La conférence sur le développement économique et social, organisée par le ministère de l'Industrie et des Mines du 4 au 6 novembre, augure-t-elle d'une réorientation réelle de la politique économique menée par les pouvoirs publics en faveur de l'investissement productif ? Ces mêmes pouvoirs publics, mis "dos au mur", face à la chute continue des cours du pétrole, n'ont d'autre choix que d'opter résolument pour une croissance économique hors hydrocarbures. C'est en tout cas ce qui semble ressortir du communiqué des organisateurs de cette rencontre, des déclarations du Premier ministre, du ministre de l'Industrie, ainsi que des différentes recommandations qui ont sanctionné les travaux. "Le défi de l'économie nationale algérienne dans les prochaines années réside fondamentalement dans la réduction, de façon significative, de notre forte dépendance envers les hydrocarbures. La relance de l'outil national de production passe par l'encouragement de l'investissement productif et l'amélioration de l'environnement de l'entreprise." Pour le Premier ministre, "les pouvoirs publics sont déterminés à mener à terme le processus de mue et de diversification de l'économie nationale". Lors de son intervention en séance inaugurale de la rencontre, Sellal a estimé que "l'industrie est au cœur du processus de relance de l'économie algérienne". L'objectif est d'atteindre, à l'horizon 2019, "un taux de croissance de 7%". Il faut noter que dans ses propos le Premier ministre a affirmé, comme il l'a déjà fait lors de la dernière tripartite, que "l'entreprise nationale, sans distinction aucune, est au cœur de sa démarche visant l'amélioration du climat des affaires, l'entrepreneuriat, le partenariat et la promotion de l'investissement créateur de richesses et d'emplois". Comme il affirmera avec sentence : "On n'est prisonnier d'aucune théorie économique, le temps est venu de changer l'économie nationale et de se libérer de la dépendance des hydrocarbures... Le gouvernement ne reculera pas et ce quel qu'en soit le prix." Mais quelle que soit sa bonne volonté, peut-il ignorer les connections des milieux d'affaires et des lobbys de l'import-import avec certains secteurs influents du pouvoir politique, dont les intérêts convergent avec ceux des forces de la spéculation ? Quant à M. Bouchouareb, avec un enthousiasme débordant, il affirme : "Nous voulons opérer un renversement de perspective stratégique avec deux dimensions complémentaires et convergentes : l'entreprise est au cœur de notre démarche, d'une part, et d'autre part le savoir en sera le moteur." Cette volonté sera-t- elle suivie d'effets ? L'avenir nous le dira. Mais soyons optimistes. L'allégement qui sera apporté au nouveau code des investissements, en l'expurgeant notamment de la règle des 51/49%, l'adoption d'un plan d'urgence pour relancer les activités industrielles fortement créatrices de valeurs ajoutées, la création de nouveaux instruments d'accompagnement et de facilitation des procédures liées à l'acte d'investir, la réhabilitation de l'entreprise privée, l'accent mis sur le développement des techniques de management et de formation des ressources humaines ; autant de recommandations à saluer. Il faut cependant ne pas perdre de vue que ces consensus ont déjà été adoptés par les différentes tripartites. Par ailleurs, les assises de la société civile, organisées par le Conseil national et économique l'an dernier, ont abouti aux mêmes conclusions. In fine, cette conférence exprime-t-elle une vraie volonté politique d'aller vers un nouveau paradigme économique, ou a-t-elle été organisée pour occuper le vide politique ambiant, pour gagner encore du temps, alors que le pays est déjà entré dans la zone rouge, comme l'ont prédit de nombreux experts ? A. H.