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Tunisie : la deuxième république à l'épreuve des urnes
Deuxième tour de l'élection présidentielle
Publié dans Liberté le 20 - 12 - 2014

Les Tunisiens sont de nouveau appelés demain à élire leur président de la République. Ils devront choisir entre l'actuel président, Moncef Marzouki, et l'ancien ministre des Affaires étrangères, de l'Intérieur puis de la Défense sous l'ère de Bourguiba, l'octogénaire Béji Caïd Essebssi (BCE).
Si les Tunisiens sont partagés sur le choix de leur candidat, il reste que la tendance générale, de l'avis de quelques électeurs et de spécialistes locaux, est favorable au leader de Nida Tounes, Béji Caïd Essebssi. À la célèbre avenue Habib-Bourguiba, en plein cœur de Tunis où il devrait animer le dernier meeting de sa campagne électorale aujourd'hui en début de soirée, Béji Caïd Essebssi peut compter sur les jeunes de son parti. Sous un chapiteau dressé pour l'occasion, aux sons de chants patriotiques diffusés à plein décibels, avec des photos du candidat trônant à côté de celle du père de la révolution tunisienne, Habib Bouguiba, une ribambelle de jeunes s'emploie à distribuer le programme de leur candidat fétiche. "On s'attend à plusieurs centaines de personnes", s'enthousiasme un jeune militant qui s'égosille à appeler sur cette avenue fermée aux automobilistes pour l'occasion, sous une impressionnante présence policière, à voter pour "al-Bajbouj", nom affectueux donné à BCE.
Assuré du soutien notamment de l'Union patriotique libre (UPL avec 16 députés) du milliardaire Slim Riahi, arrivé troisième lors des dernières élections d'Afak Tounes, la moubadara, le salut national, du mouvement destourien, du mouvement des sociaux-démocrates et l'Association nationale de la pensée bourguibienne, entre autres, Béji Caïd Essebssi, dont le parti est un conglomérat d'indépendants, de partis de gauche, de la bourgeoisie, des destouriens et d'anciens cadres sous le régime de Ben Ali, a su renforcer sa popularité, après s'être opposé au gouvernement d'Ennahdha, de l'islamiste Rached Ghannouchi, en surfant sur la question sécuritaire, la nécessité de réhabilitation du prestige de l'Etat et sur le bilan controversé de Moncef Marzouki, accusé de "laxisme" vis-à-vis des extrémistes religieux, de s'être attaqué aux hommes politiques tunisiens depuis une chaîne étrangère, d'avoir divisé la société tunisienne et d'être en "bisbille" avec le Qatar.
Dans son programme, BCE évoque "l'adoption des principes de la révolution", "protéger le prestige de l'Etat et sa souveraineté", "réaliser la sécurité", "renforcer l'unité nationale", "relancer l'économie", "lutter contre les disparités", "défense des droits des jeunes et de la femme", "protéger les libertés" et préparer "les conditions pour passer le flambeau aux jeunes". "Marzouki a un bilan qui parle. Il a fait des erreurs dans la politique étrangère. Ces trois dernières années, le pays a sombré. Il a opéré des changements au sein de l'armée et il n'a pas pris de position sur certaines questions dans lesquelles les islamistes sont cités. Il a divisé les Tunisiens", accuse Aïda Klibi, attachée de presse de BCE. Selon elle, ce qui fait la force de Nida Tounes, c'est "qu'il ne repose pas sur une idéologie, mais tient aux acquis de modernité de la Tunisie pour un Etat souverain et pour les objectifs de la révolution". "BCE a construit sa force grâce aux points faibles de la troïka (les trois partis ayant gagné les premières élections législatives, Ennahda, le Congrès pour la République de Moncef Marzouki et le parti de Samir Bendjaâfar, ex-président de l'Assemblée constituante). Il a réuni autour de lui des personnalités de divers courants. Nida Tounes dispose de beaucoup de moyens, d'expérience et de relations solides avec l'extérieur", explique Fayçal Laouini, journaliste à Echourouk, parmi les journaux les plus populaires de Tunisie.
