Lahsene Bahbouh, militant infatigable de l'amazighité, un des détenus de l'affaire dite des poseurs de bombes de 1976, est décédé avant-hier, à Alger, à l'âge de 69 ans. Il a été inhumé, hier, au cimetière d'Ouled Fayet. Ses amis, ses codétenus, ainsi que plusieurs autres militants étaient au rendez-vous pour rendre un ultime hommage au défunt. Fils de chahid, il s'installe à Alger avec ses frères et sœurs en 1957. Dans les années 1960, il entre en contact avec l'Académie berbère fondée par Mohand-Aarab Bessaoud. Il crée, avec un groupe de militants, l'association Afus deg ufus (main dans la main) et milite aussi au sein de l'Organisation des forces berbères. En janvier 1976, il est arrêté dans l'affaire des poseurs de bombes avec Mohand Haroun, Hocine Cheradi, Ahcène et Ali Chérifi, Smaïl Medjber, Ramdane Metref, Kaci Lounes... Il sera condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour atteinte à la sûreté de l'Etat. Il sera gracié au bout de 8 années de prison qu'il passera dans les geôles de Lambèse. Ses amis, condamnés dans la même affaire, témoignent que le défunt Bahbouh était "un homme courageux". Ahcène Chérifi et Hocine Chéradi racontent que lors des séances de torture qu'ils ont subies, "il ne cessait de défendre la liberté et tamazight". "C'est un homme courageux, très engagé et sincère", témoignent-ils. Pour Bouaziz Aït Chebib, président du MAK, qui a tenu à rendre hommage au défunt au nom de Ferhat Mehenni, a estimé que Lahsene Bahbouh "est une référence pour la jeunesse kabyle". "Je dois dire qu'il a été une source d'inspiration, de courage et de dignité pour moi", a-t-il ajouté. Hacène Mezoued, membre du conseil national du RCD, a estimé, quant à lui, que "c'est une grande perte pour le combat, pour la démocratie". "C'est un homme qui a vécu dans la discrétion, mais qui n'a jamais eu peur de dire la vérité. Il était franc et sincère", a encore ajouté M. Mezoued. Mourad Belouachrani, Saïd Laïmechi, Metref Ramdane et Ouazib Mohand Ameziane, amis du défunt, ont aussi témoigné sur la sincérité de l'homme et son engagement. Hamid Billek, Djaffer Ouchelouche, Hamza Ould Mohand, ainsi que d'autres cadres du HCA ont tenu à rendre un dernier hommage au défunt. "Il était très malade. Sans doute une des séquelles de la prison", selon ses proches. M. M.