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Enjeux économiques et géostratégiques
Construction du grand Maghreb
Publié dans Liberté le 01 - 03 - 2015

Le Maghreb correspond à l'ouest de l'Afrique du Nord, délimité au nord par la mer Méditerranée et au sud par le Sahara. Sa superficie totale est de 5,8 millions km2, représentant 4,3% de la superficie mondiale et dépassant de près de 80% la superficie de l'Union européenne. Durant les cinquante dernières années, la population des pays du Maghreb a augmenté en moyenne de 3,2% par an, passant de moins de 30 millions en 1960 à 60 millions en 1989, et environ 90 millions en 2010. Les prévisions des Nations unies l'estiment à 150 millions d'habitants à l'horizon 2050. Le 17 février 2014, l'Union du Maghreb arabe (UMA) a fêté son 25e anniversaire. Elle a été fondée le 17 février 1989 à Marrakech, et bien que les responsables des cinq pays membres (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) continuent de se rencontrer périodiquement, elle ne cesse, depuis lors, de faire du surplace, loin des aspirations des peuples et des potentialités, marginalisant de plus en plus la région au sein de l'économie mondiale. Les peuples paient l'incapacité des élites à concevoir un projet commun.
Alors que le monde connaît des bouleversements sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945), le Maghreb reste aux abonnés absents. Environ 60% des échanges des pays maghrébins se font avec l'Europe. L'Algérie abrite 38,7 millions d'habitants pour un produit intérieur brut (PIB), en 2013, de 215 milliards de dollars à prix courants. Selon l'OCDE, la dette extérieure de l'Algérie s'élèverait à environ 2,4% de son PIB (contre une moyenne de 23% pour la région MENA) et la dette publique algérienne est de moins de 9% du PIB. Le Maroc a une population de 32,9 millions d'habitants pour un PIB à prix courants de 105 milliards de dollars. La dette extérieure publique du Maroc se situe, en 2013, à 26,5% du PIB contre 25,7% en 2012, selon la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE), qui relève du ministère de l'Economie et des Finances. La Tunisie a une population de 10,8 millions d'habitants pour un PIB à prix courants de 49,78 milliards de dollars. Si l'on inclut les services, la dette extérieure représente en 2013 environ 52,26% du produit intérieur brut. La Mauritanie a 3,72 millions d'habitants pour un PIB de 4,18 milliards de dollars. Si l'on inclut les services, la dette représente en 2013 environ 87,7% du PIB. La Libye a environ 6,2 millions d'habitants pour un PIB – il existe des données contradictoires – de 59 milliards de dollars en 2012, 70 milliards en 2013, selon le Trésor français pour des importations de 27 milliards de dollars en 2013. Entre 2010 et 2012, la dette extérieure était presque nulle, la Libye avant les événements ayant investi plus dans diverses activités à travers son fonds souverain, certains avancent que plus de 60 milliards de dollars ont été perdus pour l'Etat libyen du fait de comptes personnalisés. Le PIB maghrébin total à prix courants était de 444 milliards de dollars en 2013 pour une population approchant les 93 millions d'habitants. Le PIB mondial est estimé à 73 800 milliards de dollars en 2013. Cela représente 0,60% du PIB mondial, en régression en référence aux années 1980. Le PIB des Etats-Unis (320 millions d'habitants) est 16 724 milliards de dollars, alors que celui de l'Union européenne est de plus de 17 000 milliards pour 500 millions d'habitants ; le Maghreb, par rapport à ces deux espaces, représentait respectivement en 2013 un pourcentage de 2,65% et 2,60%. Le Maghreb représente 16,20% du PIB de la France (2 739 milliards de dollars) qui a une population de 65 millions d'habitants, 11,84% du PIB allemand (3 593 milliards de dollars) pour une population de 80 millions d'habitants, 8,9% du PIB du Japon (5 007 milliards de dollars) pour une population de 128 millions d'habitants, et 35% du PIB de la Corée du Sud (1 198 milliards de dollars) pour une population de 49 millions d'habitants (presque la moitié du Maghreb). Un petit pays comme la Belgique a un PIB de 370 milliards de dollars pour une population de 11,11 millions d'habitants, tandis que la Grèce qui compte 11 millions d'habitants (10% de la population maghrébine) a un PIB de 241 milliards de dollars, en 2013, malgré la crise.
