Quand les pointures font défaut

Présidence de l'Apn

La candidature du député d’El-Oued, Amar Saïdani, évoquée avec insistance, est fortement contestée par les députés.
Le bureau de l’APN, réuni hier, a décidé d’engager, dès la levée de la séance plénière devant confirmer la vacance du perchoir de l’Assemblée nationale, prévue pour aujourd’hui en début d’après-midi, des consultations avec les présidents des six groupes parlementaires sur la date et les mécanismes de l’élection d’un nouveau président de l’APN. Selon M. Benkhelef, vice-président de l’APN (élu d’El-Islah) et le président du groupe parlementaire RND, Miloud Chorfi, (reconduit, hier par ses pairs, dans ses fonctions), le remplaçant de Karim Younès sera certainement connu avant l’expiration du délai réglementaire de quinze jours à compter d’aujourd’hui, soit au milieu de la semaine prochaine. Depuis l’annonce de la démission de Karim Younès, jeudi dernier, les couloirs et les bureaux du Palais parlementaire ne vibrent plus qu’au rythme des tractations autour de cette succession. La piste de Amar Saïdani, député d’El-Oued et surtout coordinateur des comités de soutien au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est immédiatement évoquée par les élus et répercutée par quelques titres de la presse nationale dès lundi dernier. Si l’information paraissait peu crédible au départ, elle se confirme chaque jour davantage. Selon un député FLN, c’est le chef de l’État en personne qui aurait jeté son dévolu sur Saïdani. “Belkhadem ne fera que présenter ce choix, au nom du groupe parlementaire du parti�, dit-il. Notre interlocuteur fait écho, dans le même temps, d’une opposition frontale à cette éventualité au sein du groupe des députés FLN, lui préférant d’autres noms à l’instar de Ahmed Mamouni, Messaoud Chihoub, président de la commission juridique ou même Tayeb Farahi, l’actuel président par intérim de l’APN, bien que ce dernier soit natif d’une ville de l’Ouest. “La décision finale sera prise par le chef de l’État à son retour des États-Unis où il participe au Sommet du G8�, précise notre interlocuteur, rapportant que Larbi Belkheir, directeur de cabinet du président Bouteflika, aurait soutenu à des responsables du FLN que “le choix, quel qu’il soit, n’est pas encore définitif�. Ce qui justifie peut-être la démarche des députés du Front, qui tentent par tous les moyens de torpiller la candidature de Amar Saïdani.
Ce dernier ne se cantonne pas, d’ailleurs, dans une attitude passive. Il s’attelle, depuis quelques jours, à réactiver ses relais à l’intérieur et à l’extérieur de l’APN. Il se vante, à qui veut l’entendre, qu’il jouit du soutien de hauts responsables de l’État. Devant les représentants de la presse nationale, il se montre plutôt dans la peau de l’homme humble, qui ne demande rien, mais qu’on sollicite de toutes parts pour prendre en main les rênes de la prestigieuse Assemblée populaire nationale. “Personne ne m’a contacté jusqu’alors pour me proposer de me porter candidat à la présidence de l’APN�, nous a-t-il assuré, hier, au téléphone. Pourquoi parle-t-on donc tant de lui comme successeur probable de Karim Younès ? “Je suis l’un des plus anciens députés, je jouis de la faveur de tous mes collègues…�, a-t-il répondu nonchalamment. Pourtant, la réalité semble être bien différente. Les députés, de toutes les tendances politiques, appréhendent particulièrement le périclitage de l’institution, si le postulant à la qualité de troisième personnage de l’État n’est pas agréé par ses pairs tel que se présente le cas pour l’élu d’El-Oued. “L’élection de Amar Saïdani au perchoir signera l’acte de dissolution de l’APN�, nous ont déclaré plusieurs élus de la majorité parlementaire. Il est à parier que l’APN votera majoritairement pour lui, si sa candidature est réellement imposée par les centres réels de décision.
Les uns (élus FLN notamment) le feront par crainte de précipiter la dissolution de l’APN et perdre ainsi leurs acquis, les autres (le RND) par respect des règles de l’alliance présidentielle.
Les députés d’El-Islah adopteront une position dans les jours à venir tandis que le MSP se prépare à présenter son propre candidat (Bouguerra Soltani), en attendant d’être informé sur les intentions de la direction du FLN.
S. H.