Le secteur éducatif, au niveau du secondaire, a été, cette année, particulièrement paralysé par une grève de plus deux mois. L'année scolaire n'a débuté que le 7 décembre. La Coordination des lycées (CLA) et le Comité national des professeurs de l'enseignent secondaire et technique (Cnapest), syndicats autonomes, ont été les principaux animateurs du mouvement de grève. Leurs principales revendications sont l'augmentation des salaires à hauteur de 100%, le statut particulier de l'enseignant, la mise en retraite après 25 ans de service. Cela a commencé en février 2003 par la création du CLA. C'est au cours du même mois que le Cnapest a vu sa naissance, suite à une divergence d'approche structurale avec les principaux animateurs du CLA. Les militants du Cnapest étaient plus ambitieux dans la mesure où ils voulaient construire un appareil doté d'une représentativité à l'échelle nationale. Le mouvement de la grève est parti de là avec la tenue de grèves cycliques qui sont allées crescendo, avant d'être suspendues, juste après le séisme du 21 mai 2003. À cette époque, le bac a été décalé au mois de septembre pour les wilayas du Centre, principalement touchées par la catastrophe. Mais entre temps et vu les promesses données et non tenues par la tutelle, une conférence des lycées du Centre s'est tenue les 21 et 22 juin 2003 au siège du CNES, à Alger, à l'issue de laquelle il été décidé de perturber le correction du bac du mois de septembre de la même année. Ce qui a valu l'arrestation de 22 professeurs lors d'un sit-in tenu au niveau du centre de correction de Hassiba-Ben-Bouali, à Kouba. Parmi les professeurs interpellés, le secrétaire général du Syndicat, Redouane Osmane ; la goûte qui a fait débordé le vase et poussé la CLA à se radicaliser avec l'arrestation de 15 professeurs lors d'un autre sit-in revendicatif au niveau du lycée El-Idrissi. À partir de cette date, les deux mouvements ont déclenché des grèves dites cycliques d'une semaine qui ont été successivement renouvelées pendent deux mois sur la base des quatre principales revendications. Par ailleurs, le Cnapest s'est vu refuser l'octroi de l'agrément par le ministère du Travail, alors que ses animateurs clament que leur syndicat était conforme à toutes les lois régissant le droit syndical. “C'est une violation des libertés syndicales et de la Constitution”, dénonçait à l'époque Méziane Mériane, coordinateur national du mouvement. Pour sa part, le pouvoir et la tutelle, qui ne se doutaient pas au début de la capacité de mobilisation et de la détermination de ces deux mouvements à aller au bout de leurs revendications, avaient pris les choses à la légère en jouant la carte des intimidations de la division et des menaces. Arrestations, interdictions d'accès aux établissements, poursuites judiciaires, gel et ponctions sur salaire ont été les seules réponses concrètes apportées aux grévistes. Ayant constaté que ces méthodes n'ont pas permis d'infléchir un mouvement bien soudé autour de revendications légitimes et avec qui même les parents et les élèves étaient pour la majorité solidaire, le pouvoir a concédé une augmenter de 5 000 Da net. Cette augmentation n'a pas satisfait les enseignants qui revendiquaient une augmentation de 100%. Le mouvement de grève a continué et le Chef du gouvernement a élevé d'un ton les menaces en donnant un ultimatum pour le 29 novembre dernier pour que les professeurs rejoignent leurs classes faute de quoi, ils seront radiés et remplacés par de nouvelles recrues. Comment remplacer 50 000 enseignants expérimentés ? Etait la question qui revenait. Les élèves et leurs parents ont rejeté cette option en arguant qu'il n'était pas question de livrer la formation de leurs enfants à des débutants. La reprise des cours s'est faite à partir du 7 et 8 décembre dernier à l'appel des deux syndicats. “Cela s'est fait pour les élèves et les parents. Nous l'avons fait pour éviter le pourrissement du système éducatif et l'année blanche.” “Les menaces avec ultimatum sont ridicules et nous le savions, car le pouvoir n'a pas les moyens de sa politique. Il ne faut pas oublier que nous sommes plus de 50 000 enseignants”, fait remarquer Belik Mahd, membre du bureau national du CLA. M. B.