Même le parti Ennahdha, qu'on soupçonne d'avoir soutenu au premier tour Marzouki, semble avoir changé de fusil d'épaule même si son leader réitère sa neutralité par rapport au scrutin. Dans sa dernière sortie médiatique, le leader d'Ennahdha, dans un exercice de funambule politique, a soutenu "qu'il n'y a pas lieu de diviser le peuple entre l'ancien régime et le nouveau", "de ne pas douter de l'instance chargée des élections et des résultats du scrutin", "qu'il n'y a pas lieu d'avoir peur d'un retour de l'autoritarisme" et le travail "sera facilité entre un président et un gouvernement qui disposent de la majorité au Parlement". Du coup, si le clan de Marzouki l'interprète comme une position de neutralité, chez les partisans de BCE dont le parti est majoritaire au Parlement suivi d'Ennahdha, il s'agit d'un soutien à leur candidat. "Il y a des fuites dans les sondages donnant BCE en avance. À mon avis, Marzouki n'était pas président de tous les Tunisiens. On l'accuse de prôner un projet inspiré par les Qataris", estime Faïçal Laouini.
Mais dans le clan de Marzouki, on n'a pas encore désarmé. Face au bistrot "Les deux avenues", ses partisans, eux aussi, tentent de sensibiliser les électeurs et mettent en garde contre le retour de l'ancien régime incarné par BCE. "Victoire pour la Tunisie des libertés et de la sécurité", proclame une banderole accrochée sur un chapiteau, dressé à l'avenue Bourguiba, à un jet de pierre de celui des partisans de BCE. "Le passé de Marzouki parle pour lui. C'est un militant des droits de l'Homme et partisan d'un pluralisme tolérant", soutient Sami, un jeune militant. S'il reconnaît que la "situation économique est difficile", Marzouki défend son bilan et entend, s'il venait à être élu, "protéger l'unité nationale", "la sécurité", "adopter une politique étrangère au service du développement et la stabilité, "développer les régions les plus pauvres", "protéger les droits et les libertés et le mode de vie pluraliste et tolérant".
Enjeux et désillusion
Mais au-delà du candidat qui sera élu à l'issue du scrutin, l'enjeu de l'élection présidentielle est lié essentiellement à la nature du futur gouvernement et des alliances qui pourraient être tissées. Institué à la faveur de l'adoption de la nouvelle Constitution, le régime tunisien est semi-parlementaire.
Dès lors, le président n'a que des prérogatives limitées. Dans son article 77, la Constitution stipule que "le président de la République est chargé de représenter l'Etat. Il est compétent pour définir les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations étrangères et de la sécurité nationale relative à la protection de l'Etat et du territoire national des menaces intérieures et extérieures, et ce, après consultation du chef du gouvernement". "Je pense que l'enjeu principal du 2e tour, c'est d'avoir, en fonction des résultats, des précisions sur les alliances potentielles qui formeront la prochaine majorité, même si l'entre-deux tours a permis d'avoir quelques signaux dans ce sens. Par exemple, Nida Tounes, Ennahda et UPL ont fait preuve d'une entente cordiale lors du vote des postes de président du Parlement et de ses deux vice-présidents. Après concertation entre les blocs parlementaires respectifs de ces partis, Nida Tounes a eu la présidence du Parlement, Ennahdha, la première vice-présidence et l'UPL, la deuxième vice-présidence. Ils ont, de fait, respecté le poids de chacun en fonction des résultats des législatives. Pour le gouvernement, on ne sait pas encore quelle forme aura-t-il : gouvernement d'union nationale avec une participation large de tous les partis dont Ennahdha, gouvernement majoritaire avec la participation de Nida Tounes, Afak Tounes, UPL; etc. On le saura après les présidentielles", explique à Liberté le spécialiste des questions politiques, Selim Kharrat. "Si BCE gagne, son parti Nida Tounes aura donc la présidence du Parlement et la présidence de la République (et peut être la présidence du gouvernement). Cela donnerait une nouvelle configuration des forces politiques qui marquera tout le prochain mandat", dit-il.
Seule zone d'ombre de cette élection loin de passionner les foules, le risque de la désaffection des électeurs notamment parmi les jeunes gagnés par la désillusion et où le chômage touche autour de 35% parmi la frange des 15-29 ans. "Entre les législatives et le premier tour, il y a un recul. Si on a gagné sur le plan des libertés, socialement et économiquement, la situation est difficile, ce qui explique la désaffection des jeunes", explique Fayçal Louini. "Personnellement, je pense que la participation sera plus faible qu'au premier tour probablement dû à un effet d'usure (les Tunisiens sont appelés à voter pour la troisième fois en trois mois), mais aussi parce que une large frange de l'électorat peut ne pas se reconnaître dans les deux candidats finalistes, notamment les jeunes", observe de son côté Selim Kharrat.
K. K.


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