclaré que sa compagne de cellule “a été violée dix-sept fois dans la même journée par des policiers irakiens devant des soldats américains�. “Elle en est restée évanouie pendant quarante-huit heures�, a-t-elle ajouté. Des témoignages font état de l’assistance fournie à des anciennes détenues violées pour se suicider afin de ne pas avoir à affronter le regard de la société, à l’instar de cette jeune fille qui a raconté comment elle a aidé sa sœur, mère de quatre enfants, à mettre fin à ses jours.
Cette dernière a affirmé à sa sœur qu’elle ne pourra jamais soutenir le regard de son mari lorsqu’il sera libéré de prison, après ce que lui ont fait subir les militaires américains en sa présence. Elle a confié “avoir été conduite dans une cellule où elle a vu son mari attaché aux barreaux�, ensuite, poursuit-elle, “un soldat américain l’a tirée par les cheveux pour qu’elle regarde son mari tout en la déshabillant�. La défunte a expliqué “avoir été violée, alors que son mari ne cessait de répéter Allah Akbar (Dieu est grand)�. Son premier souci après sa libération était de trouver de l’aide pour se suicider afin de “ne pas voir le regard de son conjoint une fois qu’il sera relâché�, disait-elle à sa sœur.
Les témoignages des détenues sont confirmés par des prisonniers qui rapportent ce que ces dernières leur criaient quand les soldats américains les faisaient passer devant leurs tentes. “Trouvez un moyen pour nous tuer�, hurlaient-elles en direction de leurs compatriotes hommes. Côté coalition, on affirme ne pas être au courant.
Mieux, le général Kimmit met tout sur le dos des policiers irakiens en déclarant : “Il y a eu des informations faisant état d’abus de la police irakienne.� Une chose est sûre, aujourd’hui en Irak, les femmes font tout pour éviter les problèmes.
À en croire la docteur Anas Al-Hamdani, responsable à l’hôpital Al-Alwaya à Bagdad, “presque toutes mes collègues ont modifié leur comportement. Celles qui n’avaient jamais porté le voile le font maintenant pour éviter les problèmes. Elles ne se maquillent plus et ne portent plus de bijoux�.
K. A.