Mais les économies maghrébines sont dominées par la sphère informelle qui dépasse 50% de la superficie économique. Selon un document du ministère du Commerce algérien en date de février 2013, il existerait 12 000 sociétés-écrans avec une transaction qui avoisinerait 51 milliards d'euros, soit 66 milliards de dollars, plus de quatre fois le chiffre d'affaires de toutes les grandes entreprises privées algériennes.
En Tunisie, le secteur informel était estimé, en 2010, à environ 38% du PIB et 53,5% de la main-d'œuvre. Hernando De Soto note pour ce pays, qu'en 2012, 524 000 entreprises sur un total de 616 000 sont extralégales (85%), avec des actifs équivalant à un montant de 22 milliards de dollars. Pour la Mauritanie, pour 2012, concernant la sphère informelle, elle représenterait plus de 60% de la population active dans les centres urbains et plus de 70% en zone rurale avec la prédominance des emplois de fonctionnaires au niveau de la capitale.
Privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), le Maghreb se doit d'agir en fonction d'un certain nombre de principes et à partir d'une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région que ce soit dans le cadre d'une coopération avec l'Otan, en fait avec les USA, ou avec les structures de défense que l'Union européenne entend mettre en place, également avec la Russie et la Chine pour ne citer que les principaux acteurs mondiaux. Les derniers évènements au Sahel, faute d'une coordination, montrent son incapacité à agir sur des évènements majeurs.
La fin de la guerre froide marquée par l'effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représente un tournant capital dans l'histoire contemporaine. Le premier évènement marque la fin d'un monde né un demi-siècle plutôt et la dislocation d'une architecture internationale qui s'est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd'hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l'environnement.
Ils sont d'ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s'autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour le Maghreb ?
Les menaces qui pèsent sur les peuples et leur Etat et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener les pays du Maghreb à se doter d'une politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre. Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité de manière juste et durable. C'est sur cette base, me semble-t-il, que les pays du Maghreb doivent s'engager dans le dialogue méditerranéen de l'Otan et dans d'autres initiatives régionales ou sous-régionales, notamment européennes. Car face à l'Otan, existe une volonté politique de l'Union européenne d'avoir une stratégie de défense et de sécurité qui concerne le Maghreb. Sur le plan militaire et géostratégique, c'est à travers les activités du groupe dit des "5+5" que peut être appréciée aujourd'hui la réalité d'une telle évolution.
D'une manière générale et au vu de ce qui se passe au Sahel, il y a urgence pour le Maghreb, par rapport aux nouvelles réalités mondiales, une stratégie d'adaptation. Pour ma part, lors d'un déplacement aux USA à l'occasion d'une rencontre avec un grand responsable au département du Trésor US à Washington, j'avais émis cette hypothèse naïvement que le Maghreb devait tirer profit des divergences entre la France et les Etats-Unis d'Amérique. Il m'avait répondu clairement : "Il n'y a parfois que des divergences tactiques de court terme mais aucune divergence stratégique entre les Etats-Unis d'Amérique et la France, et plus globalement avec l'Europe." J'en ai tiré la leçon afin de comprendre les enjeux géostratégiques et j'ai été étonné que certains veuillent encore opposer les USA à la France sur le dossier du Sahel et notamment du Mali se croyant encore aux années 1960/1970 de la confrontation des blocs. Cela aurait été une erreur de croire qu'au Conseil de sécurité, il y aurait une opposition de la Russie et de la Chine qui ont avalisé d'ailleurs l'intervention militaire française, n'ayant pas d'intérêts stratégiques dans la région, et également pour des raisons internes ne voulant pas être confrontées à des mouvement extrémistes islamistes en Tchétchénie en Russie et des centaines de milliers de musulmans en Chine.
Il est entendu qu'à la fin de toute guerre, ce sera la diplomatie qui prendra la relève. D'autant plus que ce qui se passe au Sahel, aux portes du Maghreb, peut avoir des répercussions sur toute la région Europe-Afrique via le Maghreb, sans compter que bon nombre de familles, notamment touareg du Sud ont des liens étroits, souvent familiaux, avec les familles au niveau du Sahel et notamment au Mali. La situation actuelle au Sahel pose la problématique de la sécurité de l'urgence de l'intégration du Maghreb, la non-intégration faisant perdre plusieurs points de croissance, condition de lutte contre le chômage, le terrorisme se nourrissant de la misère en se livrant au trafic de tous genres, rançons, drogue, armes, etc.
En conclusion, il y a urgence de l'instauration d'un Etat de droit tenant compte de son anthropologie culturelle pour l'ensemble des pays du Maghreb, supposant le développement des libertés politiques, sociales et économiques dont la participation de la femme à la gestion de la cité, signe de la vitalité de toute société. Devant laisser de côté les problèmes politiques pour l'instant, l'on peut faire avancer cette intégration par des synergies cultuelles et économiques comme cela s'est passé entre l'Allemagne et la France grâce au programme Schuman du charbon et de l'acier. Par exemple, et les exemples sont nombreux, entre tous les pays du Maghreb, la combinaison du gaz algérien et du phosphate marocain au moyen de co-partenariats internationaux bien ciblés permettrait de créer une entreprise d'envergure mondiale d'engrais. À l'avenir, il y a lieu de penser à dynamiser la Banque maghrébine d'investissement, la création d'une monnaie maghrébine conditionnée par la résolution de la distorsion des taux de change et la création d'une banque centrale maghrébine et également penser à la création d'une bourse maghrébine qui devrait s'insérer à l'horizon 2020 au sein du projet de création de la Bourse euro-méditerranéenne. Le Maghreb contribuera ainsi à la valeur ajoutée mondiale, devant éviter tant cette concentration injuste du revenu mondial (l'Europe et les Etats-Unis, pour moins d'un milliard d'habitants sur les sept qui peuplent la planète, concentrent plus de 40% de la richesse mondiale) que le chauvinisme étroit qui sous-tend la protection d'intérêts rentiers occultes. La stabilité de l'ensemble de la région, notamment au Sahel, suppose une entente régionale et une coopération active avec l'ensemble de la communauté internationale, car le terrorisme est une menace planétaire. L'objectif stratégique pour les Maghrébins est de rassembler et non de diviser, de réaliser ce vieux rêve d'intégration du Maghreb, afin d'éviter la marginalisation de cet espace stratégique au sein de l'économie mondiale. Certes, c'est encore un rêve, mais il est possible de le réaliser, tous ensemble, en dépassant les divergences conjoncturelles. Les défis sont nombreux et les obstacles ne sont pas à négliger mais la société civile, les entrepreneurs ont un rôle stratégique à jouer pour dépassionner les relations. L'irrationnel, l'archaïsme, la défense des privilèges, la non-prise en compte des aspirations populaires sont les ingrédients d'un immobilisme anachronique à contre-courant de l'Histoire. La mondialisation nous réserve de mauvaises surprises. Grâce à ses importantes potentialités, elle peut devenir un pont entre l'Europe et l'Afrique, et dynamiser les segments productifs complémentaires. L'Afrique, qui devrait dynamiser l'économie mondiale à l'horizon 2030, est un enjeu majeur au XXIe siècle, préfigurant d'importantes reconfigurations géostratégiques, avec le défi écologique et la transition énergétique. L'avenir du Maghreb est en termes d'avantages comparatifs en Afrique. La diplomatie économique (sous-segment de la théorie de l'intelligence économique) doit investir dans cet espace, le Maghreb ayant toutes les potentialités pour devenir un espace pivot dynamisant et de stabilité pour la région.
A. M.


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